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NE PAS CLIQUER
LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...
par Marc Laimé, 26 janvier 2007

L’affrontement sans précédent entre distributeurs d’eau et embouteilleurs laissera des traces durables. Il dessine clairement les « nouvelles frontières » de la gestion de l’eau, des stratégies d’acteurs inédites, des fractures insoupçonnées. Au vu des enjeux les pouvoirs publics, et au-delà la société toute entière, doivent impérativement se réapproprier une gestion qui ne peut être abandonnée aux logiques mortifères du marché.

La sortie de crise se dessine.

Traduire, la bulle médiatique va se dégonfler aussi vite qu’elle avait éclos.

Pour la vraie crise, on en reparlera.

Concombre (bio) sur la tarte au potiron, c’est notre amie, la verte pédégère d’Eau de Paris qui va faire le boulot.

Communiqués, lettre à la ministre, conférence de presse, radios, télés, bingo !

Ici un grand moment. Balzac aurait adoré.

Scènes de la vie parisienne

Conférence de presse au petit matin, bon n’exagérons rien, 9 heures et demie, au Petit-Ney, dans le 18ème arrondissement.

Eau de Paris, Agir pour l’Environnement, le FNE, la CNL…, nous convient à une conf au cours de laquelle journalistes et dirigeants de Cristaline seront invités à procéder à une dégustation à l’aveugle de l’eau du robinet et… d’une bouteille de Cristaline.

Déjà, rien que l’idée, je me marre à l’avance, si le sieur Papillaud se pointe, côté choc des cultures ça va décoiffer.

Las, évidemment Cristaline ne viendra pas. En revanche le lieu est charmant, restau bio avec coin bibliothèque qu’une phalange de bambins envahiront avant la fin du show pour y entonner des comptines en agitant leurs petites menottes.

S’ensuivent les libelles des camarades militants qui nous racontent tout le mal qu’il faut penser des bouteilles en plastok, et que l’eau du robinet du service public, ah que elle est bonne, et que Cristaline y en a être des vilains méchants, et que le service public et les associations y en a être des super-gentils. OK, pas plus que les deux rédacteurs du gratuit « 20 Minutes » présents, je n’en ai jamais douté une seconde.

Mais comme l’intervention est filmée, y a comme un gag au moment de la dégustation, la fille de la télé ne veut pas filmer une bouteille de Cristaline, ce qui pourrait lui occasionner des ennuis.

Donc toute l’assistance va déguster à l’aveugle des verres d’eau contenus dans 4 carafes d’Eau de Paris, dont 30 000 exemplaires ont été confectionnés il y a deux ans par un designer de prestige, ceci pour celles et ceux qui auraient raté un épisode de la saga. Vu comme ça, ça fait un peu zarbe, mais bon, qu’importe le flacon…

Et puis on nous annonce l’action du lendemain. Un commando de militants, aguerris, va courageusement (ça doit être les petits-neveux des Don Quichotte), partir à l’assaut du bunker des méchants de Cristaline à Thiais dans le Val-de-Marne pour y déverser des centaines de bouteilles (vides ?) en guise de protestation.

Sur ce je m’éclipse et je verrai le clip le lendemain sur FR3. Bravo pour le plan de coupe ! Les militants étaient une demi-douzaine pour vingt-cinq journalistes et on ne verra qu’eux, escaladant une grille au péril de leur jean pour déverser les bêtes immondes en plastok dans la cour du bunker.

Ici tous mes amis verts, militants, enfin les gentils quoi, je les vois déjà hurler : « T’es vraiment un enfoiré, c’est nous les bons et les autres les méchants. »

Ouais, mais on n’est pas obligés d’être benêts et de se faire rouler dans la farine par les « vrais » méchants.

Bon, je n’étais pas à Thiais, à « l’embouteillage » du lendemain, on ne peut pas tout faire, mais on m’a raconté.

Donc, nos amis du CNIID, d’Agir pour l’Environnement de de RAP (Résistance à l’Agression Publicitaire) se pointent à Thiais devant chez Neptune pour foutre le souk, … et parler à la presse.

Malin, notre ami Papillaud finit par leur ouvrir sa porte. Et voilà nos gentils zèbres qui taillent une bavette pendant trois-quarts d’heure avec le directeur commercial et la directrice marketing de Neptune.

Et qu’est-ce qu’ils leur disent les deux méchants ? D’abord qu’ils se réservent le droit d’en remettre une louche. Pourquoi ? Bon, ils n’imaginaient pas qu’allait se déclencher un pareil bordel, et qu’Eau de Paris puis le MEDD allaient réagir aussi violemment.

