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Egoutiers : les nouvelles recommandations de l’ANSES

12 février 2018

par Marc Laimé - eauxglacees.com

L’Agence nationale de sécurité sanitaire a publié en octobre 2017 de nouvelles recommandations afin de protéger la santé des personnels exposés à de très sérieux risques sanitaires.



Déchets, eaux croupies, odeurs nauséabondes, bactéries en grand nombre… Le métier des égoutiers les expose à des contraintes souvent difficilement soutenables.

Selon un rapport de l’INRS publié en 2004, l’exposition à ces différentes nuisances provoquerait une surmortalité particulièrement élevée, avoisinant les 25%, liée à des maladies digestives et à des cancers.

Au terme d’une longue investigation, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a donc publié les résultats d’une campagne de mesures conduite de mars 2015 à juin 2016, qui avait pour objectif d’obtenir des données microbiologiques sur l’atmosphère des égouts.

Endotoxines et flores microbiennes

L’’agence avait déjà rendu public en juin 2016 un rapport dénonçant la nocivité à long terme sur la santé des égoûtiers exposés à de nombreux agents chimiques et biologiques présents dans l’air ou dans l’eau, par inhalation de gaz, de vapeurs ou d’aérosols, comme par contact cutané ou encore par ingestion.

Au terme d’une année d’analyses l’agence a pu préciser l’impact de ces agents toxiques. Des résultats qui confirment que « le réseau de collecte dans lequel évoluent quotidiennement les égoutiers est un milieu insalubre »

En cause, des concentrations élevées, « parfois préoccupantes », d’endotoxines et de flores microbiennes (dont Aspergillus Flavus) importantes dans l’air des égouts.

Certaines opérations exposent particulièrement les égoutiers à ces agents bactériologiques. Notamment lors des travaux d’extraction de bassin de dessablement ainsi que de nettoyage à haute pression.

Ventiler les réseaux

Face à ces très sérieux risque sanitaires, l’Anses a publié une série de recommandations qui vident à réduire les risques pour la santé des égoutiers.

Première urgence : repérer les circonstances les plus risquées, « en analysant et cartographiant les différentes situations de travail, de manière à prioriser et adapter les mesures de prévention à mettre en place ».

Le but étant que des démarches pour caractériser la nature des agents pathogènes et des risques biologiques (infectieux, immuno-allergiques, toxiniques et cancérogènes) soient délivrées pour chaque situation de travail.

Face à de telles concentrations de polluants chimiques et microbiologiques, « il est nécessaire que les travailleurs au contact des eaux usées puissent a minima avant toute descente dans le réseau, ventiler de façon naturelle ce dernier », martèle l’Anses.

Voire d’installer un dispositif de ventilation mécanique par soufflage d’air neuf en ce qui concerne les tâches réalisées dans des ouvrages fixes.

Equipements de protection

Concernant le management des équipes, l’agence propose des mesures organisationnelles visant à réduire les expositions.

A commencer par une meilleure coordination des équipes qui permettrait « d’éviter la coactivité au même endroit dans le réseau de collecte ».

Mais aussi en augmentant la fréquence du curage afin de réduire les taux de microorganismes et de endotoxines.

En guise de protection, le port d’EPI semble indispensable afin de protéger les égoutiers.

L’agence précise aussi que ces équipements de protection individuelle ne doivent pas non plus surexposer les égoutiers à d’autres risques, avec « l’utilisation d’un appareil de protection respiratoire pouvant par exemple gêner la communication indispensable entre les égoutiers pour prévenir d’un danger potentiel ».

L’agence ajoute que ces équipements doivent également être « portés et changés selon les recommandations du fabricant, régulièrement nettoyés et entreposés en dehors des ateliers, si possible dans des locaux spécifiques ».

Enfin, l’Anses demande la mise en place de campagnes de sensibilisation auprès des acteurs notamment du BTP et de la restauration, afin de les informer de l’impact des rejets et déversements de déchets de chantier dans les égouts.

Marc Laimé - eauxglacees.com