Retour au format normal


Une évaluation des services rendus par la nature pour la production d’eau potable

26 avril 2012

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Peut-on évaluer les services rendus par la nature, et intégrer par la même ces externalités dans l’approche économique du coût de la production de l’eau potable ? Les débats académiques autour de cette question sont complexes, ne sont pas exempts de polémiques, mais irriguent de plus en plus les travaux de prospective. Le WWF-France vient ainsi de publier une analyse, qui rappelle d’abord les fondements théoriques de la démarche, avant de l’appliquer aux cas particulier d’Eau de Paris et de Lons-le Saulnier, qui ont de longue date mis en œuvre des politiques de préservation de leurs ressources en eau.



Dans le contexte actuel d’interrogations multiples sur la pertinence et l’efficacité des mesures agro-environnementales qui sont réputées permettre de conduire à bien le plan national de protection des 507 « captages prioritaires » Grenelle, le modèle théorique appliqué à Eau de Paris et à Lons-le-Saulnier, s’il ne bouleverse pas les connaissances actuelles, confirme si besoin était qu’il est préférable à tous points de vue, et notamment sous l’angle de leur coût, de privilégier des mesures correctrices préventives en lieu et place des traitements curatifs aujourd’hui encore majoritaires.

Dit autrement, il est infiniment préférable de déployer des mesures agro-environneùmentales qui permettront de réduire en amont l’usage de produits phyto-sanitaires plutôt que de devoir mettre en place des traitements curatifs de plus en plus complexes et dispendieux, ce que ne peuvent d’ailleurs pas faire aujourd’hui, à raison de leur coût excessif, la majorité des collectivités locales…

Cela va de soi, mais dans le contexte politique actuel, qui n’augure aucunement hélas d’un « new deal » agricole davantage respectueux de l’environnement, la démonstration mérite d’être rappelée.

 « Evaluation économique des écosystèmes d’eau douce : approche globale et cas particulier du service de production d’eau potable. Deux exemples : Paris et Lons le Saulnier. »

Document réalisé à partir du mémoire de fin d’étude de 2010 de Juliette Letellier, Ecole centrale de Lyon.

Evaluation économique des écosystèmes d’eau douce. WWF-France, avril 2012

Lire aussi :

- « Why are there so few cooperative agreements between farmers ans water services in France ? Water policies and the problem of land use rights. »

Bernard Barraqué (AgroParisTech) et Patrice Garin (ISTEA)

Irrigation and Drainage Supplement : Groundwater Governance : Learning from Local Experiences, Volume 61, Issue Supplement S1, pages 95–105, April 2012.

ABSTRACT :

« La lutte contre la pollution diffuse agricole est un des échecs récurrent des politiques de l’eau en France. De nombreuses lacunes et incohérences du code rural, de la santé et de l’environnement ont entravé la mise en place effective de mesures de protection efficaces.

Nous soulignons dans cet article combien ces incohérences ont contraint l’émergence d’arrangements coopératifs entre agriculteurs et services d’eau potable pour assurer la protection de la ressource, à l’inverse de nombreux pays.

Le cadre théorique des régimes institutionnels de ressources (RIR) donne les clés de lecture de cet échec des politiques publiques à imposer des restrictions au droit d’usage agricole des terres et à inciter à ces engagements volontaires de changements de pratiques agricoles.

Ce cadre a été utilisé avant 2005 sur 12 cas d’actions publiques contre les pollutions diffuses agricoles. Nous avons pu caractériser le manque d’étendue et la faible cohérence du RIR pour l’eau.

Les changements législatifs intervenus depuis 2005 ont étendu ce RIR avec l’objectif de mettre en cohérence les politiques de l’eau, agricole et sanitaire pour des actions de protection plus efficaces à l’échelle des bassins d’alimentation des captages.

La complexité du nouveau dispositif est discutée ainsi que sa capacité à mobiliser les acteurs concernés autour d’une nouvelle organisation territoriale des systèmes de cultures, afin de réduire les risques de pollutions diffuses. »

Copyright © 2012 John Wiley & Sons, Ltd.

- « Limitation of agricultural grourndwater uses in Beauce (France) : what are the impacts on farms and on the food-processing sector ? »

C. Lejars, J.L. Fusillier, S. Bouarfa, C. Coutant, L. Brunel, G. Rucheton

Irrigation and Drainage. Supplement : Groundwater Governance : Learning from Local Experiences. Volume 61, Issue Supplement S1, pages 54–64, April 2012.

ABSTRACT :

« Les agriculteurs en zone irriguée sont confrontés à une pression croissante pour préserver la ressource en eau. Cette situation les amène d’une part, à économiser l’eau en mettant l’accent sur des productions moins consommatrices, d’autre part, à mieux valoriser les quantités utilisées. Plusieurs stratégies sont envisageables comme modifier les choix d’assolement ou adapter les modes de conduite des cultures. Ces stratégies peuvent avoir des conséquences importantes sur l’organisation des filières aval, notamment à l’échelle de bassins d’approvisionnement de l’industrie agro-alimentaire.

Cet article propose une analyse des impacts et des conséquences économiques de fortes restrictions d’eau, à l’échelle des filières. Cette analyse a été mise en œuvre en France sur le cas de la nappe de Beauce, avec la participation des acteurs des filières locales. Elle permet d’analyser les adaptations et les stratégies de chacun face à des baisses de volumes d’eau disponibles. Elle met en évidence les interactions entre les opérateurs d’une même filière et les interactions entre différentes filières. « 

Copyright © 2012 John Wiley & So

Marc Laimé - eauxglacees.com