(Faudra leur expliquer que chez les Verts aussi y a de la campagne électorale dans l’air.)

Et nos deux méchants d’assurer à nos gentils zèbres, qui commencent peut-être à piger qu’il y a de l’eau dans le gaz (là je suis optimiste), que la campagne de Cristaline était une réponse… à celle du SEDIF de 2004, qui laissait entendre que l’eau du robinet était aussi bonne que l’eau en bouteille. Mais surtout à la dernière en date, lancée le 28 novembre 2006, un tantinet plus agressive.

Et de souligner que sur cette fameuse campagne du SEDIF lancée en 2004, la partie inférieure de la bouteille en plastique qui était incriminée était… une bouteille de Cristaline !

Il semble donc bien, hypothèse dont vous avez deviné qu’elle avait ma préférence, que nos gentils militants se retrouvent bel et bien à Chicago dans les années trente du siècle défunt...

In extremis, à la fin de l’entretien, nos jeunes zamis repartent avec un vague engagement conditionnel de Cristaline.

« On arrête les frais, sauf si le SEDIF remet ça. »

Or, selon Neptune, une nouvelle vague de la campagne du SEDIF devait démarrer en février 2007…

Bon, là-dessus Cristaline décide de lever le pied et de demander à son afficheur de stopper la campagne, le mercredi 17 janvier.

Après c’est la fin de la séquence, la Ministre qui nous dit, toujours à la télé, être très fâchée, les agences, les journaux, les sites en ligne, les radios, les télés, qui nous racontent que le Maire de Paris va s’associer à la plainte que sa verte pédégère va déposer contre Cristaline.

On va disséquer la campagne de pub sur le site du MEDD, nous dire que l’eau du robinet elle est très bonne, que si elle sent un peu l’eau de Javel, faut la laisser un peu dans le frigo. Et patati, et patata.

Après on rentre de vacances et on change de programme : l’ISF de Ségolène, Hulot ou pas Hulot, Bové ou pas Bové, la routine.

L’infernal barnum médiatique qui s’est déclenché en l’espace de quelques heures, les affirmations à l’emporte pièce des deux camps en présence, laisseront durablement planer dans l’esprit du public, déjà légitimement enclin à la suspicion, qu’il y a décidément quelque chose de pourri au royaume de la flotte.

En lançant sa campagne destroy Cristaline a limité les dégâts.

Non pas qu’elle ne doive désormais apprendre à ruser avec les contraintes nouvelles que va lui imposer le décret, à ses yeux scélérat, publié au JO du 12 janvier 2007.

Mais l’essentiel n’est pas là.

Son cœur de cible, les acheteurs d’eau de source d’entrée de gamme - pour autant que la campagne médiatique les aient bouleversifiés -, sera même conforté dans son idée bien ancrée que les pouvoirs publics mentent et dissimulent la dégradation croissante de la qualité de l’eau du robinet distribuée en France.

Les pouvoirs publics sont très, très, très embêtés. Ils ont cédé sur toute la ligne aux suppliques de nos amis du Cartel, mais n’ignorent aucunement que la pollution croissante des ressources en eau est tout sauf une lubie d’environnementalistes allumés.

Qu’il faut déjà très souvent recourir massivement à l’eau en bouteille quand on ne peut plus boire l’eau du robinet. Et si une crise grave survient, on fait comment ?

Les distributeurs auraient tort de par trop de se réjouir de cette incontestable victoire, tant le contexte général de la période laisse augurer que la « gouvernance » de l’eau est décidément entrée dans une ère de violentes turbulences.

Le bal des vampires

Ca devait évidemment se produire, mais là je dois avouer que j’en reste sans voix, ou presque… C’est dire. Forme d’apothéose en conclusion de notre saga. Quoique parti de la sorte, le feuilleton nous réserve à n’en pas douter de nouveaux rebondissements…

Dans un communiqué rendu public le 23 janvier 2006, l’entreprise Brita, qui commercialise des « purificateurs d’eau domestique », des « carafes », des « cartouches filtrantes », des « filtres pour fontaines à eau »…, exprime son soutien à Eau de Paris au sujet de la polémique qui l’oppose à Cristaline !


De deux choses l’une, soit l’eau du robinet est nickel, et Brita va être poursuivi pour publicité mensongère, concurrence déloyale et parasitisme commercial.

