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Nicolas Hulot (ré)invente l’écologie de marché

4 avril 2018

par Marc Laimé - eauxglacees.com

En installant le 30 mars dernier le "Comité de l’accélérateur de la transition écologique", l’avionneur d’Ushuaïa jette définitivement le masque et revient à ses premiers amours. L’écologie étant une chose trop sérieuse pour la laisser aux écologistes, on va la confier aux industriels…



L’annonce étant intervenue le 30 mars, nous avons immédiatement pensé, tant c’était énorme, à un poisson d’avril. Sauf que ce n’est pas le genre de beauté du triste sire qui hante les couloirs de l’hôtel de Roquelaure.

Non, tout est vrai. Nos pires cauchemars en version XXXL !

En écho :

 L’innombrable cohorte des Lapins crétins lambdas : "Il faut aider Nicolaaaaaas..."

 Nos amis écolos vintage : "Tu exagères, ce n’est pas si simple"...

 La nouvelle classe des arrivistes post-Grenelle estampillés par la bande à climat et biodiv : "Cassez-vous bande de vieux cons, vous nous avez assez fait ch.., z’allez voir comment on va la sauver la planète : d’abord faut faire masse de tunes, après on verra !"

Un nouveau néo-capitalisme "vert"

Notre « comité de l’Accélérateur » est tout-à-fait logiquement présidé… par Jean Dominique Sénard, le président de Michelin !

Composé de 15 « personnalités [venues] essentiellement du monde économique, complémentaires et aux profils très variés, capables d’inspirer nos décisions et de mener un mouvement positif de transformation écologique de notre économie », a souligné Nicolas Hulot, [son] objectif est donc de fédérer les acteurs économiques – « entreprises, partenaires sociaux, organismes de formation », précise le ministère – pour accélérer la création d’emplois, d’innovations, ainsi que la croissance verte.

« Il veillera à ce que cette transition repose sur une alliance efficace de l’écologie et de l’économie. Il doit permettre un dialogue renforcé entre les acteurs publics et les acteurs économiques et financiers, les économistes, les chercheurs mais aussi les spécialistes des questions d’emplois, de compétences et de formation professionnelle pour déboucher sur de nouveaux partenariats permettant d’amplifier la nécessaire transformation de l’économie française », est-il détaillé.

« Les révolutions auxquelles nous avons à faire face nécessitent une action déterminée et une mobilisation générale pour nous permettre d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 », a commenté Nicolas Hulot, qui a souligné vouloir « réconcilier économie et écologie ».

Rejetant l’idée d’un « énième comité qui produira un énième rapport », le ministre a appelé les membres de ce comité qui aura une mission d’accompagnement « dans la durée » à être « audacieux, disruptifs, ne pas hésiter à nous bousculer ».

Le ministère insiste sur la nécessiter d’opérer une « transformation en profondeur des modes de vie, des pratiques de consommation et de production » et ce dans tous les domaines : agriculture, industrie, énergie, mobilité, construction…

C’est comment qu’on freine ?

C’est comment qu’on freine ?

Son plan d’action s’organise autour de 6 piliers :

• le plan de rénovation des bâtiments qui couvre l’ensemble du parc résidentiel et non résidentiel, public et privé ;

• la mobilité (la fin des véhicules à moteur thermique en 2040) ;

• un plan global de « libération des énergies renouvelables » est en cours de formalisation. Le ministère attend les résultats de plusieurs groupes de travail sur des thématiques spécifiques (Stockage, hydrogène…) ;

• L’économie circulaire. Les travaux et la concertation menés par Brune Poirson, secrétaire d’Etat à la Transition écologique et solidaire, conduiront à la finalisation d’une feuille de route au mois d’avril ;

• Une réflexion globale sur l’adaptation de la fiscalité écologique aux enjeux de la transition est en cours d’élaboration ;

• L’orientation des actions et des investissements vers les technologies et la croissance vertes.

