Du jamais vu. Le conseil municipal UMP de Royan vient d’exploser en plein vol. La ville devait choisir son nouveau mode de gestion de l’eau à l’expiration d’un contrat de concession imparti depuis vingt ans à une filiale de la Saur. Le maire veut à toute force imposer Veolia. Les salariés de la Saur manifestent au conseil municipal. Les réunions houleuses se succèdent. Le maire, isolé, prive plusieurs de ses adjoints de leurs délégations. Coup de théâtre, lors du vote décisif, le maire est désavoué par sa majorité…, qui appelle à de nouvelles élections ! La concurrence se fait féroce sur la façade atlantique.
L’extraordinaire de l’affaire tient aussi à la couverture médiatique inusitée qu’a assuré le quotidien régional Sud-Ouest tout au long du conflit (voir fichier joint ci-après).
L’intérêt de l’affaire tient aussi, et peut-être surtout, à ce qu’elle révèle de la brutale offensive de Veolia, qui en dit long sur la fébrilité qui gagne les trois grands groupes du secteur.
Veolia veut implanter à Royan une véritable tête de pont, à partir de laquelle elle attaquerait, au nord, jusque dans le Morbihan, le territoire historique de la Saur, au sud la chasse gardée de Suez-Lyonnaise.
Sans compter qu’il s’agit aussi de réfréner les ambitions de l’entreprise allemande à capitaux publics Gelsenwasser, qui a racheté, au nord, la Nantaise des eaux, et concourt désormais à de nombreux appels d’offre en France.
Tout en tenant en lisière, au sud, la petite société indépendante basque Agur, engagée dans une lutte au couteau avec les Trois Sœurs depuis quelques années.
Et pendant ce temps la féroce bataille de communication et d’influence à laquelle se livrent Veolia, Suez et Saur se décline en lénifiantes déclarations nous assurant que l’ère de la concurrence « apaisée » nous promet des lendemains heureux…
commentaires
Dans l’hypothèse où ce service aurait été géré en régie cet épisode, uniquement motivé par la fin d’un contrat de délégation, et les "avantages" qu’une entreprise qui souhaite en évincer une autre, fait miroiter à un élu, qui n’en dit manifestement pas un mot à son conseil municipal et à ses administrés, cet épisode donc n’aurait tout bonnement jamais eu lieu, puisque par définition la régie ne connaît pas de "fin de contrat", ni de guerre féroce pour s’en approprier un. Si la DSP était, comme le soutiennent nos amis, une oeuvre charitable qu’ils assument en étant pratiquement déficitaires, pourquoi tant de haine ?
Comme je sais qu’il y a parmi nous pas mal de partisants du retour en Régie : Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer en quoi le fait d’être en Régie aurait influencé le cours des choses ?
Si un Maire veut décider quelque chose contre l’avis de son conseil municipal, influencé ou non par des manifestations de rues, c’est son choix politique réglé par la démocratie qui reprendra le dessus (on l’espère).
Si je suis en Régie pour l’eau et que je veux imposer mes amis dans la structure de gestion je peux le faire de la même façon et il me semble qu’au contraire il n’y aura pas d’autres sociétés pour défendre leurs intérêts et porter l’affaire sur la place publique. Est-ce que finalement la régie n’est pas un mode de gestion réservé aux municipalités où il y a un "consensus" et une large majorité au sein du conseil municipal et où un auto-contrôle serait efficace ?