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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Scandale à l’ONEMA (11) : la stratégie du déni
par Marc Laimé, 6 février 2013

Un bras de fer occulte, violent, est engagé entre les membres de l’oligarchie de l’eau à l’origine des turpitudes de l’Onema et le gouvernement qui a hérité d’une véritable bombe à fragmentation, qu’il peine à désamorcer. Le déni systématique opposé au constat de dévoiements gravissimes qui menacent toute la politique de l’eau française a deux objectifs. Faire accroire que « les choses ne sont pas si graves », peuvent s’expliquer, vont bien sur « être corrigées très vite », manière de tempérer les ardeurs d’une tutelle paniquée à l’idée de déclencher, outre l’explosion, une fronde durable des grands corps, qui lui sont rien que moins acquis. Ensuite, et surtout, faire échec à l’action de la justice, par tous les moyens. Etat des lieux.

Cimenter le déni, l’étayer sans cesse. Comme s’y sont employés tout le week-end la secrétaire générale et le dircom de l’Onema, qui ont tenu la plume de sa nouvelle directrice générale, qui a signé l’invraisemblable message diffusé à l’ensemble des personnels de l’Office dans l’après-midi du lundi 4 février.

Il eut mieux valu soumettre ceci à un avocat avant de le diffuser ! Sait-on jamais ce que l’avenir leur réserve ?

« De : Directrice Générale

Envoyé : lundi 4 février 2013 15:10

Objet : Message de la Directrice générale à l’ensemble des personnels de l’Onema

Importance : Haute

Madame, Monsieur,

L’Onema et la politique de l’eau en France ont été vivement interpellés dans une double page qui leur est consacrée dans le Monde de ce week-end.

J’ai moi-même été interviewée jeudi dernier par ces journalistes, qui ne m’ont pas informée de la teneur complète de ces articles.

Il est regrettable que ceux-ci se réfèrent à un pré-rapport de la Cour des comptes non public et déjà ancien, sans avoir attendu la très prochaine publication de son rapport annuel et des réponses qui y sont apportées par l’établissement et sa tutelle.

L’Onema, complétant des actions déjà lancées à partir de 2010, prendra naturellement en compte les recommandations de la Cour, notamment dans son nouveau contrat d’objectifs.

L’établissement a, pendant les 8 mois du contrôle, fourni aux auditeurs de la Cour tous les documents demandés. Les auditeurs ont également rencontré tous les agents qu’ils souhaitaient entendre.

Par ailleurs, je confirme que je n’ai toujours aucun élément concernant la plainte que le SNE indique avoir déposée.

Nous pouvons tous être affectés par l’image déformée ainsi renvoyée de notre établissement. Il convient de souligner que depuis son installation en 2007, des résultats tangibles dans tous les domaines d’activités sont à mettre à son actif.

Lors de mes rencontres avec les services, j’ai entendu votre attachement à votre métier et à la protection de l’eau et des milieux aquatiques, mais également vos difficultés, difficultés que le comité de direction s’emploie à résoudre en priorité.

Je tiens à vous renouveler la confiance que j’ai dans le sérieux et l’engagement qui vous animent dans l’exercice de vos missions. »

Elisabeth Dupont-Kerlan

Directrice Générale de l’Onema.

Le lendemain (hier) communiqué de presse de la même eau, reculent devant rien !

Communiqué de presse Onema 05-02-13

On notera que dans le monde d’EDK les journalistes soumettent leurs articles avant de les publier, ou plutôt n’écrivent que quand on leur en a donné l’autorisation expresse, et fourni les « bons documents »…

Sans compter que d’éventuels plaignants, comme la justice, devraient aussi soumettre leurs documents à l’aval de nos bons maîtres ?

Ces gens-là vivent décidément sur une autre planète, et on comprend donc mieux comment a pu advenir ce qui est hélas advenu…

Reste que tout ceci n’a rien d’anecdotique, mais incarne la ligne de défense désormais structurée avec force « éléments de langage » émis par un impressionnant bataillon de tâcherons. Synthèse.

« Le dit de Monsieur et Madame ONEMA »

« Les attaques contre l’Onema ont beaucoup ébranlé la maison. Mais tout cela est très exagéré, en fait rien n’est prouvé, il y a beaucoup de rumeurs. En plus il y a un blog qui s’est déchaîné contre nous, mais il est très connu pour être un extrémiste qui attaque tout le monde, avec des arrière pensées politiques.

Personne ne connaît vraiment l’histoire de l’Onema.

Avant 2006, le Conseil Supérieur de la Pêche (CSP) exerçait deux métiers, la police de l’eau et l’expertise piscicole.

En 2006 la nouvelle Loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA) a permis de mettre en œuvre la Directive Cadre Européenne sur l’eau (DCE) à l’échelle de la France.

A partir de là, il a fallu intégrer les états biologiques et hydromorphologiques à l’évaluation de la qualité des eaux.

Or, seules les agences de l’eau possédaient des bases de données efficientes, dites « consolidées », mais elle n’assuraient que le suivi de l’état physico-chimique des masses d’eau.

