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L’écologie défaite par l’idéologie de la croissance

2 septembre 2013

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Pavillon noir sur l’environnement à trois semaines de la 2ème Conférence environnementale. Hervé Kempf quitte Le Monde, après s’y être vu interdire d’exercer son métier en « couvrant » l’affaire de Notre Dame des Landes. L’assomption de « l’économie circulaire » signe une nouvelle avancée du « greenwashing » , tandis que des voix s’élèvent pour contester le label « Agriculture biologique » (AB). Pour Eaux glacées, les sagas de l’ANC et de la rénovation des réseaux ont continué durant l’été… Enfin, la réforme attendue de la politique de l’eau nous réserve de bien saumâtres surprises. A suivre.



Dès le 30 août, Arrêt sur images annonçait : « Hervé Kempf quitte Le Monde ».

Une information confirmée par Hervé dans le billet « Adieu Le Monde, vive Reporterre », mis en ligne le lundi 2 septembre.

Conforté quelques heures plus tard par un second billet extraordinaire, à lire absolument : "C’était un autre monde..."

Un témoignage exceptionnel dans lequel Hervé livre une véritable Chronique d’une mort annoncée.

Voir aussi, par le JDLE, daté du 2 septembre, "Le journaliste Hervé Kempf s’explique sur son départ du Monde", une interview très explicite d’Hervé par Marine Jobert.

Hasard de lecture, une Tribune, inaperçue, publiée le 11 avril 2012 sur le site du Jardin des 400 goûts, fait cruellement écho à l’émotion suscitée par le limogeage de l’un des plus remarquables journalistes français, investi dans la défense de l’environnement depuis des lustres.

Intitulée « Sur la question du label « agriculture biologique » (dit AB) », cette Tribune entre aussi étonnamment en résonance avec la charge au canon publiée par Mediapart le 22 août 2013, dans laquelle Olivier Dubuquoy, animateur du blog « Green et sciencewashing », dénonce « L’institut de l’économie circulaire, un outil de greenwashing au service des industries polluantes ».

Cette même « économie circulaire » qui va faire l’objet de la première des 5 tables rondes de la 2ème Conférence environnementale qui va se tenir les 20 et 21 septembre…

A signaler aussi l’association Orée et "l’écologie industrielle".

Ou encore "l’Institut" Inspire (Initiative pour la Promotion d’une Industrie Réconciliée avec l’Ecologie et la société).

Le tout sans oublier l’ami Nicolino, daubant à loisir (dans Charlie-Hebdo) sur Stéphane le Foll et l’AEI

Ceci tandis que par un décret du 28 août, un délai supplémentaire retarde encore la mise en oeuvre des programmes d’action du "Plan nitrates"...

Comme nous évoquions la prochaine Conférence environnementale, et plus largement le "calendrier écologique environnemental" de la rentrée,, voir aussi l’analyse de Maxime Combes sur Mediapart : "Socialistes et écologistes promoteurs d’une fiscalité écologique au rabais"...

Et bien sur, Eaux glacées obligent, deux témoignages glanés au fil de l’eau, qui nous confirment que les vacances sont achevées…

L’ANC, bien sur, qu’un prochain documentaire TV va remettre sous les feux de l’actualité.

« (…) Les dispositifs de fosse toutes eaux ne sont pas interdites en Belgique.

Il existe des normes européennes sur les fosses (résistance…) mais à priori elles ne concernent pas les normes de traitement (rendement...). Or, s’il est évidemment agréé par le ministère de l’Ecologie au titre de traitement primaire, un traitement secondaire n’en est pas moins obligatoire : drains, filtre à sable (drainé, non drainé), tertre d’infiltration ou dispositifs agréés (les entreprises spécialisées possèdent leur propre dispositif).

La loi impose donc la présence d’un prétraitement (fosses) et d’un traitement (filtre sable, drains...). Leur mise en place est encadrée par des normes. Pour avoir visité un certain nombre d’installations, la plupart pêchent sur les points suivants : pour la fosse, absence d’aération, sous dimensionnement, absence d’entretien (vidange entre 4 et 7 ans). Pour le traitement, sous dimensionnement, trop profond, arbres au dessus (sans parler des fabrications maisons, puisard....). Si l’installation respecte les normes, les performances sont visibles sur le regard en fin de drain : sont-ils colmatés ou non ?

Les micro stations, si l’on pense au dispositif boues activées avec oxygénation n’effectuent qu’un prétraitement. Il est toujours nécessaire de mettre l’étape suivante. Donc à part ajouter des contraintes (électricité, maintenance), je ne vois pas trop l’intérêt à part un gain de place (et encore..) et un meilleur rendement, qui ne fait pas l’objet de normes particulières... »

L’entretien des réseaux, pour suivre, et nous rappeler, si besoin était, que plus çà change, et plus c’est pareil…

(…) Pour ce qui concerne les réseaux, leur entretien relève de l’exploitation dite "aux risques et périls" du délégataire, quand elle est confiée à une entreprises privée, dans le cadre d’une DSP..

Mais l’entretien effectué par les délégataires se limite aux fuites apparentes et à celles qui exceptionnellement peuvent altérer la qualité de la distribution sur un tronçon (chute de pression résultant des pertes de charges causées par la fuite).

Lorsque les pertes sont trop importantes, au lieu de rechercher les fuites, il conseille à la collectivité de renouveler les tronçons fuyards…

Lorsqu’une collectivité suit le conseil de son délégataire, c’est la plupart du temps lui-même qui réalise les travaux, ou une entreprise de son groupe affublée d’un faux nez. Quand les élus comprendront-ils que les risques et périls ne s’appliquent qu’aux collectivités délégantes ?

Jusque dans les années 70, les contrats d’affermage attribuaient fréquemment le renouvellement du réseau aux fermiers qui ne voyaient jamais la nécessité de remplacer des parties de réseau, cette nécessité n’apparaissant que lorsqu’ils se dégageaient de cette charge. »

Ah, tiens, n’oublions pas "L’eau et les territoires durables"...

Le Commissariat Général au Dévelopement Durable (CGDD), vient de publier une étude prospective intitulée "Eau, milieux aquatiques et territoires durables 2030"

L’étude part de l’analyse de la situation en Languedoc-Roussillon et l’étend au niveau national. Cette démarche a du sens puisque la gestion de l’eau en LR n’est absolument pas durable. La crise de l’eau y sera particulièrement grave si rien est fait d’ici 2030.

L’étude a été menée par des experts de 3 bureaux d’étude privés et de l’IRSTEA.

L’IRSTEA (ex-Cemagref), dont nombre d’ex-(mais toujours) fonctionnaires- ingénieurs ont monté leur petite entreprise, joyeusement financée sur fonds publics par l’Agence, l’Onema, etc., fait partie du pôle de compétitivité Eau de Montpellier et à ce titre, certains de ses projets de recherche sont financés par Veolia, Suez and co, et d’autres par les collectivités territoriales.

Lors des 2 débats sur l’eau qui ont agité récemment la région (Aqua Domitia, expiration des DSP eau et assainissement de l’agglo de Montpellier), l’IRSTEA a eu des positions officielles qui allaient dans le sens souhaité par les délégataires privés et les élus des collectivités territoriales, et la question de la durabilité ne dépassait pas le stade du slogan.

Enfin, enfin, triste époque, voici un huluberlu qui nous assène que : "L’eau n’est pas un bien commun. Qu’on se le dise !"

Il était temps de rentrer :-)

Marc Laimé - eauxglacees.com