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Recherche de micropolluants en sortie de STEP

31 octobre 2018

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Pourquoi faire financer une étude par les collectivités territoriales qui, en plus de grever leurs finances, ne résout en rien la problématique de la production en amont des STEP de ces micropolluants, s’interroge une parlementaire. Réponse ministérielle dont le sabir bureaucratique ne dissimule pas les ambiguîtés.



 La question écrite n° 06426 de Mme Nathalie Delattre (Gironde - RDSE), publiée dans le JO Sénat du 02/08/2018 - page 3965 :

« Mme Nathalie Delattre attire l’attention de M. le ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire sur la note technique du 12 août 2016 relative à la recherche de micropolluants dans les eaux brutes et dans les eaux usées traitées de stations de traitement des eaux usées (STEU) et à leur réduction. 


Cette note définit notamment les modalités de recherche des sources d’émission de ces micropolluants en amont des STEU et d’engagement des collectivités dans une démarche de réduction de ces émissions. 



Elle souligne le fait que le diagnostic qui doit être établi vers l’amont est guidé par un arrêté préfectoral dont les modalités sont largement dictées par la note technique.

Ce diagnostic repose essentiellement sur les collectivités territoriales, à travers leur budget dédié à l’assainissement. 



Ce diagnostic a vocation à « identifier les sources potentielles de micropolluants déversés dans le réseau de collecte ; à proposer des actions de prévention ou de réduction à mettre en place pour réduire les micropolluants arrivant à la station ou aux déversoirs d’orage. »

Ces propositions d’actions doivent être argumentées et certaines doivent pouvoir être mises en œuvre l’année suivant la fin de la réalisation du diagnostic.

Ces propositions d’actions sont accompagnées d’un calendrier prévisionnel de mise en œuvre et des indicateurs de réalisation. 



Il s’agit donc bien ici de faire financer une étude par les collectivités territoriales qui, en plus de grever leurs finances, ne résout en rien la problématique de la production en amont de ces micropolluants. 



Aussi, dans un contexte de financement de plus en plus réduit des agences de l’eau, elle lui demande s’il compte revoir les modalités de cette note et de quelle manière il compte s’attaquer à la problématique des micropolluants. »


 La réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire, publiée dans le JO Sénat du 04/10/2018 - page 5050 :

« Afin de lutter durablement contre la pollution des ressources en eau, le ministère de la transition écologique et solidaire, accompagné des ministères en charge de la santé et de l’agriculture, ont décidé de développer un « plan micropolluants 2016-2021 » dont les actions privilégient la réduction des émissions à la source.

Le plan micropolluants 2016-2021 comporte 39 actions articulées autour de trois objectifs principaux : la réduction dès maintenant des émissions de micropolluants, la consolidation des connaissances et la priorisation des listes de polluants sur lesquels agir.

L’action de recherche et de réduction de substances dangereuses (RSDE) dans les systèmes d’assainissement, dont l’application a été précisée par la note technique du 12 août 2016, fait partie de ces actions.

Ainsi, au titre de l’action RSDE, il est prévu que les communes ou l’établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre (EPCI-FP) compétents en matière d’assainissement réalisent un diagnostic pour identifier les sources potentielles de micropolluants déversées dans leurs réseaux de collecte et proposent des actions de prévention ou de réduction à mettre en place pour réduire ces émissions.

Les communes ou EPCI-FP compétents sont en effet les mieux placés pour réaliser ce type d’action puisqu’ils sont responsables du contrôle des raccordements domestiques et non domestiques à leurs réseaux de collecte.

D’ailleurs le déversement d’eaux usées autres que domestiques dans le réseau public de collecte doit être préalablement autorisé par le maire, ou le président de l’EPCI-FP ou du syndicat maître d’ouvrage des réseaux de collecte, si la compétence a été transférée (article L. 1331-10 du code de la santé publique).

En cas de pollution du milieu récepteur par le système d’assainissement, l’article 13 de l’arrêté du 21 juillet 2015 relatif aux prescriptions techniques, aux modalités de surveillance et au contrôle des installations d’assainissement collectif indique également que « le maître d’ouvrage du système de collecte doit procéder immédiatement à des investigations sur le réseau de collecte et, en particulier, sur les principaux déversements d’eaux usées non domestiques dans ce système, en vue de déterminer l’origine de ces émissions.

Dès l’identification de cette origine, l’autorité qui délivre les autorisations de déversement d’eaux usées non domestiques, en application des dispositions de l’article L. 1331-10 du code de la santé publique, prend les mesures nécessaires pour faire cesser la pollution, sans préjudice des sanctions qui peuvent être prononcées en application des articles L. 171-6 à L. 171-12 et L. 216-6 du code de l’environnement et de l’article L. 1337-2 du code de la santé publique ».

L’article 13 de l’arrêté du 21 juillet 2015 prévoit en outre que l’autorisation de déversement d’effluents non domestiques dans le réseau, prévue à l’article L. 1331-10 du code de la santé publique, définisse les paramètres à mesurer ainsi que la fréquence des mesures.

Dans de nombreuses agglomérations d’assainissement, les maîtres d’ouvrages ne disposent pas des autorisations de raccordements d’eaux usées non domestiques.

C’est tout l’intérêt du diagnostic, prévu au titre de l’action RSDE, qui doit ainsi permettre d’identifier tous les raccordements au réseau, de connaître la nature et les quantités des différentes substances déversées dans le réseau de collecte, de vérifier que ces déversements n’occasionnent pas de déclassement du cours d’eau récepteur des rejets de la station de traitement des eaux usées par rapport aux normes de qualité environnementales (NQE) prévues par l’arrêté du 27 juillet 2015 modifiant l’arrêté du 25 janvier 2010 relatif aux méthodes et critères d’évaluation de l’état écologique, de l’état chimique et du potentiel écologique des eaux de surface et qui lui sont applicables, et, dans le cas inverse, de prendre toutes mesures appropriées.

La prévention à la source peut également s’appliquer aux émissions d’origines domestiques, même si elle est par nature plus difficile à mettre en œuvre (pas de convention de raccordement, pas de surveillance des rejets).

Néanmoins, des actions de prévention peuvent être mises en place grâce à la sensibilisation du grand public aux micropolluants (usages de médicaments, de cosmétiques).

Le ministère a lancé en 2014 avec les agences de l’eau et l’agence française pour la biodiversité (AFB) un appel à projets national intitulé « Innovation et changements de pratiques : micropolluants des eaux urbaines ».

Les résultats de cet appel à projets seront présentés lors des journées « Micropolluants et Innovation » des 3 et 4 octobre 2018 organisées par l’Eurométropole de Strasbourg.

S’agissant du financement des diagnostics prévus au titre de l’action RSDE, les agences de l’eau peuvent aider les communes ou EPCI-FP compétents via des subventions ou des appels à projets.

Le ministère de la transition écologique et solidaire n’est donc pas favorable à une révision des modalités de mise en œuvre de la note technique du 12 août 2016. »

Marc Laimé - eauxglacees.com