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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
L’inauguration d’une station d’épuration
par Marc Laimé, 1er juin 2007

Certains témoignages sont plus éclairants que de longues disgressions. Un lecteur de la région Rhône-Alpes nous conte ainsi par le menu la récente inauguration du chantier d’une STEP en construction, édifiée par Veolia. Faut-il en rire ou pleurer ? Le projet a tout de la catastrophe annoncée. Nul n’en a cure. Et c’est ainsi que la nave va…

« Samedi dernier, j’ai assisté à la visite des chantiers d’assainissement de la Communauté. Il n’y avait pas grand monde. Essentiellement des élus, leurs familles, et des amis des élus. C’est-à-dire uniquement des personnes favorables à ces travaux.

Comme à l’accoutumée, par exemple dans le cas des enquêtes publiques, la Communauté n’avait pas fait beaucoup de publicité, juste quelques lignes dans les journaux.

Il n’y avait ni la Police de l’Eau (DDAF), ni le maître d’œuvre (DDE), bien dommage, car j’avais des questions à leur poser.

Alors que la construction de la station d’épuration n’a pas commencé, les terrassements et les bassins de stockage des boues ont été réalisés.

Or nous n’avons eu de cesse de demander l’arrêt des travaux. Et l’ouverture d’un réel dialogue entre la Communauté et les 65 000 usagers qu’elle dessert en eau potable. En préalable à toute décision, qui ne devrait intervenir qu’après les prochaines élections municipales.

Le constructeur (Véolia) a présenté le projet. Soit 5 minutes de généralités sur le fonctionnement d’une station d’épuration…

Ensuite, très vite, le ton a changé, avec un commercial de Véolia qui a « vendu » les bassins de stockage des boues aux élus.

Six immenses bassins de stockage des boues que produira la station ont déjà été construits. La capacité de stockage actuelle des boues est de 10 ans (5 ans ensuite quand la station sera à pleine capacité, soit 4500 EH).

D’après Véolia, c’est une très bonne chose, car les élus sont tranquilles pour 10 ans.

Après, il faudra trouver une solution, mais ce sera pour leurs successeurs.

Nos édiles pensent évidemment se faire réélire, donc en l’état ils n’auront à se soucier de rien pendant leur prochain mandat !

Véolia n’a dit aucun mot sur le prétendu caractère « écologique » des stockages, en fait l’argument c’est que des roseaux vont pousser sur les boues.

La Communauté en avait pourtant fait tout un fromage dans une « Lettre » qu’elle a diffusé en juin 2006 :

« Nous avons visité huit stations existantes dans le but d’apprécier la qualité de construction, de comprendre le fonctionnement et, surtout de nous faire une philosophie au sujet du traitement de la filière « boues ». C’est ainsi que vos élus ont opté pour la filière de séchage des boues sur des lits plantés de roseaux : le rhizo-compostage. Cette solution, plus écologique, nous a semblé la plus performante et la plus respectueuse de notre environnement ».

Le commercial de Véolia ne s’est pas embarrassé de ces subtilités…

En fait si nos élus ont beaucoup voyagé pour visiter ces « stations d’épuration modèles », il faut croire qu’ils ne sont pas arrêtés à trois kilomètres du site qu’ils inauguraient.

Là, une autre station flambant neuve vient tout juste d’être construite par Veolia, sous maîtrise d’œuvre de la DDAF.

Un cauchemar : dès qu’il pleut l’exutoire de la station rejette des quantités énormes de boue et de matières fécales. Le lit de la rivière est totalement saturé de boue en aval. Après un petit orage, nous avons pu suivre la pollution par les boues jusqu’à la Saône…

C’est ce qui va immanquablement se reproduire, par l’intermédiaire du déversoir d’orage situé près de la rivière de la future STEP.

La station étant à 10 mètres au-dessus de la rivière, il faudra pomper à débit limité les eaux usées pour les remonter jusqu’à la station.

A chaque pluie trop importante, le contenu des égouts de la Communauté va donc être déversé sans aucun traitement dans la rivière, qui alimente en eau potable 65 000 personnes !

Stocker des déchets sur le site pendant 10 ans (ici nos fameuses boues), en laissant le problème aux successeurs, ce n’est pas une attitude responsable. Les industriels ont longtemps fait cela, maintenant ça leur est interdit.

Alors pourquoi une collectivité se croit-elle autorisée à faire la même chose ?

