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Besançon : une nouvelle tarification durable de l’eau

27 novembre 2015

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Régie publique modèle qui innove depuis plusieurs dizaines d’années en promouvant une gestion soutenable de tout le cycle de l’eau dans son environnement naturel, la ville va adopter le 1er janvier 2016 une nouvelle tarification. Elle incite l’usager à abandonner les eaux en bouteille et opter pour l’eau du robinet. Le bénéfice pour un foyer moyen a été évalué à 500 euros par an.



À Besançon, l’eau et l’assainissement sont des services assurés en régie municipale depuis toujours, plus exactement depuis le 14 août 1531, quand le conseil municipal de l’époque engagea le premier « Maistre des fontaines » pour entretenir les fontaines qui assuraient alors la distribution d’eau.

Aujourd’hui, la ville dispose d’une eau potable de qualité au robinet et d’un système de collecte et d’épuration des eaux usées d’un bon niveau.

En ces temps de crise, l’enjeu de l’accès à l’eau c’est d’abord le prix. Et l’eau est réellement bon marché à Besançon. Avec une tarification, pour l’eau et l’assainissement, parmi les moins chères des grandes villes (2,66 €/m3 TTC en 2015), elle se situe dans le trio de tête des communes de 100 000 à 140 000 habitants.

Une performance due, d’une part, à la volonté des élus de garder les services de l’eau et assainissement en régie, et d’autre part à la programmation d’investissements réguliers permettant d’anticiper les évolutions réglementaires et de maintenir le patrimoine à un bon niveau.

Une nouvelle tarification durable

La ville poursuit ses actions de valorisations de l’eau du robinet, et propose de rendre l’eau de boisson gratuite, à raison de 3 m³ par logement et par an, soit la consommation de 5 personnes.

Ce projet, qui vient d’être adopté en Conseil municipal, a pour principal objectif d’inciter les Bisontins à boire l’eau du robinet.

En effet, les Bisontins qui ne boiraient plus d’eau en bouteilles, mais opteraient pour celle du robinet, 40 fois moins chère, réaliseraient ainsi, en moyenne, des économies de 500 € / an pour une famille de 4 personnes.

La mise en place d’une nouvelle tarification durable invite également les usagers à maîtriser leur consommation d’eau en instaurant un tarif supérieur (1,09 €/m³) pour les volumes dits de « confort », au-delà d’une consommation de 80 m³ par an.

La mise en place de la nouvelle grille tarifaire, dont l’unité de base est le logement, interviendra le 1er janvier 2016 :

• 1. volume eau de boisson, 0 à 3 m³ : 0 € / m³ HT

(Abonnés concernés : essentiellement les ménages)

• 2. volume usuel, de 3 à 80 m³ : 1,02 € / m³ HT

(Abonnés concernés : essentiellement les ménages)

• 3. volume de confort, au-delà de 80 m³ : 1,09 € / m³ HT

(Abonnés concernés : tous abonnés, ménages, commerces, industriels, administrations…)

Comparé au tarif en vigueur en 2015, les usagers observeront une baisse de 1,75 % de leur facture pour une consommation de 50 m³/an, et de 0,24 % pour 100 m³/an.

Par contre les gros consommateurs verront, eux, une augmentation de 0,29 % sur la facture pour 120 m³/an et de 1,4 % pour 200 m³.

Pour bénéficier de ces tarifs, chaque titulaire d’un contrat d’abonnement sera invité à déclarer le nombre de logements concernés par ce contrat.
En l’absence de déclaration le tarif supérieur n°3 sera automatiquement appliqué dès le premier mètre cube. Il en sera également ainsi pour les commerces, les services et les administrations.

La Bisontine

En matière de qualité, avec « la Bisontine », marque déposée en 2006, la Ville a permis de faire reconnaître l’eau municipale comme un produit :

• disponible en permanence pour toutes les utilisations : boisson, cuisine, lessive, toilette…

• de très grande qualité et régulièrement contrôlé (plus de 300 analyses par an) ;

• agréable à boire (neutralité du goût) ;

• en moyenne 40 fois moins cher que le prix de l’eau en bouteille.

Une enquête de satisfaction conduite en 2015 a révèlé que 95 % des Bisontins ont fortement confiance dans leur eau du robinet, et ils sont 71 % à apprécier sa qualité.

Les qualités de cette eau municipale font même l’unanimité dans les 14 crèches de la ville qui la donnent aux enfants depuis octobre 2009. Selon les spécialistes (pédiatres et hydrogéologues), cette eau est parfaitement adaptée aux organismes des enfants et sa composition répond tout à fait aux critères de consommation des nourrissons.

Enfin, L’enquête de satisfaction montre que 58% des Bisontins consomment exclusivement l’eau du robinet, contre 32% au niveau national.

Une bouteille Nomade est aussi commercialisée à Besançon. Écologique et 100 % française, elle est le fruit de la collaboration de quatre régies municipales : Eau de Paris, la Régie d’Exploitation des Services d’Eau de Charente-Maritime, le Syndicat des Eaux de la Vienne et la Ville de Besançon.

100 % portable – 100 % potable, son utilisation permet de générer moins de déchets à la source car les bouteilles en plastique jetables occasionnent des coûts élevés de transport et d’élimination.