Soit elle ne l’est pas, et alors…

Brita argue du fait que Cristaline a vivement critiqué l’eau du robinet, à raison notamment du fait que l’on recourt au chlore pour écarter tout risque de contamination bactériologique.

Brita, bon prince, argue que si cette substance est « indispensable à la qualité sanitaire de l’eau », les filtres qu’elle commercialise permettent de faire disparaître l’odeur ou le goût désagréable qu’elle peut engendrer.

Le groupe indique également que ses systèmes de purification réduisent la teneur en calcaire de l’eau, et que les éléments des cartouches pour carafes sont recyclables.

Par ici le cash-flotte !

« Filtrer son eau domestique limite la pollution induite par la fabrication, le transport et le rejet des bouteilles en plastique », indique le communiqué, furieusement développement durable.com.

Quel talent !

On imagine la cellule de crise et les « éléments de langage » sur Powerpoint :

 Crise = opportunité.

 Nos produits concurrencent l’eau en bouteille.

 MAIS ils rendent l’eau du robinet plus pure.

Là c’est le Grand Prix 2007 du développement durable qu’ils vont se voir décerner.

Nous vivons une époque épique.

Cristaline Underground : une ‘’connection that captivate

Il y a mieux ! Avec ces gens-là, monsieur, pouvez être assurés que vous ne serez jamais déçu…

Voilà-t-y pas qu’un dénommé Emmanuel Charonnat, DGA Etudes de Starcom, une filiale française de Publicis Groupe Media, « deuxième réseau mondial d’agences média », qui fourgue au chaland ses élucubrations sur le process ‘‘Connections That Captivate’’ (ou CTC), qui « représente la vision de notre métier », poste le 25 janvier 2007 (à 13h42 pour être précis) sur le blog qu’ils ont ouvert pour vendre du vent (pas encore vu d’éolienne siglée Publicis, attendons la prochaine conf de presse de Mme Olin), une importante réflexion que je ne pouvais manquer de proposer au débat (participatif).

Bon, notre gus il a pris le métro et il a vu une affiche, et voilà ce que ça donne :

« Un matin de la semaine dernière, en pénétrant le quai de métro, j’ai été frappé, comme tout un chacun, par l’affiche Cristaline, qui a défrayé la chronique.


Son slogan était : “Qui prétend que l’eau du robinet a bon goût ne doit pas en boire souvent”.


Ne vous y trompez pas, sur la photo, il s’agit d’une autre annonce qui, elle, n’a pas été affichée, mais qui circule quand même, pour le buzz.

Sans juger de la création affichée, de la pertinence et de l’efficacité du message, et sans vouloir m’immiscer dans le débat (la réponse du berger à la bergère … ?), je constate simplement que l’impact de la campagne est garanti par la médiatisation de l’affaire, et le bouche à oreille, mais aussi, selon moi, par un choix approprié du point de contact.

Le support de cette ‘’connection’’ qui capte l’attention m’a semblé particulièrement adapté :

 regarder cette affiche le matin aux heures de pointe m’a apporté un sujet de discussion pour le reste de la journée et même les jours suivants, sans compter ce billet sur le blog,

 le métro (subway, sous-terrain) est propice à lancer un débat entre ’’eau de source du robinet’’ et ‘’eau de source en bouteille’’ (tiens tiens il paraît que certains hôtels de Las Vegas vendent de l’eau du robinet en bouteille…) : parler d’eau sous terre, quoi de plus naturel ?

 la possibilité de s’arrêter devant l’affiche (parallèle au quai) pour la lire et relire, et de la retrouver le soir en prenant le métro en sens inverse : captivé par le message, je l’ai même prise en photo avec mon téléphone portable !

Et, en général, ça occupe, les affiches dans le métro : ne serait-ce que les annonces de sorties de cinéma, de théâtre,…


Il m’arrive de voyager dans un métro étranger où il n’y a pas d’affiches (pub ou pas pub), et de le trouver triste ou sans vie. »

Le mec il a "pénétré le quai de métro".

Il a vu une affiche.

Ca lui a donné plein de sujets de conversation.

Même qu’il a photographié l’affiche avec son téléphone portable.

Et il est content.

Je serais Castel je lui demanderais de présider le Comité de soutien à Cristaline…

Réplique boursière

Hep, et ce n’est pas fini, vous n’imaginez tout de même pas que vous allez vous en sortir déjà !

Une nouvelle réplique de notre tsunami, qui va cette fois fortement réjouir Jean-Marc Sylvestre, que nous avons perdu de vue depuis plus de deux heures (le temps qu’un ami lecteur a mis à parcourir notre saga, bon il ne semblait pas excessivement fâché), une nouvelle réplique donc.

