Retour au format normal


Mort programmée des politiques de défense de l’environnement

26 mars 2018

par Marc Laimé - eauxglacees.com

La langue de bois officielle ne suffit plus à celer la réalité. Poursuivant un mouvement initié depuis une dizaine d’années, Nicolas Hulot et l’actuel gouvernement accélèrent la disparition programmée des politiques environnementales au profit du tour de passe passe qui va consister à financiariser et tirer profit de la poursuite du saccage de la nature.



Le ministère de l’environnement, et Hulot soi-même, n’ont jamais envisagé de faire une priorité des enjeux, pourtant criants, de la gestion de l’eau et des milieux aquatiques. Constat fait de l’échec accablant de plus de vingt ans de politiques de l’eau et de la résistance de la technocratie d’état perméables aux intérêts privés, ces grands corps d’ingénieurs qui ont perpétué leur emprise ancestrale sur la question de l’eau, pour mieux l’annihiler.

Hulot lâche prise sur l’eau. Pire, il saccage les instruments existants, à l’image du hold-up sur les redevances des Agences de l’eau. Le ministère va encore perdre plus d’un millier d’emplois dans les deux à trois prochaines années. La Gemapi, les inondations, les micropolluants, les pesticides : chronique d’un désastre annoncé. Reculades, renoncements, langue de bois à tous les étages.

Voir ainsi, ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, la faillite programmée des évaluations environnementales :

https://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename=Territoires/Articles/Articles&cid=1250280847326

A contrario lancement à l’arrache, n’importe comment, de la méthanisation, et relance de l’irrigation à outrance pour calmer la FNSEA, aux abois, puisque 10% des subventions de la PAC vont disparaître, à l’instigation de l’Allemagne et de la France, qui ont purement et simplement enterré la Politique agricole commune, ayant décidé que les priorités du prochain cycle communautaire seraient la question des migrants et la promotion d’une défense européenne…

https://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename=Territoires/Articles/Articles&cid=1250280840598

A propos de la méthanisation sur toutes les grosses STEPs, comment va se partager la nouvelle rente entre collectivités, opérateurs de l’eau et FNSEA, les deux derniers très allants, comme on l’imagine sans peine ?

Tout cela pour "mieux investir" sur la biodiversité, le climat et l’énergie, domaines privilégiés par Macron, dès avant la COP21, parce que nouvel horizon du néo-capitalisme financier avec les futurs marchés de compensation/restauration de la nature qui seront confiés aux mêmes que ceux qui la détruisent, via la nouvelle ingénierie écologique des firmes.

En même temps ce sont des domaines émergents en France, où ces grands corps d’état sont moins organisés pour le verrouiller de haut en bas, excepté celui des Mines qui s’est justement distancé des deux autres corps récemment fusionnés (Eaux & Forêts et Ponts & Chaussées) alliés aux financiers de l’environnement, majoritairement des économistes, c’est-à-dire des idéologues qui ne connaissent rien à la nature et qui peuvent facilement se faire rouler dans la farine au sujet de la fameuse géo/éco-ingénierie pourvu que ça colle avec leurs thèses.

Sans rapport de forces, l’administration suivra.

En dépit de tout le blabla participatif des légions d’arrivistes de la Grenelle génération et des communicants du Ministère, le pire est à venir.

Marc Laimé - eauxglacees.com