"Make our finance great again"

Membre du comité, Laurence Parisot a d’ores-et déjà reçu une mission « d’élaboration d’un plan d’emploi et compétence dans le domaine de l’énergie qui alimentera les réflexions du comité ».

Se félicitant d’y avoir été coopté, Alain Grandjean, rappelle sur son blog que « le comité a pour objectif principal d’accompagner le ministre et le ministère dans ses politiques visant à accélérer la transition écologique et, en particulier, à faire en sorte que cette transition repose sur une alliance efficace de l’écologie et de l’économie. »

Avant d’insister sur les sujets les sujets qu’il « compte porter » :

• comptabilité publique et privée ;

• financements publics et privés, dont les mécanismes monétaires, de l’indispensable plan d’investissement dans la transition ;

• tableau de bord complétant le PIB comme outil de pilotage de l’ensemble des politiques publiques. »

Ce comité de 15 membres est composé principalement de personnalités du monde économique (le directeur général de BNP Paribas Jean-Laurent Bonnafé, le PDG de Saint-Gobain Pierre-André de Chalendar, l’ex-patronne du Medef Laurence Parisot) mais aussi de la recherche (la spécialiste des écosystèmes océaniques Françoise Gaill) ou politique (l’eurodéputé vert luxembourgeois Claude Turmes).

Liste des personnalités du comité :

 Président : Jean-Dominique Sénard, président de Michelin, président d’Entreprises pour l’environnement, coauteur avec Nicole Notat du rapport « L’entreprise, objet d’intérêt collectif ».

 Jean-Laurent Bonnafé, administrateur, directeur général de BNP Paribas

 Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain.

 Thierry Déau, fondateur et PDG de Meridiam, société d’investissement d’infrastructures publiques.

 Françoise Gaill, directrice de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), spécialiste des écosystèmes profonds océaniques.

 Florence Gilbert, directrice du laboratoire de la mobilité inclusive et présidente de Wimoov.

 Alain Grandjean, économiste, fondateur et associé de Carbone 4, cabinet de conseil et d’études sur le carbone.

 Marion Guillou, spécialiste de la sécurité alimentaire mondiale, présidebte d’Agreenium et ancienne présidente de l’Inra.

 Olivier Hersent, fondateur et dirigeant d’Actility (startup spécialisée dans les objets connectés)

 Patrick Oliva, cofondateur de PPMC (Paris process on mobility and climate).

 Laurence Parisot, vice-présidente de l’Ifop, administratrice de BNP Paribas, de la Coface et d’EDF, membre du conseil de surveillance de Michelin, ancienne présidente du Medef.

 Élizabeth Pastore-Reiss, fondatrice et directrice de Ethicity, conseil en marketing et développement durable.

 Claude Turmes, eurodéputé Vert luxembourgeois, ancien secrétaire de l’organisation européenne des Amis de la Terre.

 Natacha Valla, cheffe de la division politique et stratégie de la BEI, membre permanent du CAE, administratrice des groupes LVMH, Accor et ASF-Cofiroute, ancienne directrice exécutive de la recherche économique chez Goldman Sachs (2008-2014).

 Laetitia Vasseur, fondatrice de l’ONG HOP (Halte à l’obsolescence programmée) et spécialiste de la consommation responsable.

Note Eaux glacées :

Un amendement au projet de loi immigration en cours d’examen au Parlement, porté par trois députés REMouleurs, va permettre aux amis des oiseaux et des abeilles, des rivières, de l’air pur..., de bénéficier d’une procédure accélérée de déchéance de nationalité, avant que d’être expulsés vers le pays de leur choix qui voudra bien les accueillir.

Voici venu le temps de l’écologie des catacombes…

Lire aussi :

 L’environnement, nouvelle frontière du capitalisme

https://blog.mondediplo.net/2017-10-13-L-environnement-nouvelle-frontiere-du-capitalisme‎

Carnets d’eau, Le Monde diplomatique, 13 octobre 2017.

Marc Laimé - eauxglacees.com