Jeudi 25 janvier à 16h47. Une alerte. Ah, c’est le secteur « Eau » du « Blog bourse » de nos zamis de Boursier.com…

« Un leader de la filtration profite de la polémique Cristaline ».

Voilà-t-y-pas que « H2O Innovation » s’est fait remarquer pour son 1er jour sur Alternext !

« Alternext, le segment de marché d’Euronext réservé aux petites et moyennes entreprises, a accueilli aujourd’hui sa première société nord-américaine avec l’introduction de H2O Innovation (lien vers la présentation de e-sasha).



(Bon, là si vous voulez l’avoir le lien faudra cliquer chez ces gens là, pas de ça chez nous, non mais !)

« H2O Innovation, déjà côté au Canada, a réalisé un placement privé pour un montant total de 6,5 millions d’euros, lui permettant de s’introduire sur Alternext via la procédure de cotation directe.



« Cette nouvelle introduction, la 3ème d’une société étrangère après l’italien Safwood et le britannique Assima, porte à 78 le nombre total de sociétés cotées à ce jour sur Alternext, soit une capitalisation boursière de 3,7 milliards d’euros.



« Créé en 2000, H2O Innovation est un spécialiste de la conception et du développement de produits pour la production d’eau potable et le traitement des eaux usées.



Le titre, coté au fixing, grimpait de 11% à 1,01 euro ce jeudi, dans un volume de 350.000 pièces. »

« Dans un volume de 350 000 pièces », vous je ne sais pas, mais là je retrouve cette petite musique balzacienne évoquée plus haut, et qui va me valoir des fâcheries avec nos ami(e)s verts…

Nestlé licencie massivement

Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour enregistrer d’autres dégâts collatéraux du séïsme. Le lendemain.

Là ce n’est plus de la rigolade.

Nestlé France a annoncé à son comité d’entreprise, vendredi 26 janvier 2006, la suppression de 350 emplois, d’ici à la fin de l’année 2008, à son siège de Noisiel, en Seine-et-Marne.

La direction de la société a précisé que ces suppressions de postes prendraient la forme de "mesures de départ anticipé de fin de carrière, de préretraites et de mesures de mobilité interne", décidées après des "discussions avec l’intersyndicale".

Elle a ajouté que ces mesures n’entraîneraient pas de licenciements.

Pour justifier ce plan, les dirigeants de Nestlé France avancent que "l’évolution des marchés nécessite des adaptations permanentes pour renforcer la compétitivité".

La CGT du siège social, de son côté, juge que ces "restructurations continuelles" sont "dénuées de fondements économiques".

L’organisation syndicale s’est dit "indignée de cette nouvelle restructuration qui survient après celles des usines laitières et la disparition de l’établissement Saint-Menet, à Marseille".

Cette usine avait fermé le 31 janvier 2006. Elle a été ensuite reprise partiellement par Net Cacao, qui a réembauché 180 des 427 salariés.

Selon les syndicats, des "menaces" pèsent également sur les sites de Dijon (500 emplois), Quimperlé (Finistère, 200 salariés) et Challerange (Ardennes, 80 emplois).

impression

commentaires

1 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Tout simplement fabuleux, les 6 épisodes se lisent comme un polar. Je le recommande à tout mes petites copines et copains.

poste par Papypeinard - 2007-01-26@20:39 - repondre message
2 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Merci pour votre lecture. Votre sagacité vous aura sans nul doute fait apercevoir qu’il m’aura fallu m’astreindre à n’évoquer cette ténébreuse affaire qu’avec les précautions d’usage. Mais le tableau me laisse toutefois espérer que d’inévitables pataques, eu égard à ce qui précède, nous permettent d’y revenir très vite, dans la joie et la bonne humeur @
Bien cordialement.

poste par Marc Laimé - 2007-01-26@20:50 - repondre message
3 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Même commentaire que Papyeinard

Le puzzle est remarquablement assemblé, et la plume pleine d’humour malgré le côté effrayant de l’Affaire Cristalline.

