Retour au format normal


Eau et agrocarburants : ça va pas le faire…

3 juillet 2007

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Voilà qui ne va pas faire plaisir à la FNSEA, embarrasser les nouveaux convertis de l’écologie à tous crins, empoisonner Jean-Louis Borloo et NKM, bref foutre un souk durable… Pas mal pour un rapport enterré depuis un an, qui surgit fort opportunément en pleine préparation du fameux Grenelle, et pointe les impacts négatifs sur les ressources en eau qu’occasionnerait le développement massif des agrocarburants.



A ce rythme là l’été studieux de Jean-Louis Borloo et NKM, sans parler du sieur Barnier, s’annonce mal.

Une semaine après avoir appris que l’hydraulique française est au plus mal, selon un rapport de l’Inspection générale de l’environnement, un nouveau rapport de l’IGE et du Conseil général de l’agriculture, soigneusement enterré (on se demande bien pourquoi), alors que sa rédaction était achevée depuis un an, dresse un tableau des plus inquiétant de l’impact qu’aurait sur les ressources en eau le lancement du vaste plan « biocarburants » (*) …

Pour un peu on en redemanderait, et on espère que l’IGE a encore quelques bombes dans ses cartons, après que Mme Fabienne Keller ait par ailleurs dressé cette semaine un constat accablant de la politique de l’eau française. Ca promet.

Un an après sa rédaction, le Medad vient donc de mettre en ligne un rapport de l’Inspection générale de l’environnement (IGE) et du Conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux sur « la mise en œuvre du plan biocarburants au regard de la protection de la ressource en eau ».

Lancé en 2005 par M. Jean-Pierre Raffarin, le plan devait permettre à la France d’atteindre les objectifs européens d’incorporation de 5,75% de biocarburants à l’horizon 2010.

Plus ambitieux, son successeur, M. Dominique de Villepin assignait lui un objectif de 5,75% dès 2008, puis de 7% en 2010 et de 10% en 2015.



Sauf que pour l’IGE et le Conseil général de l’agriculture : « les objectifs du plan biocarburants sont, par nature, antinomiques avec les préoccupations en matière de protection de la qualité de l’eau, dès lors que le développement des cultures énergétiques passe par un accroissement des surfaces cultivées et une intensification des cultures. »

La seule solution qui permettrait de protéger les ressources en eau serait de substituer le colza alimentaire et des cultures plus polluantes que le colza par du colza énergétique.

« Mais il est douteux que cela suffise pour assurer la pleine réalisation des objectifs du plan », conclut le rapport.

Enfin, prendre en compte les problématiques environnementales signifierait avoir recours à des variétés rustiques et allonger le délai de retour sur le même sol, mesures qui ont pour effet une diminution du volume de biocarburant produit.

Bonjour les arbitrages…

(*) Eaux glacées, comme d’autres, milite fermement pour l’appellation d’agrocarburants, afin de ne pas adoucir par l’étiquette "bio" des productions, on le voit, loin d’être sans incidence sur l’environnement...

Marc Laimé - eauxglacees.com