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Le retour du Silure

4 août 2015

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Notre récent article sur l’invasion de nos belles rivières par un nouveau prédateur nous a valu nombre de réactions, comme celle de nos amis de l’EPTB Epidor en Dordogne, qui nous apportent des informations complémentaires sur un sujet autour duquel l’émotionnel prend souvent le pas sur les débats rationnels.



Sur la Dordogne, si le plan saumon pédale dans la semoule depuis 30 ans, le
silure n’y est pas pour grand-chose. Le problème c’est que plus de 50% (et probablement beaucoup plus) des individus n’arrivent pas à franchir les grands barrages de la basse Dordogne pour aller rejoindre les frayères. Ceci sans parler des éclusées, des problèmes de dévalaison, de qualité des eaux estuariennes...

Le silure est certes un très gros prédateur nouveau dans les rivières du Sud-Ouest. Mais pour EPIDOR, qui travaille depuis quatre ans de manière approfondie sur le sujet, le silure est un bel écran de fumée potentiel, bien pratique pour éviter d’aborder nombre de sujets qui fâchent. D’ailleurs EDF s’y intéresse fortement !

Les débats actuels qui tendent à le décrire comme un redoutable ichtyocide qui détruirait tout sur son passage rappellent d’ailleurs ceux qui avaient lieu dans les années 1980 après l’introduction du sandre.

EPIDOR a donc déjà recueilli pas mal de données sur l’alimentation du silure, après avoir analysé le contenu de 670 estomacs, dont 180 avec contenu.

En dehors du cas de la lamproie, qui est une proie très facile, et qui est d’ailleurs le migrateur qui se porte le moins mal, à chaque fois qu’un migrateur a été retrouvé dans l’estomac d’un silure, c’était au pied
d’un barrage (zone de blocage).

En ce qui concerne d’éventuelles mesures de gestion, EPIDOR a commencé à y réfléchir. Mais ce n’est pas si simple. Vu la prolificité de l’espèce, on ne peut espérer qu’une efficacité ponctuelle et temporaire.

Il est également nécessaire d’utiliser des techniques sélectives, et la ligne semble actuellement la seule à l’être véritablement.

L’établissement a aussi travaillé sur des idées qui permettront de mieux vivre avec le silure, puisqu’il est maintenant durablement implanté dans nos rivières.

Marc Laimé - eauxglacees.com