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Vous avez vu une guêpe cette année ?
 par Alain-Claude Galtié (*)

28 août 2016

par Marc Laimé - eauxglacees.com

A Saint Gengoux le National (Saône et Loire) pas une seule au mois d’août. Les abeilles domestiques ? Rares. Les abeilles charpentières (elles étaient nombreuses auparavant) ? Quelques-unes seulement. Les papillons ? Une pincée de Ducs de papillons de Bourgogne, quelques Piérides, c’est tout. Et beaucoup étaient de taille réduite. Mauvais signe supplémentaire. Le soir, pas un insecte autour des lampes de la veillée. Pas un seul papillon de nuit. Même les moustiques, dont on nous avait annoncé la recrudescence après le printemps pluvieux, étaient étrangement absents. L’été était bien silencieux dans le jardin ! Un silence de mort.



Biodiversité : disparition de la moitié de la population des papillons de prairie en seulement 20 ans.

Rapport de l’Agence européenne de l’environnement (AEE) : entre 1991 et 2011, les populations de papillons de prairie ont diminué de moitié. En cause, l’agriculture intensive et l’échec de la politique de gestion des écosystèmes de prairie.

(...) le rapport rappelle l’importance des terres agricoles à forte valeur naturelle cultivées de manières traditionnelle (High Nature Value Farmland ou HVM Farmland), qui représentent des habitats importants.
(...) Alors que la stratégie biodiversité de l’Union européenne reconnaît que le statut de conservation des prairies est limité, malgré les aires de protection du réseau Natura 2000 et des HVM Farmland, le rapport plaide pour un nouveau système de financement, dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC), pour favoriser une optimisation de la gestion des prairies européennes.

http://www.actu-environnement.com/ae/news/papillons-declin-rapport-AEE-habitats-19135.php4



Natura 2000 ? Dans l’affaire de la tête de bassin de Saint Gengoux le National, cette « protection » a fait la démonstration de sa soumission à tous les projets destructeurs des lobbies.

A propos, comme la destruction des haies et des espaces humides se poursuit...

« On entend de moins en moins d’oiseaux puisqu’on a arraché sans réfléchir arbres et haies qui empêchaient la terre de couler sous les averses et abritaient les couvées de merles et de mésanges. (...) »

Avant qu’on oublie... (chronique de la vie au début du siècle entre Saône et Loire) par Armandine Allonot-Turlot 1983.

La biodiversité décline fortement en Ile-de-France.

En Ile de France, ce n’est pas sur le bitume parisien que l’érosion de la biodiversité se mesure le mieux, mais dans les zones agricoles. Celles-ci couvrent la moitié de la région et ont une lourde responsabilité dans le déclin de la faune. En treize ans, l’Ile de France a perdu un cinquième de ses oiseaux ! Haies, bosquets et mares ont disparu. Les parcelles cultivées, de plus en plus étendues et de plus en plus monotones, n’ont plus rien pour les attirer, plus d’habitat refuge à leur offrir. La décimation de quantité d’insectes par les pesticides achève de les faire disparaître.

(...) 21 % la baisse de l’abondance des oiseaux dans la région depuis 2002 ; celle des papillons à 8 % depuis 2005 ; tandis que la diversité des plantes est restée stable depuis 2009.

(...) « Dans notre région, le plus alarmant est la simplification des paysages agricoles : drainés, irrigués, aplanis, car ils ne sont plus accueillants pour la nature. Et les pesticides y sont encore trop utilisés : malgré le plan “Ecophyto”, qui impose de les réduire de moitié, leur usage ne baisse qu’en milieu urbain, où les gestionnaires d’espaces verts prennent conscience du problème. Résultat : on observe une végétalisation des interstices dans les villes. C’est une note positive, mais il faudrait se montrer plus ambitieux : casser le bitume pour laisser la biodiversité revenir »

http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2016/05/13/la-biodiversite-decline-fortement-en-ile-de-france_4919366_1652692.html

et, pendant ce temps-là, les élus soumis aux lobbies...

Les sénateurs étrillent la loi sur la biodiversité.

(...) La commission de l’aménagement du territoire et du développement durable ne s’est pas livrée à un simple toilettage, mais à un sérieux lessivage avant l’examen du texte législatif en assemblée plénière programmée du 10 au 12 mai.
(...)

La décision d’interdire les pesticides de la famille des néonicotinoïdes est abandonnée ; comme celle d’instituer une taxe sur l’huile de palme. Le droit d’entamer une procédure en justice dans le but de défendre la nature est limité à certains acteurs ; passe aussi à la trappe la volonté d’inscrire le principe de non-régression de l’environnement dans la loi ; idem pour la possibilité de classer certaines zones en « espaces de continuités écologiques » dans les plans d’urbanisme. (...)

http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/05/10/les-senateurs-etrillent-la-loi-sur-la-biodiversite_4917028_3244.html#zRB1GmDjipBKf0iR.99

Abeilles et bourdons sont irrésistiblement attirés par les pesticides qui les tuent.

http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2015/04/23/abeilles-et-bourdons-sont-irresistiblement-attires-par-les-pesticides-qui-les-tuent_4621663_1652692.html#DUUXQsqXGMusPuop.99

Dix ans d’observations citoyennes des papillons de nos jardins.

http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2016/05/20/dix-ans-d-observations-citoyennes-des-papillons-de-nos-jardins_4923621_1652692.html#eljLLiD5l0dRfVPl.99

Réchauffement climatique : il rétrécit les papillons.

