Retour au format normal


Villefranche-sur-Saône (1) : trente ans de pollution du Nizerand

9 août 2007

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Les rejets d’une usine d’adhésifs ont gravement pollué depuis une trentaine d’années, dans l’indifférence générale, le Nizerand, un affluent de la Saône, à Villefranche-sur-Saône, menaçant la santé de 65 000 riverains, alimentés en eau potable à partir de la rivière. Témoignage d’un riverain indigné.



« Mercredi dernier (23 mai 2007), j’ai trouvé trois poissons morts en aval du rejet « d’ eaux pluviales » de la rue Grange Morin à Villefranche-sur-Saône.

J’ai immédiatement appelé la brigade départementale de la pêche, qui a fait un constat de police le lendemain (ONEMA).

Depuis quinze jours, je suis passé une dizaine de fois sur le site : c’est horrible.

Les quantités de colles et solvants rejetées dans le Nizerand (donc dans la Saône et dans l’eau potable de 65 000 personnes) sont très importantes.

Le matin avant 9 heures, il y a une grosse arrivée de colle.

Vers 11 heures, l’irisation de l’eau est importante.

Le soir, il se forme une peau au-dessus de l’eau, cette peau s’accumule et forme des filaments blancs, puis des dépôts blancs qui ressemblent à du papier.

Il y a aussi des eaux usées non traitées (WC branchés directement sur le collecteur d’eaux pluviales) et des eaux vannes de cuisine.

J’ai fait un prélèvement d’eau pour analyse.

En 2006, une analyse dans une résurgence de la nappe phréatique alimentant le Nizerand avait détecté du styrène et du 4-isopropyltoluène (pcymène) : deux produits utilisés pour la fabrication de colle.

Le nom du pollueur ne fait guère de doute : National Starch and Chemical Company (National Adhesives).

Depuis au moins 30 ans, ce rejet pollué existe et personne n’intervient.

Pourquoi toutes ces eaux polluées ne sont-elles pas envoyées à la station d’épuration de Villefranche ?

La solution technique est très simple et peu coûteuse : avec quelques parpaings et du béton, on fait un barrage dans le collecteur, on installe une pompe vide cave en amont et on rejette l’eau pompée dans le réseau d’eaux usées.

Combien de temps cela va-t-il encore durer ?

Il faut agir pour faire cesser cela.

C’est notre santé, celle de nos enfants, qui sont en jeu.

Quelques jours après avoir été rejetés dans le Nizerand, les polluants se retrouvent dans notre verre à table, et nous respirons tous les jours les solvants en prenant notre douche. »

Marc Laimé - eauxglacees.com