Résistante et ergonomique, elle permet à tous de boire l’eau du robinet, à tout moment de la journée et dans toutes les circonstances : sport, promenade, bureau, voyage …

La Pétillante

La « Bisontine pétillante », c’est l’eau du robinet embouteillée et gazéifiée par le limonadier Franc-Comtois Rième. Vendue uniquement en bouteille consignée, elle bénéficie aussi de circuits de transport courts.

La « Bisontine pétillante » est disponible sur toutes les bonnes tables bisontines ainsi qu’auprès des distributeurs locaux de boisson. Le supplément Madame du Figaro n’a d’ailleurs pas omis de la citer dans un dossier consacré à l’eau du robinet « qui devient tendance ».

Un nouveau programme d’investissements

L’eau, prélevée dans le milieu naturel, traitée, puis distribuée dans chaque foyer, fait l’objet d’une surveillance de tous les instants afin de garantir sa qualité pour le consommateur.

Pour garantir ce bon niveau de performance tout en gardant un tarif peu élevé, des investissements continus sont programmés.

Aux rénovations régulières des conduites d’eau s’ajoutent des travaux plus conséquents. Ainsi, après bientôt une cinquantaine d’années de bons et loyaux services, l’usine de Chenecey-Buillon avait besoin d’être modernisée. Cette usine, avec celle de La Malate, constitue l’une des pièces maîtresses dans l’approvisionnement en eau potable des Bisontins, mais aussi des habitants de Chenecey, de Busy, de Rancenay et d’Avanne-Aveney. Les travaux ont démarré à l’automne 2014 et se termineront au printemps 2016. Ils peuvent se réaliser car, en préalable, la Ville de Besançon a installé une nouvelle unité de production à Novillarss, inaugurée en juin 2013.

La station d’épuration de Port Douvot fait l’objet d’une action d’amélioration continue : rénovation du processus de méthanisation avec valorisation du biogaz produit à la station, pérennisation de la filière de valorisation agricole des boues (remise à niveau du plan d’épandage donnant lieu à une enquête publique du 5 octobre au 5 novembre 2015). La réhabilitation des réseaux d’assainissement se poursuit également.

Ces dernières années une attention particulière a été portée à la gestion des eaux pluviales (construction de bassins de stockage, mise en place de noues, rénovation régulière du réseau de collecte) destinés à limiter les débordements des réseaux lors d’épisodes pluvieux importants d’une part, et d’autre part à stocker ou à infiltrer les premières eaux de ruissellement pour éviter un rejet chargé en milieu naturel.

À l’occasion de la réalisation de la deuxième ligne de transport en commun en site propre, d’importants travaux vont être réalisés : renouvellement du réseau (rues du 60e Régiment d’Infanterie, Léo Lagrange et de l’Observatoire) et nouvelle conduite qui franchira la voie ferrée en empruntant le pont de la Gibelotte. Ces travaux d’environ 2 millions d’euros s’inscrivent dans le programme de gestion patrimoniale du réseau d’eau et d’assainissement de la Ville de Besançon. Démarrés durant l’été 2015, ils s’achèveront en automne 2016.

Un partenariat technico-financier (contrat PREVENTOX) est en place depuis 2010 avec l’Agence de l’Eau, la CCI et les collectivités dont les eaux usées sont acheminées et traitées à Port Douvot. Son objectif est de réduire, voire de supprimer les déversements de substances dangereuses dans les réseaux d’assainissement. Ce contrat devrait être renouvelé sur la période 2016 – 2018.

La préservation de l’environnement

Le développement de la consommation de l’eau du robinet permet un gain environnemental fort en limitant les transports et la production de déchets engendrés par la consommation d’eau embouteillée.

Une consultation de l’ensemble des acteurs du périmètre du bassin d’Arcier a été organisée en avril 2015 pour faire le bilan des 10 ans d’actions et proposer des nouvelles mesures pouvant être mises en place pour poursuivre les efforts afin de limiter les risques de pollution et préserver la ressource.

Par ailleurs, une étude est en cours pour mesurer l’impact des rejets d’eau de Besançon sur la qualité du Doubs. Des analyses sont effectuées sur l’eau du Doubs à l’amont des collectivités raccordées au SYTTEAU (Syndicat de transport et de traitement des eaux usées de la vallée du Doubs), c’est à dire au niveau de la commune de Laissey, jusqu’à l’aval du SIAG (Syndicat intercommunal d’assainissement de Grandfontaine).

C’est la première fois qu’une étude de ce type est mise en place à Besançon sur ce périmètre étendu, répondant à une demande réglementaire européenne en terme de protection de l’environnement, récemment adoptée dans l’arrêté du 21 juillet 2015, elle permettra de mesurer les résultats découlant des investissements destinés à protéger le milieu naturel.

La construction du bassin de rétention des eaux de pluie de Jean Mermoz, ainsi que de la conduite du Boulevard Diderot ont été mises en place spécifiquement dans une démarche de protection du milieu récepteur.

Certification

Plaçant le respect de l’usager, de l’environnement et de la sécurité au cœur de ses préoccupations, le Département de l’eau et de l’assainissement de la Ville de Besançon a volontairement entrepris, il y a de cela plus de dix ans, une démarche d’amélioration continue.

Appliquée à la gestion du cycle urbain de l’eau, elle a permis l’obtention de la triple certification : ISO 9001, ISO 14001 et OHSAS 18001.

Marc Laimé - eauxglacees.com