http://www.futura-sciences.com/magazines/nature/infos/actu/d/papillon-rechauffement-climatique-il-retrecit-papillons-60039/

Il était une fois un village, au cœur de l’Amérique, où toute créature semblait être en parfaite harmonie avec l’ensemble de la nature. Il était niché au centre d’un damier de fermes prospères. (…) Au long des routes, les lauriers, les viornes, les aulnes, les hautes fougères et les fleurs sauvages enchantaient l’oeil du voyageur en presque toutes saisons. (…) les gens accouraient de fort loin à l’automne et au printemps pour observer le passage du flot des migrateurs. (…) Mais un jour, un mal étrange s’insinua dans le pays, et toute chose commença à changer. (…) de mystérieuses maladies décimèrent les couvées, le gros bétail et les moutons dépérirent et crevèrent. Partout s’étendit l’ombre de la mort. Dans les fermes, beaucoup de gens s’alitèrent et, au village, des maladies nouvelles déconcertèrent le médecin. (…) Ce fut un printemps sans voix. Là où le lever du soleil avait été salué chaque matin par le choeur bruyant des grives, des colombes, des geais, des roitelets et de cent autres chanteurs, plus un son ne se fit entendre (…)

Ce village n’existe pas. Aucun pays n’a souffert toutes ces catastrophes. Mais chacun de ces maux s’est abattu quelque part, et certaines localités en ont subi plusieurs. (…) Pourquoi les voix du printemps se sont-elles tues ?

Printemps silencieux, Rachel L. Carson 1962 (Fable pour nos fils).

Droit au coeur du chaos, pied au plancher

Longtemps, les écologistes ont été traités de « catastrophistes ». Et la catastrophe est là, créée par ceux-là mêmes qui ont étouffé l’alerte écologiste.

Le jour du dépassement de la consommation des ressources renouvelées par la biosphère maintenant au début du mois d’août. Chaque année plus en avance.

L’effondrement général de la biodiversité et l’extinction massive des espèces.

Et la stérilisation des sols sous les engins et la chimie.

Les pollutions comme seule production durable de la civilisation capitaliste.

Avec le réchauffement de l’atmosphère, il est vrai.

La croissance et la surabondance matérielles toujours au coeur des discours des « représentants » et de ceux qui aspirent à le devenir.

La croissance démographique présentée par les mêmes comme une nécessité de « la croissance ». Et les françaises devenues des pondeuses sans souci du cauchemar que vivront leurs enfants.

45 ans après « Bagnoles ras le bol ! », (a), le système automobile toujours en expansion. Les moindres routes de campagne et les plus petites venelles de village sillonnées par des norias de bolides bodybuildés.

"Bagnoles, ras-le-bol", Paris, 1971.

"Bagnoles, ras le bol !", Paris, 1971.

Les eaux partout polluées et appauvries par la destruction massive des têtes de bassin versant et la réduction drastique des zones humides, etc.
Une cinquantaine d’années après le lancement de l’alerte écologiste,

• presque aussi longtemps de censure des écologistes et d’altération de leur message,

• après plus d’un doublement, de la population humaine mondiale,

• après et pendant la multiplication des guerres du profit,

• après des pertes si considérables que la biosphère des années soixante (dont les blessures avaient horrifié les écologistes) fait figure de paradis, il n’y a même pas l’amorce pratique d’une évolution d’un système qui, partout, se complaît dans le développement du mensonge et la destruction du vivant.

Au contraire. La culture de la prédation et de la possession, qui était largement remise en cause dans les années soixante, a quasiment effacé celle du bien commun et contaminé la majeure partie de la population.

Et, sans presque provoquer de réveil (b), même ce qui semblait annoncer une évolution décisive - les conférences internationales et l’évolution de certaines législations - ne s’est traduit que par des manifestations d’impuissance et une distribution de poudre aux yeux, avec abondance de fonctionnaires apathiques abrités derrière des tas de plaquettes de propagande. Confirmation éclatante que « l’Etat de droit » est un mythe (c).

Et de l’accoutumance au mensonge, à la corruption et à l’impuissance.

Presque partout, le bien commun est la proie des prédateurs affolés par la réduction des ressources.

Illustrations spectaculaires avec l’eau, bien commun premier...

En contradiction avec l’évolution claironnée, et avec l’appui des mêmes discoureurs, l’eau et ses écosystèmes sont toujours menacés par les projets les plus absurdes et les plus destructeurs :

 ici, un aéroport du passé (tête de bassin versant de Notre Dame des Landes),

 là, un réservoir étanche pour détourner les eaux au profit de l’agriculture industrielle (tête de bassin versant de Sivens),

 là encore, un centre de vacances « écologiques » au détriment de l’écologie d’un pays (tête de bassin versant du Rousset, en Saône et Loire),

 et encore, une station service dans le lit mineur du ruisseau historique de la cité médiévale (si !), les cuves plongées dans la nappe phréatique (tête de bassin versant de Saint Gengoux le National, également en Saône et Loire),
etc.

(b) de réveil à la hauteur de l’horreur en cours !

(c) s’il en était besoin, puisque plusieurs crises sanitaires l’ont largement démontré, en particulier celle – toujours actuelle - de l’amiante

Une petite chanson de circonstance :

Highway to hell

http://www.dailymotion.com/video/x1btx_acdc-highway-to-hell_music

Alain-Claude Galtié anime le blog Renaissance Rurale
http://renaissancesrurales.blogspot.fr/

Marc Laimé - eauxglacees.com