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Les fossoyeurs de la gestion publique

16 octobre 2012

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Aux discrètes stratégies d’influence d’antan, après que la question de l’eau se soit durablement inscrite au cœur du débat public, ont désormais succédé de violentes opérations de conditionnement de l’opinion. Un véritable rouleau compresseur auquel les « décideurs » sont bien en peine de s’opposer, puisqu’il se meut au cœur des institutions, là où s’élabore la décision publique.



Actualité oblige, les « associations d’élus » ont cru devoir saluer, dix ans plus tard, l’acte fondateur du renoncement à toute ambition de réel contrôle des services publics locaux, dès lors promis à la « gouvernance multi acteurs », et à ses calamiteux « indicateurs de performance », dont la saga échevelée ne va pas tarder à signer son retour, sanglant, dans l’actualité, rayon fait divers fracassant.

Les méfaits de l’IGD nous étaient connus de longue date, surtout depuis leur partenariat avec l’INET, l’ENA de la Fonction publique territoriale (FPT), qui forme à Strasbourg l’élite des DGS et DGA de demain.

On imaginera aisément les dégâts. En fait nul ne s’en soucie, et c’est bien là le problème.

Dans un registre voisin, de fait consanguin, on n’aura garde d’omettre de rappeler l’encagnardement à Bercy de la « Mission d’appui aux PPP », que nos six chevaux légers de ministres de gauche ne semblent point avoir délogé, ce qui, pour le coup, aurait signé un véritable changement.

Tea Party

De fait, dans la période, et au cas d’espèce qui nous préoccupe, le changement aura revêtu les atours exotiques de l’IFRAP, genre de séminaire pour aficionados des « Tea Parties », dont quelques représentants parviennent à publier des « Point de vue » dans la presse, ce qui suffit à signer l’arrêt de mort de ladite presse.

Il appert en effet que cet organe, et les plumitifs excités qui l’alimentent, méritent d’être lus et relus, tant les mensonges hyperboliques qui jaillissent littéralement de leurs claviers finissent par susciter l’hilarité.

En vrai c’est moins drôle, tant il est éminemment probable que des gens, apparemment, sains d’esprit, portent, à l’insu de leur plein gré, crédit à pareilles fadaises :

- « A Paris, l’eau n’aura plus de prix ».

Philippe François, IFRAP, 26 novembre 2008.

- « Eau : le débat de la gestion publique ou privée ».

Marie Villeneuve de Ianti et Agnès Verdier-Molinié, IFRAP, 15 mars 2012.

- « Gestion des services publics, régie ou délégation ? »

Samuel-Frédéric Servière, IFRAP, 16 mai 2012.

- « Régie ou délégation : raisons économiques ou politiques ? »

Philippe François, IFRAP, 13 septembre 2012.

Bad Godesberg revisité

Nonobstant, le pire est à venir.

A bas bruit, doucereux, insidieux.

Le Cercle Colbert, créé en novembre 2010, sponsorisé par EDF et GDF-Suez…

Et sa frénétique rentrée 2012.

Ite missa est.

Reste enfin à savoir si M. Moscovici va faire droit à la requête des onoravoles de « l’intelligence économique » qui, Péril Jaune aidant, et du fond du Tarn, militent aux fins de permettre aux entreprises de ne plus déposer leurs comptes au Tribunal de Commerce.

(Inaccessible en ligne, mais en encadré dans l’édition papier du même jour).

"Contre l’espionnage industriel, Bercy relance l’idée d’instituer un "secret des affaires"

Qui sont les "imposteurs" ?

Voir aussi un nouveau genre d’imposture (éditoriale)...

http://www.amazon.fr/Pour-finir-avec-histoires-ebook/dp/B0099U5NUO

"Présentation de l’éditeur

L’imposture, c’est, d’abord, de ne pas chiffrer la ressource en eau et d’affirmer, sans preuve et sans vergogne, le manque d’eau, les sécheresses à venir, les consommations irresponsables, la nécessité de ne pas gaspiller le « précieux liquide »

L’imposture, c’est de culpabiliser les « consommateurs » pour « économiser » quelques litres d’eau, alors que coulent sous leurs yeux, chaque seconde, des milliers de mètres cubes qui vont se perdre en mer.

L’imposture, c’est de laisser croire que l’eau domestique est « consommée » alors qu’elle est recyclée, notamment en France où elle retourne pour l’essentiel au milieu naturel après épuration.

L’imposture, c’est d e feindre d’ignorer que les racines des végétaux ne descendent jamais jusqu’à la nappe phréatique.

L’imposture, c’est d’opposer à la construction des barrages, alors qu’ils bloquent des crues ravageuses, valorisent leur énergie et protègent les populations de l’aval.

L’imposture, c’est d’annoncer des guerres de l’eau qui n’auront pas lieu.

Si le manque d’eau ne menace pas l’humanité, en revanche, des investissements considérables sont nécessaires pour produire plus et mieux d’eau potable, notamment dans les pays pauvres. Si des pénuries existent, et elles concernent le tiers de l’humanité, ce n’est pas un problème d’eau brute, toujours disponible pour peu qu’on la cherche, c’est un problème d’argent. Mais force est de constater que la solidarité est moins abondante que l’eau."

Nous en sommes là.

Marc Laimé - eauxglacees.com