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Marseille 2012 : un message d’Erik Orsenna

17 février 2012

par Marc Laimé - eauxglacees.com

La faillite annoncée du calamiteux 6ème Forum mondial de l’eau provoque en cascade les événements les plus saugrenus. Ainsi de ce message alambiqué qu’un intermédiaire sulfureux nous fait tenir, et que nous portons à la connaissance de nos très nombreux amis et ennemis (interchangeables par les temps qui courent), et dont la pertinence comme l’impertinence a le mérite de nous faire patienter jusqu’à l’apothéose du parc Chanot, dont il nous sera peut-être rendu justice d’avoir auguré qu’il était bel et bien le pendant phocéen du Fouquet’s…



L’illustrissime académicien, bien connu de nos services depuis qu’il a été enrôlé par Suez-Lyonnaise pour parcourir la France dans la caravane publicitaire de son employeur aux fins de vanter ses mérites aux côtés de Luc Ferry, et depuis le mois dernier de la grande figure morale droito-compatible Martin Hirsch, doit avoir eu vent des périls qui guettent nos trois parangons de vertu sous forme de reportage télévisuel qui ne va pas tarder à éclairer les dessous sonnants et trébuchants de leur croisade engagée pour le compte de la multinationale qui les rétribue grassement pour faire son panégyrique.

Comment sinon expliquer ce message subliminal qu’un louche intermédiaire spécialisé dans la pose de passerelles sur les champs de mines nous a fait tenir pas plus tard qu’hier ?

L’illustrissime se serait piqué de s’inviter à nos Controverses, qui n’en demandaient pas tant, aux fins de pourfendre nos amis alter sur le champ de la sémantique.

Admirons l’envoi.

Nous savons que nos amis alter, phares de la pensée du XXIème siècle, se sont entichés des « gaz des schiste », au point d’y consacrer, au moins, 7 ateliers, sessions de convergence et d’accommodement du dissensus, avant élaboration du consensus sur le coin de la table (du Forum alter), le tout en vérité pour enrôler des troupes fraîches sous la bannière verte, dont les effectifs fondent comme neige au soleil sous l’effet d’obscures manoeuvres qui ont fait la joie des gazettes.

D’où il appert que les « spin doctors » de la réaction, du Forum marchand, et de l’Empire du mal de l’Effet papillon, par l’odeur du sang alléché, nous font tenir par des voies obscures le placet de l’illustrissime :

« Pour avoir fait le Tour du monde - aux frais de Veolia et Suez je vous l’accorde -, je suis bien placé pour savoir que les « gaz de schiste » c’est de l’exploitation minière/pétrolière. Dans ce sens, le vocable "extractivisme" brandi par vos amis est parfaitement erroné. En effet, pour les scientifiques et écologues, il désigne la cueillette en forêt tropicale des produits spontanés, jardinés/conduits ou cultivés, à l’image du caoutchouc des seringueros de Chico Mendes.

Il me serait donc agréable de participer sur ce thème à vos Controverses, s’agissant de la circulation croissante d’un barbarisme qui nous conduit tout droit à la barbarie ».

On comprendra sans peine que je renvoie à une assemblée plénière des peuples premiers qui pourrait se tenir « sur la route du FAME » le point de trancher cet épineux débat.

D’autant plus qu’à bien y réfléchir cela va inévitablement se conclure par le défèrement de l’impétrant devant le Tribunal de l’eau qui ne devrait plus tarder à s’occuper de son cas...

Et ceci d’autant plus que, dans la foulée, mais cette fois à l’initiative de KMPG et Price Waterhouse m’échoit une autre proposition, celle de lancer un débat sur "l’empreinte écologique du FAME", avec une appli spécifique dédiée à son « Water Footprint »…

A ce stade la sagesse voudrait sans doute que nous songions à nous accorder un bref repos, ce à quoi nous allons intensément réfléchir d’ici à ce soir.

Marc Laimé - eauxglacees.com