L’autorisation leur en a pourtant été accordée il y a seulement quelques années, dans quelles conditions ?

Le résultat c’est que dans quelques années Veolia proposera aux élus une nouvelle « réponse technique », évidemment encore plus onéreuse…

Et ce n’est pas tout. Le second problème du stockage des déchets sur le site c’est le risque d’accident.

Les bassins de stockage sont situés dans un terrain en forte pente (20%), juste au-dessus des bassins de la future station. Les pentes des talus en terre sont d’environ 100%.

Si un bassin du haut cède, les 5 autres vont partir ainsi que les 2 bassins de la STEP, d’où une gigantesque pollution accidentelle de la rivière, qui alimente en eau potable 65 000 personnes.

Un traçage réalisé en avril dernier a chiffré la durée du parcours, via la rivière, entre la future STEP et les captages d’eau potable en aval à 11 heures…

Bon, à part nos associations, tout le monde s’en fout. »

impression

commentaires

1 L’inauguration d’une station d’épuration

Bonjour,

Autant je suis d’accord sur le fond avec Marc Laimé sur les thèses qu’il défend :

1. à "périmètre économique" égal et à performances égales une gestion publique de l’eau est forcément moins coûteuse qu’une gestion privée (car elle n’a pas à rémunérer d’actionnaires),

2. il y a un manque de transparence, d’éducation, d’information et de concertation du public sur les questions environnementales et ce déficit est à mettre au compte des pouvoirs publics au sens large (Europe, Etat, Collectivités Territoriales) et des divers lobbies concernés qui depuis trop longtemps ont imposé des choix sans les soumettre à discussion,

autant sur la forme de la critique je suis plus réservé car elle prend vite un tour anti-système, anti-élite, anti-"techno", complot mondial, limite "poujadisme de gauche" qui me semble caricatural (mais l’élection présidentielle vient malheureusement de nous montrer que le simplisme et la caricature étaient très efficaces pour convaincre).

Compte-tenu de ce que j’écris plus haut je pense que les associations ont un rôle important à jouer mais qu’elles manquent parfois de crédibilité sur les plans techniques, économiques et juridiques.

Ainsi la critique de projets en cours par des associations locales ressort souvent d’un joyeux mélange de réelle conviction écologique, de partis-pris idéologiques, de défense consumériste à la Ralph Nader, d’intérêts personnels(type NIMBY), voire de querelles personnelles, le tout sur fond de guéguerre politique locale.

J’ai la faiblesse de penser que la distribution des arrivistes et des gouailleurs incompétents est à peu près la même quel que soit le groupe humain que vous considérez (je ne vise pas la personne qui a fourni les informations sur les deux stations dont il est question).

Aussi ériger toutes les associations en purs et preux me semble douteux.

Il en résulte au final un dialogue de sourds entre les associations ("regardez les ces élus nourris par Veolia ils font n’importe quoi avec vos deniers et votre environnement, sans vous demandez votre avis") et les élus d’autre part ("ces associations nous emm..., ils arrivent alors que ça fait 10 ans qu’on en parle, que tout est bouclé appels d’offres, financement, en plus c’est même pas des natifs du coin...").

Ainsi en va-t-il de cet article :
sur la première station OK l’argument pour le rhizocompostage : "on réfléchira dans 10 ans" c’est nul ! Mais quelle que soit la filière boues choisie il y aurait des critiques des uns ou des autres.
Sur la stabilité des bassins ma réponse va vous sembler technocratique mais normalement "on sait faire", sous réserve de contrôler la qualité de la conception et de l’exécution des travaux. Il faut espérer que les études nécessaires notamment géotechniques ont été menées.

Surtout la comparaison entre les deux stations me semble vide de sens : qu’y a-t-il de commun entre un pb de choix de filière boue et un pb de gestion des flux de temps pluie ? La deuxième station dont il est question a très probablement été dimensionnée pour traiter uniquement le débit de temps sec. Là il faut espérer que dans un deuxième temps des dispositifs (bassins d’orage) viendront compléter l’installation pour le temps de pluie.

Ce que je critique c’est une présentation partielle des faits : il y a peut-être une bonne raison (technique,financière...) pour avoir procéder ainsi, sinon c’est effectivement une erreur ! Le tout est de savoir si les associations posent cette question, obtiennent une réponse et ont la capacité d’analyser la validité de celle-ci.

poste par Stormovik - 2007-06-3@11:45 - repondre message
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