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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Suez, Veolia, et le « storytelling » (1) : Libération et les « Reporters d’espoirs »
par Marc Laimé, 23 janvier 2008

Politiques et entreprises ne jurent plus que par le « storytelling », importé des Etats-Unis. Sur fond de défiance abyssale des citoyens vis-à-vis de toute communication officielle, concoctée par des « spin-doctors » sans foi ni loi, la riposte se déploie à grand renfort de recettes inspirées de la télé-réalité. La recette miracle est simple : raconter des histoires, humaines, trop humaines… Suez et Veolia n’ont évidemment pas manqué d’exploiter le filon et le résultat dépasse hélas leurs espérances.

Le quotidien Libération a publié le 29 décembre 2007 un numéro spécial titré « Le Libé des solutions. 2008, et si on se bougeait », ainsi présenté en « Une » : « Loin de l’humanitaire spectacle, des centaines d’initiatives discrètes cherchent à faire bouger le monde par sa base. Développement local, microcrédit, associations de quartier… Un numéro spécial avec Reporters d’espoirs »

Ledit numéro spécial fourmille en effet d’historiettes angéliques, fomentées par l’agence « Reporters d’espoir », une structure jusqu’alors fort discrète, créée en 2003, qui bénéficie du parrainage de « grands anciens » prestigieux du journalisme hexagonal, comme de l’habituel salmigondis d’honorables professionnels de tout et de rien, déjà consacrés par le rouleau compresseur médiatique.

L’affaire devient cocasse à la lecture, et du « making off » de l’édition du jour, fomenté par la rédaction joffrinesque, galimatias abominablement indigeste, et conduit très vite à l’hilarité à la lecture de l’envoi enflammé que signe par ailleurs le grand mamamouchi de « Reporters d’espoirs » dans le même numéro, très modestement titré… « Des medias pour un nouveau monde ».

Jusqu’ici tout va bien.

Moyennement conquis par cette dégoulinade de tarama, nous commençons à franchement ricaner en découvrant en dernière page du même numéro, non pas une déclaration enflammée de Philippe Lançon à l’adresse d’une starlette sud-américaine, mais, bien sur, une pleine page de publicité de Suez, qui nous « souhaite plein de sourires pour 2008. »

La cohorte de « Jeunes reporters d’espoirs » nichée dans leurs bureaux paysagers du 12ème arrondissement, est bien évidemment vous l’aurez compris discrètement sponsorisée par ledit Suez, qui n’a donc plus désormais à se soucier de racheter Le Monde, la Tribune, le Figaro ou tout autre titre du même acabit.

A l’ère du « storytelling », nos amis de Suez ont parfaitement assimilé la leçon : « Don’t hate the media, become the media… »

Ce n’est qu’à cet instant (really !), qu’en revenant à) la Une de Libé, je m’aperçois qu’un bandeau bleu en bas de Une m’interpellait déjà : « Vous allez aimer 2008 », bandeau adorné des trois « sourires » orange, bleu et jaune de Suez.

Trop forts !

Merci Suez pour ce voyage « du bon côté de la planète ».

Dans le registre subliminal c’était la « killer application »

Normal, nos amis de Suez, nous le verrons dans un prochain épisode, supplantent toujours haut la main les gros balourds de Veopole qui jouent encore du canon de 75 à l’ère de la guerre électronique.

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