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NE PAS CLIQUER
LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
VAGUES
Le Lobby de l’eau à nouveau en librairie
par Marc Laimé, 6 octobre 2014

De nombreux lecteurs et lectrices n’ont pu se procurer Le Lobby de l’eau, dont le premier tirage a été très vite épuisé. Il est à nouveau disponible et nous nous excusons de cet incident, totalement indépendant de notre volonté, comme on l’imaginera aisément… Le diagnostic que nous y formulions s’est hélas cruellement vérifié depuis lors !

Depuis la création des Agences de l’eau, dont le 50ème anniversaire sera célébré par un colloque aux allures de cérémonie funèbre le mercredi 22 octobre prochain à la Maison de la chimie à Paris, les personnels des Agences ont coutume de se retrouver chaque année pour une journée festive « inter-agences », où l’on peut apercevoir, par exemple, Martin « The Voice » Guespéreau mouiller le maillot… Cette année, le désarroi est tel que l’on n’en parle même plus. Comme sur le Titanic l’orchestre joue, en attendant le prochain rapport d’étape de Kurt Salmon.

Outre le hold-up de 175 millions d’euros sur les redevances, entériné pour les PLF à venir, en dépit des protestations des Comités de bassin, et qui augure de bastons sanglants entre tenants du petit cycle et du grand cycle, la lourde mécanique institutionnelle qui doit continuer à se déployer jusqu’en 2015 a du plomb dans l’aile.

Un, la déclaration de guerre de la FNSEA qui a décidé de tout refuser et de tout combattre et s’en donne les moyens. Deux un arrêt de la CJUE, passé sous silence, qui met à mal le sacro-saint concept de « récupération des coûts » de la DCE. Trois les rodomontades de Manuel Valls sur les nitrates. Quatre l’ajournement de la réforme du droit de l’environnement. Cinq le rapport commandé par le Minagri qui prévoit la dévolution de la protection des captages aux communes. Six l’article du volet 2 de l’Acte 3, qui prévoit la mise en œuvre de mesures récursoires à l’encontre des collectivités locales en cas d’amendes communautaires. Sept l’ensablement d’une GEMAPI dont personne ne veut, etc, etc.

Or, dans les mois qui viennent il va falloir : faire adopter les nouveaux SDAGE et les PDM, établir (étendre) la nouvelle cartographie des zones vulnérables aux nitrates, réviser (étendre) les zones sensibles DERU…

Versant petit cycle, l’explosion. Le SISPEA coulé, faillite totale, désengagement de la DEB qui le refile aux collectivités !

Versant public-privé, régies versus les Trois Sœurs, l’apocalypse.

En moins d’un an.

A Marseille le préfet défère à la CRC la délibération de MPM confiant pour 15 ans la DSP de l’eau… à la SEM. Inédit ? Quatre mois plus tard les quatre rapports de la CRC contiennent au bas mot les dix moyens devant conduire à l’annulation de la délib. Au terme de cinquante ans de rente colossale, MPM, reconquise par la droite après l’intermède Caselli, découvrirait un trou de 350 millions d’euros…

A Montpellier le candidat officiel (PS) Mourre fait adopter par l’Agglo avant les municipales le principe d’une nouvelle DSP de 7 ans, dont on n’imagine pas qu’elle puisse échapper à Veolia. Le vainqueur des municipales, autre bébé Frèche, M. Saurel et sa majorité UMP-Parti de gauche, arrêtent tout en pleine procédure Loi Sapin , juste après avoir ouvert les plis ! M. Grossmann, des plus colère, annonce immédiatement que Veolia allait faire 50% moins cher ! Alors que la majorité de M. Saurel, s’engageant à créer une régie de l’eau commence à passer une petite annonce pour recruter en CDD un futur directeur de régie à 2400 euros par mois ( !), improvisation depuis lors revue à 6000, on respire, et tandis que Veolia brandit Maera pour faire pression (justifiée !) sur notre nouvelle majorité, un élu de l’opposition saisit la justice administrative aux fins de dénoncer la violation du CGCT et de la loi Sapin par l’équipe Saurel. On s’inquiète dès lors pour la future régie censée émerger à Veolialand…

A Lille, l’apothéose. Il y a très longtemps une filiale commune Veolia-Suez, la Société des eaux du Nord, qui fait mystérieusement diaparaître plus de 160 millions d’euros de provisions pour renouvellement. Au terme d’une épuisante partie de poker (12 ex-filiales communes à déboucler), Suez-LDE hérite du bébé en 2009.

Un recours devant les tribunaux. Suez-LDE propose une commission d’arbitrage, présidée par l’ineffable Camdessus, qui plante avec morgue tout arrangement raisonnable.

La présidente de la Communauté urbaine réclame, à juste titre, les provisions envolées par devant la justice, qui ne fait pas droit à la demande. Les parties conviennent de transiger à 60 millions d’euros. Un tour de passe-passe puisque Suez-LDE, revendiquant la propriété de plusieurs usines de production d’eau (on croit rêver !), accepte de les rétrocéder à la Communauté urbaine, pour un coût de 50 millions d’euros.

Celle-ci, reprenant du coup la production en régie, lance une consultation pour la distribution. Vendredi dernier, l’explosion, Lille débarque Suez-LDE qui aurait rendu une offre qui ne respecterait pas, sur 17 points ( !) le cahier des charges. Veolia entre en négociation exclusive. Mais une mise concurrence avec un concurrent, çà le fait pas. Donc, ça promet pour la suite.

En résumé, Marseille, Montpellier, Lille : « l’intuitae personae » est mort…

Dans deux ans et demi 2017. Panique partout. La question de l’eau figée, encalminée, dans… les eaux glacées du calcul égoïste.

A surveiller, l’agenda de l’UDI, celui de la FNSEA.

Pour le reste ? Prier ?

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