Vous voyez ce message parce que votre navigateur ne peut afficher correctement la mise en page de ce site. Effectuez une mise à jour vers un butineur qui supporte les standards du web. C'est gratuit et sans douleur.

NE PAS CLIQUER
LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Riches et pauvres ne sont pas égaux face à la sécheresse
par Marc Laimé, 13 février 2008

Selon un rituel qui semble désormais bien rodé, M. Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie et de toutes ces sortes de choses, vient à nouveau, et nous ne sommes pas encore à la mi-février, de sonner l’alarme générale. Tout le monde sur le pont (du Gard). Précautions, restrictions, recommandations… Toutes ces gesticulations occultent une réalité par trop crue. Face à la sécheresse, nous ne sommes pas égaux. Les agriculteurs bien sûr vont continuer à arroser ad nauseam les cultures irriguées largement subventionnées. Mais les consommateurs domestiques non plus ne sont pas logés à la même enseigne. Selon que vous serez puissants ou misérables, l’addition sera plus ou moins salée ! Comme l’atteste le document que nous publions ci-après qui prouve sans équivoque que dans le Languedoc, plus on est riche et moins on paie. Vous avez dit sécheresse ?

"Les critères sont plutôt mauvais et la situation mérite de lancer une vraie alerte", a affirmé le ministre à l’issue du premier comité sécheresse de l’année qui réunit les associations écologistes, les agriculteurs, les pêcheurs et les administrations, nous rapporte l’AFP (pas encore privatisée).

La pluviométrie efficace, celle après évaporation, est inférieure de 25% à la normale et atteint près de 50% dans le sud du bassin parisien, la vallée de la Garonne, les Pyrénées orientales et la Provence.

"Et Météo France prévoit que les trois mois à venir seront sans doute légèrement plus chauds que la normale, même si on ne peut rien dire de la pluviométrie, prévisible à huit jours au plus", a insisté M. Borloo.

Globalement, a encore déploré le ministère, la situation des nappes phréatiques se dégrade alors que l’automne leur permet habituellement de se recharger. "Celle de Beauce baisse depuis 2002, alors qu’elle a progressé régulièrement de 1995 à 2002", a souligné M. Borloo.

Seules les nappes des régions Nord et Est, qui ont bénéficié d’un été exceptionnellement humide, affichent un état de remplissage satisfaisant.
Déjà, et sans préjuger des précipitations printanière, M. Pascal Berteaud, directeur de l’Eau, de l’Onema et du reste, admet que les départements de "l’arc méditerranéen, en particulier du Languedoc Roussillon", ne devraient pas échapper aux désormais traditionnels arrêtés préfectoraux restreignant l’usage de l’eau. (On va rire, voir ci-après.)

Pour la région Provence-Alpes Côte d’Azur, relève-t-il "on a l’eau des Alpes" qui pourrait sauver la mise. Mais l’arrêté en vigueur dans le Var depuis l’été dernier n’a toujours pas été levé à ce jour, de même qu’en Seine-et-Marne.

(Encore faudrait-il pour « l’eau des Alpes » que les cochonnerie de canons à neige n’en viennent pas à bout…)

Par conséquent, le ministre a demandé aux agriculteurs de "se montrer précautionneux, de faire attention au maïs et plutôt de le réduire" et aux préfets des régions PACA, Pyrénées orientales, du sud de la France, de Lorraine et de Poitou-Charente-Vendée de "réunir tout de suite" les comités sécheresse locaux.

Il a souhaité aussi "tout de suite" la mise en place de capteurs acoustiques, comme le Grenelle de l’environnement va l’exiger, qui permettent de détecter les fuites des réseaux d’adduction actuellement responsables de 25% de pertes en France.

(C’est la Véopolaise qui va être contente, d’ici à ce que l’UFC-Que Choisir se penche sur les factures des capteurs, y a de la marge…)

La situation est "grave mais pas catastrophique", a jugé le ministre. Mais tout peut s’inverser : il y a deux ans, 75 départements avaient été frappés par un arrêté sécheresse et déjà, le premier comité sécheresse de l’année avait été convoqué un 12 février.

Pourtant, les agriculteurs l’assurent, ils tiennent compte de cette situation : "Les assolements en maïs baissent déjà de 5 à 10% par an dans la région Centre : on compense en semant davantage de cultures d’hiver qui n’ont pas besoin d’irrigation ou de tournesol, moins gourmands en eau", a expliqué M. Michel Masson, vice-président du principal syndicat agricole, la FNSEA et membre du Comité sécheresse.

