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NE PAS CLIQUER
LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Les bobos et le Guarani
par Marc Laimé, 5 juin 2010

Il ne suffit pas d’avoir sur le dos Veolia, Suez, Saur, le Conseil mondial de l’eau, le PFE, la Coalition Eau (qui rame pour récupérer les thunes que le nouveau M. Françafric vient de lui sucrer), Orsenna, le Conseil d’Etat (tiens on va y revenir à celui-là), et les 500 000 pinrahas déguisés en Madoff qui nous pourrissent la vie du matin au soir, faut aussi que la crétinerie bobo s’en mêle, comme avec ce « courageux documentaire d’auteur » dédié au Guarani, programmé par la 5ème, dont les zauteurs jouent à n’en pas douter à la pétanque aux abords du Canal de l’Ourcq, histoire de préparer la prise (du Festival de Cannes) avant de commettre un nouveau méfait…

Déjà avec la réclame, on comprend que ça craint : « Guarani, main basse sur l’eau »…« Gigantesque réserve d’eau douce souterraine, l’aquifère Guarani s’est formé il y a 65 millions d’années sous quatre pays sud-américains : le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. L’immense source, découverte il y a trente ans, a permis le développement d’un grand nombre de villes-champignons, et ses puits, officiels ou clandestins, font le bonheur des grands propriétaires terriens. L’aquifère suscite aujourd’hui la convoitise des Etats-Unis. Aussi, d’un bout à l’autre du continent sud-américain, Indiens, exploitants, ONG et mouvements écologistes assurent-ils la protection des eaux de ce gigantesque réservoir, dont le niveau aurait pourtant déjà baissé de plusieurs dizaines de mètres. »

Putain, on les voit d’ici, les John Wayne yankees, associés à DSK, qui exterminent les « peuples indigènes » à coup d’agent orange de Monsanto épandu par les hélicoptères des sections spéciales du Pentagone, et "El Condor pasa", et "Viva la revolucion" tous ensemble, tous ensemble (de préférence à l’hotel Hilton), pour niquer les troupes de Fort Alamo mâcheuses de chewing-gum…

Avec des crétins pareils, Fauchon va être prix Nobel de la Paix et Orsenna rafler le Booker Prize, qui lui sera décerné, exceptionnellement, par Obama à Marseille en 2012 !

Y a plus qu’à aller poster un message indigné sur le site de la "Communauté" des "Idées neuves pour l’eau" de Suez, en exigeant que le Guarani soit classé "ville hors AGCS", avant que de catapulter Chantal "karatéka" Jouanno racheter la Boudeuse (en faillite en Guyane), et porter haut le pavillon tricolore chez Lula, enfin s’il achète ces putains de Rafale, et le tableau sera complet...

Oyons en effet ce que nous écrit l’ami Christian Caubet, du Brésil, après avoir entrevu la publicité (mensongère) évoquée plus haut :

« Le résumé de l’article "Guarani, main basse sur l’eau" fait, en vrac, de bien curieuses affirmations.

« L’Aquifère Guarani ne saurait simultanément être sous quatre pays sud-américains : le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay" et concerner d’un bout à l’autre du continent sud-américain, Indiens, exploitants, ONG et mouvements écologistes" qui assureraient la protection des eaux de ce gigantesque réservoir".

« S’il s’étend, sur 1,2 millions de km2,en sous-sol, du nord de Brasília au sud de Buenos Aires, cela ne ferait déjà que bien moins de la moitié du continent. Ses 45 000 km3 (devenus 38 000 aux dernières évaluations connues) sont fractionnés entre diverses formations géologiques qui ne laissent pas toujours passer les eaux de l’une à l’autre et qui donnent leurs "marques" aux ressources en eau qu’elles renferment : potables, salées, minérales de table, de bains thermaux, de géothermie, de résurgences.

« Les eaux des divers gisements de l’aquifère ne sont donc pas toujours aussi potables que celles qui sont fournies aux 550 milles habitants de Ribeirão Preto (Etat de São Paulo), par exemple ; ou des autres 600 communes qui les utilisent directement pour leurs caractéristiques inappréciables" : potables, gratuites, abondantes.

« C’est déjà suffisant pour activer le gaspi : les habitants de Ribeirão Preto ont besoin de 360 l./habitant/jour, à la différence de la moyenne brésilienne de 200 l./jour. Des centaines de puits artésiens alimentent les villes. Ce qui fait problème n’est (pas encore) leur nombre, mais le fait qu’il n’existe pas de cadastre satisfaisant en amont de leur fonctionnement, ni de police administrative de l’eau en aval : l’utilisateur qui "s’en va" ne prend pas la peine de boucher son trou, qui devient immédiatement un facteur éventuel de pollution... souterraine.

« L’absence de contrôle des autorités administratives est beaucoup plus préoccupant pour des raisons sanitaires et de gestion rationnelle que pour d’hypothétiques saignées hydriques internationales.

« Des pays-sans-eau pourraient certainement puiser dans les ressources de ce pays-à-eau qu’est le Brésil ; en payant comptant ou en exportant en cachette (comme cela se fait déjà avec l’eau de l’Amazone) ?

« Les 27 millions de US$ repassés, en 2000-2002, par la Banque Mondiale/GEF, aux gouvernements des quatre pays intéressés pour qu’íls fassent le relevé de l’aquifère, ne sont pas suffisants pour établir une dépendance du Système Aquifère Guarani -SAG-, ou des quatre pays, par rapport à de lointains assoiffés.

« Mais les politiques sous-jacentes aux efforts de la libéralisation post-Doha 2001 ont bien, elles, l’intention de transformer l’eau en marchandise. Le SAG est bien entendu dans le collimateur,... comme tout intrant éventuel ou réel de la production capitaliste.

« Pour le moment, le problème ne se pose pas en termes d’exportation d’eau souterraine. L’eau de surface est déjà exportée par les mécanismes de l’eau virtuelle, celle qui est emboutie dans la production de choses qui se retrouvent sur les marchés de pays qui n’ont pas assez d’eau pour produire leur blé, leurs fruits, leurs voitures, leurs lingots d’aluminium...

« J’arrête, je suis en train de refaire surface et d’exporter l’eau visible de tous ; celle dont personne ne dit qu’elle est l’objet de convoitises internationales, puisqu’on la trouve déjà dans les objets importés du monde entier.

« L’Aquifère Guarani deviendra-t-il une action cotée en bourse ?

« Le système y travaille. Et nous ? »

Christian Caubet

chcaubet@yahoo.com.br

Voir une cartographie des dégâts environnementaux au Brésil.

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