Pour l’état biologique c’étaient les 22 « DREAL » qui avaient en charge le suivi des diatomées et macro-invertébrés, chacune à leur manière

Enfin le Cemagref, aujourd’hui IRSTEA, s’occupait des macrophytes (ou algues) et du phytoplancton, mais ne conservait que les données qui l’intéressait.

Le CSP, (et en fait les 800 garde-pêches qui seront intégrés dès la création de l’Onema), ne s’occupait lui que des poissons.

Pour ce qui est de l’hydromorphologie c’était un problème, il n’y avait rien du tout.

Alors en 2007, quand le précédent gouvernement a lancé la RGPP Il a fallu, pour des raisons de coûts, mutualiser les outils de surveillance et d’évaluation de l’état des eaux.

Le CSP est devenu l’ONEMA, on a ajouté 100 agents aux 800 garde-pêches et l’Office s’est vu confier un grand nombre de nouvelles missions : banque nationale des prélèvements, banque nationale sur la qualité des eaux de surface continentales, etc.

En multipliant les projets on a multiplié les risques. D’autant plus que l’ONEMA n’a jamais réussi à obtenir les conditions d’une main d’oeuvre pérenne sur ces missions.

Ses statuts n’ont aucun intérêt : des CDD ont été recrutés mais n’ont pas été renouvelés.

Donc ils sont devenus désespérés, en ont conçu beaucoup d’aigreur et sont partis sans finir leur job parcequ’on leur offrait mieux ailleurs.

Résultat, le 23 octobre, le directeur général, victime d’une véritable « chasse aux sorcières », a été viré.

L’ONEMA est jeune et a été mal « managé ». Depuis le mois de décembre les syndicats et la direction sont en négociation avec la Direction de l’Eau et de la Biodiversité, car même notre DSI et notre DRH sont en CDD…

Il y a aussi une autre difficulté : nos mission empiètent sur celles des Agences de l’eau qui sont nos bailleurs et qui sont bien mieux dotées en ressources humaines, avec au total pour les six agences, 2500 personnes contre 900 à l’ONEMA, dont 800 garde pêches.

Pour le rapport de la Cour des comptes, il sera remis en février et notre nouvelle DG nous rappelle que l’établissement n’a pas été mis en examen.

Donc il y a certainement beaucoup de projets qui ont pris du retard, mais on devrait pouvoir le rattraper avec le nouveau Contrat d’objectifs.

En fait la campagne contre l’ONEMA est extrêmement violente et c’est très inquiétant car il y a beaucoup d’emplois qui sont en jeu et les opposants ne savent pas de quoi ils parlent ! »

Bras de fer judiciaire

L’astuce c’est que tout ceci est, en partie, vrai. Sur la chronologie, les missions, un « management » complètement barré, un aveuglement gravissime de la tutelle.

L’intéressant étant que l’argumentaire n’a bien évidemment qu’un seul but : noyer le poisson et balayer les sujets qui fâchent.

 Volet 1 : des dizaines de millions d’euros de marchés et de conventions, passés dans des conditions qui relèvent, à plusieurs titres, du pénal.

 Volet 2, les données : le trou noir abyssal des Datas, dont il ne faut parler à aucun prix !

Jusqu’ici la stratégie du déni a tenu. Elle vise à contenir le risque d’implosion, et surtout à permettre de tout faire pour entraver l’action de la justice.

Certes l’établissement « n’a pas été mis en examen ! » Les choses sont plus subtiles.

Ici le pas de temps est désormais crucial. De mauvaises fées (surtout une), surveillent comme lait sur le feu l’avancée de Dame justice saisie de la plainte (bien réelle), d’un courageux quarteron syndical.

L’embuscade est prête, ça se joue sur un fil.

La contre-attaque doit venir, fulgurante. Passée la date fatidique du 12 les conjurés ont déjà tout minutieusement préparé.

Question d’argent, de com, de pouvoir.

D’ici là ça s’agite, ça grenouille, ça fulmine, ça téléphone, ça petit-déjeune et déjeune, comme ces deux « cadres » de l’Office qui vont exposer à deux de nos amis, demain matin, combien les philippiques des « militants de l’eau » que nous sommes relèvent quasiment de l’attentat (à l’emploi), du crime social…

Il est vrai que d’aucuns nous confondent, sciemment, avec les (odieux) contempteurs des « cerbères galonnés »…

Rien n’est acquis, tout reste à faire, en ces temps où, en juin dernier, quatre-vingt deux magistrats poussaient un cri d’alarme dans Le Monde, y dénonçant l’abandon de la lutte contre la grande délinquance financière, et notamment la surveillance des marchés publics considérés comme "une zone de risque majeure pour la corruption".

Absence de poursuites, organismes de contrôles liquidés (DGCCRF, Commission des marchés de l’État), parquets tout-puissants, affaiblissement ses juges d’instruction...

"Lutte contre la corruption", Le Monde, 28 juin 2012.

Rien n’est encore gagné, mais rien n’est jamais perdu d’avance.

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