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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Le gouvernement Philippe enterre la protection de l’environnement
par Marc Laimé, 3 mars 2020

Au travers d’un nouveau projet de loi d’accélération et de simplification de l’action publique (ASAP). dont l’examen débute au Sénat (en procédure accélérée...), l’actuel gouvernement poursuit et amplifie la destruction du droit de l’environnement qui n’a cessé de s’intensifier depuis une dizaine d’années. Même la très modérée FNE crie au scandale (*), c’est dire… Heureusement que la bouffonnerie de la "convention citoyenne pour le climat" arrive à grand pas et va permettre, grâce à la légion d’idiots utiles qui vont applaudir, contribuer à planquer la poussière sous le tapis...

Le communiqué de FNE, en date du 3 mars 2020 :

PROJET DE LOI DE SIMPLIFICATION : QU’IMPORTE L’ENVIRONNEMENT POURVU QUE L’INDUSTRIE PUISSE ALLER PLUS VITE ?

Aujourd’hui débute l’examen au Sénat d’un projet de loi d’accélération et de simplification de l’action publique (ASAP). Accélération, simplification : des objectifs a priori louables. Sauf quand ils dissimulent de nouvelles atteintes au droit de l’environnement et à la sécurité des riverains, allongeant une liste de régressions déjà bien longue depuis le début du mandat. France Nature Environnement en présente le triste relevé.

Un projet de loi pour accélérer... la dégradation de l’environnement
Ce projet de loi prévoit notamment que les préfets pourront décider d’autoriser des travaux de constructions industrielles avant que les autorisations visant à préserver l’environnement n’aient été accordées.

Antoine Gatet, juriste de France Nature Environnement s’interroge : « Que se passera-t-il si l’autorisation n’est finalement pas accordée ? Ou si l’enquête publique fait apparaitre que la construction aurait dû être assortie de conditions ? Avec une telle disposition, on permet aux préfets de mettre de place une politique du fait accompli. »

Les citoyens moins consultés

Le projet de loi permet aux préfets de ne plus passer par la case « consultation » dans certaines situations. Par exemple, ils pourront décider s’ils souhaitent ou non que le conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst1) se prononce sur certains projets d’installation industrielle. De même, ils pourront aussi décider de se passer d’enquête publique pour certains projets, au profit d’une simple consultation électronique, réduisant ainsi considérablement la possibilité du public de donner son avis en amont et de façon utile.

Pour Antoine Gatet, « Le Gouvernement prétend vouloir davantage associer les citoyens à la décision, mais avec ce texte, on organise au contraire leur éviction. Même en s’organisant en association et en jouant le jeu du dialogue, les citoyens n’auront plus voix au chapitre si un industriel décide de s’installer près de chez eux. »

Une longue liste d’atteintes au droit de l’environnement

Malheureusement, ce texte s’inscrit dans une longue liste de régressions, parfois graves, pour le droit de l’environnement et la participation du public. Toujours plus de projets dispensés d’évaluation environnementale et d’enquêtes publiques, toujours plus de dérogations pour les industriels et les bétonneurs, toujours moins de moyens pour les services de l’Etat pour contrôler la bonne application du droit… France Nature Environnement recense depuis le début du mandat l’ensemble de ces régressions : ce nouveau projet de loi vient hélas encore allonger la liste.

Pour Emmanuel Wormser, juriste à France Nature Environnement, « Croire que raboter les procédures environnementales et la participation du public fera gagner du temps est une erreur. Ces procédures permettent d’améliorer les projets, de les rendre plus pertinents, moins néfastes pour l’environnement, plus respectueux du droit et des personnes impactées. Les bâcler signifie accroître le risque de contentieux, bien plus chronophages au final et pouvant aboutir à l’annulation complète d’un projet à un stade avancé de sa réalisation. Ce projet de loi est nuisible et contreproductif, d’autant plus incompréhensible que l’accident de Lubrizol nous a rappelé les risques. »

(1) Le Coderst est la seule instance départementale où des représentants d’associations de consommateurs, de pêche et de protection de l’environnement notamment, ou encore des médecins, se réunissent pour évaluer les risques d’un projet pour la santé et l’environnement.

 Le projet de loi ASAP sur le site du Sénat :

tps ://www.senat.fr/leg/pjl19-307.html

(*) Emmanuelle Wargon remet jeudi à 19h00 l’insigne de Chevalier de l’Ordre national du mérite à M. Michel Dubromel, Pdt de FNE, qui a fait toute sa carrière professionnelle dans l’industrie chimique. La fluidification des relations sociales bat son plein...

 Concertation : pour les commissaires enquêteurs, le salut ne viendra pas de la loi ASAP

https://www.banquedesterritoires.fr/concertation-pour-les-commissaires-enqueteurs-le-salut-ne-viendra-pas-du-projet-de-loi-asap?pk_campaign=newsletter_quotidienne&pk_kwd=2020-03-04&pk_source=Actualit%C3%A9s_Localtis&pk_medium=newsletter_quotidienne

La Quotidienne - Banque des territoires, 5 mars 2020.

 Loi ASAP : trois questions à l’avocat Chritian Huglo

https://www.environnement-magazine.fr/politiques/article/2020/03/06/128197/loi-acceleration-simplification-action-publique-trois-questions-avocat-christian-huglo

Laurence Madoui, Environnement magazine, 6 mars 2020.

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