Retour au format normal


GEMAPI : et à la fin c’est toujours les Agences qui gagnent…

4 juin 2014

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Nouvel épisode de la saga, façon Dallas, de notre fameuse compétence que nous avons déjà longuement évoquée, un éditorial tonitruant de Martin « The Voice » Guespereau, directeur de l’agence de l’eau RMC, publié sur sa plate-forme de propagande « Sauvons l’eau », le 2 juin dernier. Ca va saigner !



Depuis son parachutage à Eau RMC, après l’ANSES et le cabinet de Fillon, Martin « The Voice » Guespereau n’en finit pas de foutre le souk, comme l’ont amèrement éprouvé les personnels de l’Agence, même s’il semble que sur ce front là ça ce soit calmé, mais surtout au sein de la camarilla feutrée de ses congénères, les 5 autres DG, à qui ses initiatives fracassantes n’en finissent plus de finir par coller des crises d’urticaire, quoique là aussi le front soit partagé.

Pour les uns il fait le sale boulot et mieux vaut laisser faire, y aura peut-être quelque chose à croquer, pour les autres ça va mal finir, donc tâchons de mettre le fâcheux au piquet. Peuvent toujours s’accrocher, entre parenthèses, mais bon, on n’est plus dans le sujet.

Le sujet c’est l’OPA fracassante de Martin « The Voice » sur la GEMAPI, manquait plus que cela !

On aurait pu s’en douter, dès le 10 janvier dernier, avec un billet publié sur « Sauvons l’eau », titré « Et la loi créa la compétence de gestion des rivières »
, qui soulignait déjà, hommage très appuyé aux locaux de l’étape, que :

« C’est aux sénateurs du bassin Rhône-Méditerranée Pierre-Yves Collombat (PS) et Louis Nègre (UMP) que l’on devra la création d’une compétence de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations confiée à l’intercommunalité. »

Le message, pour les sourds et les malentendants, c’était déjà : « Sors de ce corps, EPTB… »

Comme depuis le gang des EPTB a contre-attaqué, via le CMI et le CNE, et se bat comme des chiffonniers pour rattraper le coup (peuvent toujours se brosser !) au sein de la mission de suivi, et après la tenue d’un séminaire Eau RMC-DEB à Lyon, « The Voice » fait tapis… en déroulant le tapis rouge devant les EPCI et syndicats de rivière d’Eau RMC.

Un festival.

« Laissez venir à moi les EPCI à fiscalité propre ! »

« Il y a beaucoup d’euros dans la maison du père… »

Certes les millions valsent, en veux-tu en voilà.

L’amusant c’est de lire « The Voice », dans son flamboyant édito du 2 juin
, carboniser les politiques publiques conduites depuis un demi-siècle, sans s’embarrasser de chichis, as usual :

« (…) L’urgence de l’heure, c’est de sortir nos rivières de l’étouffement des trente glorieuses qui les ont passées au bulldozer, cloisonnées, « rectifiées » et serrées entre des digues trop étroites. La faillite de ce mode de gestion est patente : on déplore chaque année des morts suite à des ruptures de digues ou parce que les eaux furieuses agressent les berges parce qu’elles ne peuvent plus s’épandre. On sait moins que c’est aussi un mode de gestion tellement contre-nature pour la rivière qu’il est très cher en entretien : on pousse le vice jusqu’à payer des camions pour faire rouler les galets en aval, parce qu’ils ne savent pas sauter les seuils artificiels. Le comité de bassin a fait un état des lieux fin 2013 qui montre que la restauration physique des cours d’eau est aussi critique pour reconquérir le bon état de nos rivières que la maîtrise des pesticides. Faire ce travail est un engagement que notre nation a pris autant dans la directive cadre sur l’eau de 2000 que dans la récente directive inondations pour les territoires à risques important d’inondation (TRI) de 2007. »

On est où, là, à l’Université d’été des Verts ? C’est pourtant pas le genre de beauté de « The Voice »…

Qui n’en lance pas moins ses appâts vers les EPCI, après avoir sournoisement tâclé les « labels alléchants » d’EPAGE et d’EPTB, pour mieux faire miroiter qu’après les tombeaux d’âneries qui se sont succédées depuis deux ans autour de Madame GEMAPI, faudrait voir à revenir au bercail, afin, qu’en toute simplicité, « à la fin ce soient les Agences qui gagnent… »

Jusqu’à un certain point, jusqu’à un certain point seulement, l’OPA n’est pas totalement pour nous déplaire.

Sauf que.

Sauf que « The Voice » annonce donc, (et c’est déjà limite s’agissant de maniement d’argent public, puisque les premiers EPCI du troupeau vont pouvoir se gaver, alors que les cabochards se la sauteront), que c’est la sainte alliance des « territoires » et de leurs élus des EPCI, dans la nouvelle Sainte alliance Agences-EPCI qui va réparer cinquante ans d’abominations très précisément décrites par « The Voice » dans son pamphlet aguicheur.

Sauf que.

Sauf que ce sont ces mêmes élus, EPCI et territoires qui ont perpétré depuis un demi-siècle, avec la complicité bienveillante et de l’Agence et des services de l’état, ces mêmes abominations dont « The Voice » déclare aujourd’hui qu’elles n’auront plus cours.

Ou c’est du flan, ou ça va saigner.

Faites vos jeux.

Enfin, last but not least, il va se passer quoi si les cinq autres Agences ne s’alignent pas sur la sainte croisade de "The Voice" ?

Y aura la GEMAPI RMC et les autres.

Le souk.

Marc Laimé - eauxglacees.com