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Dunkerque : la CGT combat la pseudo « tarification éco-solidaire » de Lyonnaise des eaux dans le logement social

7 novembre 2013

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Un an après la mise en place, à grand spectacle, dans le Dunkerquois d’un pseudo « tarif éco-solidaire » de l’eau par Suez-Lyonnaise des eaux, ce qui lui a permis de renouveler une DSP, la section Indecosa de la CGT refuse un accord que souhaite passer l’organisme d’habitat social Partenord habitat, afin de transférer l’intégralité de la facturation de l’eau à la Lyonnaise des eaux.



Partenord habitat représente près de 5 600 foyers-locataires dans le Dunkerquois. Le bailleur social applique le pseudo tarif « éco-solidaire » de Lyonnaise des eaux (déjà justement dénoncé par Charles Beauchamp devant le Comité de bassin Artois-Picardie le 5 juillet 2013) depuis l’année dernière. Mais c’est toujours Partenord Habitat qui gère la facture d’eau de ses locataires. Ces derniers disposent tous d’un compteur individuel, mais l’eau fait partie des charges locatives, et une régularisation annuelle est opérée, comme c’est très généralement le cas dans l’habitat collectif.

Mais le fameux « tarif éco-solidaire » a, comme par hasard, déterminé trois tranches de consommation. Dès lors le calcul de répartition des charges d’eau tourne au casse-tête pour Partenord habitat qui, pour s’en dépêtrer, souhaite évidemment… refourguer sa compétence de gestion internalisée des charges d’eau répercutées dans les quittances locatives de ses résidents… à la Lyonnaise des eaux.

Histoire que chacun des foyers-locataires devienne un abonné comme n’importe quel autre habitant dunkerquois.

Encore faut-il que le bailleur obtienne l’accord des cinq associations de représentants des locataires (Indecosa-CGT, CLCV, Afoc, CNL et Adal).

Seule l’Adal a jusqu’à présent donné son accord, suite à une réunion fin septembre.

« L’accord n’ayant pas été signé, il devient caduc, tout comme les textes », assure Mme Christine Galzin, directrice de la gestion locative chez Partenord habitat.

« Un nouvel accord est en cours de réécriture et nous avons encore des réunions d’échanges prévues », poursuit la directrice en évoquant un courrier envoyé le 24 octobre dernier à Indecosa CGT.

La section n’en démord pourtant pas et dénonce n’avoir pas été consultée, avant la mise en place du pseudo « tarif éco-solidaire ».

« En tant que bailleur, nous avons été associés avant octobre 2012. Mais notre spécificité (gestion internalisée de l’eau) n’avait pas été prise en compte, d’où cet accord », poursuit Christine Galzin.

Quand bien même, Indecosa CGT soulève trois problèmes majeurs : voir revenir les coupures d’eau suite à d’éventuelles factures impayées ; le manque d’accompagnement des locataires dans leur gestion de l’eau et le surcoût.

« Aujourd’hui, il n’y a pas de coupure puisque Partenord gère l’eau. Mais demain, nous n’avons aucune garantie que cela continue », relève Isabelle Leurat, représentante Indecosa-CGT chez Partenord.

De plus, le transfert de la facturation entraîne des conséquences : un surcoût de 21 euros par an.

« 97 % du budget de Partenord vient des loyers, ils vont bien devoir amortir ce coût ! » souligne-t-elle.

« Nous ne le répercuterons pas sur la facture du locataire, sous quelque forme que ce soit », promet Christine Galzin. « Nous faisons le tour des associations de locataires pour amender cet accord. Mais tel qu’il a été présenté fin septembre, il n’est plus valable. »

Indecosa CGT enjoint la population à demeurer vigilante.

« Ce tarif éco-solidaire a des effets pervers, car il peut culpabiliser les gens. Ils pourraient se restreindre », souligne Isabelle Leurat. Elle souligne d’ailleurs qu’avec Partenord, actuellement, en cas de facture « énorme », « nous allons voir la famille concernée pour savoir comment l’aider ». Une garantie qu’elle aimerait voir reprise dans un éventuel nouvel accord.

Avis aux innombrables neuneus qui continuent à bêler, en rang serrés, et à des fins intéressées d’aggiornamento historique avec les Trois Sœurs, histoire de ménager leur rente, réclamant urbi et orbi l’application du très fameux « droit à l’eau » et de ses tarifications « éco-solidaires » : on voit à quoi tout cela mène… Tondre derechef le cochon d’usager au plus grand profit des actionnaires de la Lyonnaise.

NOTE :

L’affaire vient de loin.

Portée par le centre de R-D LyRE de Suez-Lyonnaise des eaux à Bordeaux,
http://www.le-lyre.fr/p/75-acteurs-et-usagers.html, très efficace laboratoire d’asservissement des usages et des usagers, elle a bénéficié de nombreux projets de recherche, financés sur fonds publics, à l’image du projet régional de recherche régional ECU, « l’eau dans les choix urbains » "qui a pour objet d’étude les services d’eau et l’habitat social public et privé face aux défis techniques de la durabilité. Le focus porte sur la gestion de l’eau dans l’habitat social collectif public et privé, en faisant le lien entre enjeux du patrimoine immobilier et enjeux socio-environnementaux. Partenaires : MSHA/UMR ADES, Aquitanis, Lyonnaise des Eaux, PACT, SMEGREG."

Marc Laimé - eauxglacees.com