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Inondations : le prévisionniste météo

5 juin 2016

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Eaux glacées republie plusieurs des portraits d’une vingtaine de professionnels de l’eau, que nous avions réalisés en 2004 pour le Festival de l’OH ! créé par le Conseil général du Val-de-Marne. Nous les avions accompagnés une journée durant dans leurs activités.



Une journée avec William Koenig, Prévisionniste météo.

avec le concours de Météo-France

Trois jours par semaine, dès 5h45, il arrive à la station, au coeur du parc Montsouris, alors que la ville dort encore.

L’élaboration des prévisions météo commence par l’observation et l’analyse des images fournies par un bataillon de satellites en orbite géostationnaire. Toutes les demi-heures pour l’Europe, toutes les 10 minutes pour la France, ces images permettent de visualiser les dépressions et anti-dépressions.

Une fois identifiés, ces phénomènes qui décrivent l’état initial de l’atmosphère sont entrés dans de gigantesques ordinateurs, les plus puissants du monde, sur lesquels ont été modélisés des équations physiques extrêmement complexes. Les ordinateurs tournent et recrachent des prévisions à 12, 24, 36 et 48 heures. Et jusqu’à une semaine, mais là les prévisions deviennent aléatoires.

Tous les paramètres ont été pris en compte : pression atmosphérique, température, humidité, vent... Il est déjà 8 heures. Il faut enregistrer le premier bulletin météo du jour, à destination du grand public, qui sera diffusé par téléphone et par les radios.

L’heure tourne et il faut enchaîner très vite. Consulter les directives qui ont été émises par la direction régionale de Météo-France dont dépend l’Observatoire de Montsouris créé en 1872, les confronter aux observations faites sur place et se mettre d’accord car il peut y avoir des variations. Surtout pour les prévisions à 24 ou 48 heures. Vite, il faut aussi intégrer la troisième source d’informations qui alimentent la production permanente de prévisions. Cette fois ce sont les données fournies par les stations automatiques d’observation de Météo-France, implantées dans toute la région parisienne, reçues par télétransmission, qui vont être traitées à leur tour.

Bientôt neuf heures. Toutes les sources d’information ont été utilisées, les modèles tournent, s’affinent. C’est l’heure d’envoyer les bulletins spécifiques destinés aux clients qui sont abonnés à Météo-France. Essentiellement des entreprises de travaux publics, des mairies, les Directions de l’Equipement, parfois des agriculteurs.

Si le vent dépasse les 60 km/h, les grues des chantiers devront s’arrêter. Quand de fortes pluies sont attendues les réseaux d’égouts vont très vite être saturés par les eaux pluviales, il faudra les délester.

La fin de la matinée est consacrée aux prévisions à plus long terme, de J+2 à J+7. Il faut aussi réactualiser les prévisions du matin pour la journée et le lendemain, réenregistrer un nouveau bulletin, observer du coin de l’oeil l’évolution du ciel toutes les heures.

Après un rapide repas pris sur place, l’après midi ça continue, jusqu’à l’élaboration des bulletins de la nuit et du lendemain. On ajuste, on modifie sans cesse en rentrant toutes les nouvelles informations. Il faut aussi pouvoir répondre à un producteur de cinéma ou de télévision qui veut être certain qu’il pourra tourner en extérieurs le lendemain...

L’anecdote :

William Koenig avait 7 ans à la Pentecote 1987. Il était en vacances à Arcachon. Son père et ses amis participaient à une régate. En pleine course, alors que la journée était très chaude, la météo très calme et le ciel très bleu, un véritable "mur noir" apparut soudain. Une brutale ligne orageuse qui venait de Biarritz, et qui demeure encore 25 ans plus tard largement inexpliquée. En quelques dizaines de minutes plusieurs plaisanciers trouvèrent la mort. Il s’en souvient comme de sa plus grande peur d’enfant. C’est ce jour là qu’est née sa vocation pour la météo.

Les chiffres :

 70% des dommages couverts par les assurances sont dus à des tempêtes.

 Les pertes économiques dues aux catastrophes naturelles doublent tous les 10 ans. Dans les 10 dernières années, le manque à gagner et les indemnisations dues aux catastrophes climatiques s’est monté à près de 1000 milliards de dollars. Ce chiffre pourrait dépasser les 1500 milliards de dollars dans les 10 prochaines années.

 L’été, au-delà de 24°, chaque degré supplémentaire dope la consommation de bière de 1,2% dans le Nord de la France et de 5,2% dans le Sud-Est.

Pourquoi ?

L’émission de gaz à effet de serre, et notamment de CO2, est fortement suspectée d’être à l’origine du réchauffement climatique sur terre. Conformément aux engagements pris lors du sommet de Kyoto en 1997, l’Union européenne veut réduire entre 2008 et 2012 ses émissions de CO2 de 8% par rapport à 1990. Cet engagement doit être testé à partir de 2005. Les entreprises doivent donc commencer à réduire leurs émissions. Mais la France semble opter pour une approche restrictive de la directive européenne. Seules 700 installations vont être concernées, alors qu’une interprétation raisonnable de la directive devrait conduire à réduire les émissions de 1100 installations industrielles.

Lire aussi :

L’ouragan de la Pentecôte 1987 (by courtesy Agnès Maillard, Le Monolecte) :

http://www.cristau-de-hauguerne.net/archives/2010/10/20/19387030.html

Marc Laimé - eauxglacees.com