"Les agriculteurs anticipent, parce qu’un arrêté sécheresse en plein été, qui interdit d’irriguer, c’est la catastrophe", a-t-il souligné.

Nous voilà rassurés.

Le message d’alerte du WWF-France

Déjà l’an dernier le WWF s’était alarmé du déséquilibre de gestion de l’eau observée dans l’agriculture en Méditerranée. Depuis plusieurs années la sécheresse est un problème récurrent, soulignait l’ONG.

La superficie des terres affectées par une sécheresse sérieuse dans le monde a plus que doublé entre les années 70 et les années 2000.

Depuis la sécheresse de 2003, la France a du mal à s’en remettre, l’Espagne et le Portugal ont été particulièrement touchés en 2005 et pour 2006 on s’attend au pire.

Chaque année, on retrouve les mêmes évaluations en pertes agricoles et mêmes humaines. L’impact économique de la sécheresse en 2003 en Europe à été évalué à 11 milliards d’euros, et a coûté la vie à 40 000 personnes, dont la moitié en Italie.

En été 2005, le Portugal a perdu autour de 60% de sa production de blé et 80% de sa production de maïs.

En Espagne, la perte dans l’agriculture et la production animale s’est élevée à un total de 2 à 3 milliards d’euros.

Même si la sécheresse est un phénomène normal, leur périodicité et leur intensité risquent de s’accentuer à cause notamment des changements climatiques et du réchauffement planétaire.

Avec une élévation accrue de la température, les évènements pluvieux se raréfient autour du bassin méditerranéen.

Certains bassins versants européens ont déjà éprouvé une réduction de 20% des précipitations au cours du siècle dernier et en Italie, le nombre de jours de pluie a diminué en moyenne d’environ 12% sur la période 1880-2002.

Face à ces causes planétaires, difficiles à contrer à court ou moyen terme, le WWF mettait en garde les pays du pourtour méditerranéen et l’Europe sur les conséquences des politiques de gestion de l’eau actuellement mises en œuvre.

Pour l’organisation mondiale pour la protection de l’environnement, ces politiques accentuent les effets de la sécheresse en gaspillant une ressource de moins en moins accessible et sans un changement majeur dans les politiques nationales et européennes sur l’utilisation de l’eau, les pays du bassin méditerranéen souffriront bien plus qu’avant.

Heureux les riches de Septimanie

Nous allons voir que ces effets de manche n’ont que fort peu d’effet sur des habitudes bien ancrées, qui conduisent à ce que l’inégalité face à la ressource sévisse aussi par chez nous, dans le Languedoc, par exemple, et pas seulement en Afrique.

Le tableau comparatif ci-après établit en effet sans équivoque qu’aux alentours de Montpellier, si vous résidez dans une commune huppée, vous y paierez votre eau moins cher que si vous êtes parqués dans une zone à pauvrets et pauvresses.

Et pour une fois il ne semble pas que la Veopolaise soit (seule) dans le coup.

Id est, en période de restriction le fait de payer l’eau très, très, très, bon marché ne nous paraît pas vraiment constituer une « incitation économique » forte à l’économiser… (Il est vrai que la DCE, en Septimanie comme ailleurs...)

Voilà qui relativise grandement les envolées des sieurs Borloo et Berteaud. Mais à tout coup ils ignorent tout de l’affaire. Ca doit être un coup de l’empereur de Septimanie…

Lutte des classes et gestion de l’eau dans l’agglomération de Montpellier

impression

commentaires

1 Riches et pauvres ne sont pas égaux face à la sécheresse

"Le tableau comparatif ci-après établit en effet sans équivoque qu’aux alentours de Montpellier, si vous résidez dans une commune huppée, vous y paierez votre eau moins cher que si vous êtes parqués dans une zone à pauvrets et pauvresses"

Sans être totalement opposé à cette constatation que j’ai faite par ailleurs, le tableau donné ne me semble pas bien concluant, tout en reprenant des termes pas forcément gages de neutralité politique ;)

Un simple graphique : classe (1-5) en abscisse, prix de l’eau en ordonnée, montre plutôt qu’il vaut mieux éviter les classes moyennes dans cette histoire...

poste par Feup - 2008-02-14@11:26 - repondre message
vous aussi, reagissez!