Félicitations pour ce remarquable travail de décryptage en espérant que vous aurez beaucoup de lecteurs

Et en espérant que les pouvoirs publics vous lisent

Jerome

poste par Batteau - 2007-01-26@22:04 - repondre message
4 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Merci pour votre lecture. Je ne sais pas trop en la circonstance si la lecture des pouvoirs publics apportera de l’eau au moulin d’une "gouvernance durable" de ce qui nous préoccupe ici... Ah, et notez que notre feuilleton vient de s’enrichir en conclusion, après votre lecture, de nouveaux rebondissements... Bien cordialement.

poste par Marc Laimé - 2007-01-27@07:40 - repondre message
5 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

voici un lien vers le livre de colin ward "les voleurs d’eau" qui rejoint certaines de vos preocupation
MORIEL

poste par X - 2007-01-27@12:45 - repondre message
6 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Bonjour,

L’ouvrage de Colin embrasse effectivement des préoccupations similaires à celles qui montent en puissance aujourd’hui en France. Merci de nous le rappeller. Cordialement.

poste par Marc Laimé - 2007-01-27@13:01 - repondre message
7 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Un grand merci pour ces informations cruciales sur le côté "obscur" de l’eau. Il est difficile de ne pas applaudir à la démonstration très convaincante de tout ce qui se trame dans le dos des consommateurs sur un produit vital qu’ils sont obligés de consommer à haute dose journalière pour ne pas finir dans le très seyant costard en sapin évoqué dans l’article n°4. Comme il est très difficile de ne pas réagir à ce déluge d’informations et à ce dossier très bien argumenté, je vous livre en vrac les sentiments (très contradictoires) que cette prose a déclanché dans ma cervelle composée à 90% d’eau...

i) Première question angoissante : Marc Laimé étant constitué d’environ 70% d’eau et ayant dû dépenser une quantité astronomique d’ATP pour écrire et publier ce dossier, comment s’alimente-t-il en eau potable ? Sûrement pas au robinet, ni à la bouteille et encore moins à l’eau osmosée puisque ces trois sources d’approvisionnement sont lapidées sans appel. L’eau distillée peut-être ? Bien que je ne sois pas du tout preneur, je reconnais qu’il y a des adeptes. L’eau des Hunzas péniblement reconstituée par Flanagan & Co Ltd alors ? Dur pour le porte-monnaie... J’avoue que la question me turlupine et que j’aimerais bien avoir une réponse...

ii) Je n’habite pas Paris et je délaisse depuis bien longtemps la presse télévisée où entre deux tranches de pubs (certains spots semblant même vanter les mérites ou les noirceurs de certaines eaux) on me sert matin, midi et soir un savant cocktail de toutes les manières de cuisiner la viande humaine. Ecoutant la radio au moins 3h par jour et lisant la presse écrite tous les jours, je suis un peu gêné par l’expression "barnum médiatique" utilisée pour décrire l’affaire cristaline. A mon humble niveau d’auditeur radiophonique et de lecteur lambda rien n’a transpiré de toutes ces agitations visiblement très Parisiennes. Est-ce encore un coup de ce sacré "Morlay-man" tant médiatisé par la série X-Files ou bien l’affaire ne pouvant qu’éclater à Paris, a besoin de temps pour pouvoir transpirer jusqu’à la province ? Là-aussi peu de réponses dans les six brûlots lus avec pourtant une extrême avidité de provincial pas très au courant.

iii) La diatribe sur l’osmose inverse m’a laissé particulièrement pantois. On y trouve effectivement la pratique commerciale extrêmement douteuse de l’eau électrolysée réalisée par des personnes n’ayant aucune compétence technique dans le domaine. J’aurais cependant aimé que soit exposée la vraie raison qui décide les gens peu informés à signer le contrat proposé par l’escroc trop poli pour être honnête. En particulier, ce n’est pas le fait que l’eau du robinet ou l’eau en bouteille devienne noire après électrolyse qui frappe le consommateur soucieux de sa santé. Les gens savent en effet très bien que toute eau vendue et distribuée est plus ou moins polluée. Non, le fait qui frappe le plus le consommateur et qui fait TILT, c’est quand le vendeur plonge le même appareil dans de l’eau osmosée et que rien ne se passe. L’eau reste parfaitement claire et limpide même après plusieurs minutes de trempage des électrodes... Si l’on peut critiquer le procédé employé (une eau peut tout à fait devenir noire et être parfaitement potable), il n’en reste pas moins que le vendeur acquiert une véritable "aura" de sincérité, puisque son discours colle parfaitement aux faits observés : eau du commerce ou du robinet = couleur noire, eau osmosée = eau limpide. Il est donc parfaitement exact que l’on peut via un osmoseur transformer toute eau relativement chargée en sels, en pesticides et en métaux lourds en une eau très pure et vierge de toute pollution, et ce fait scientifique indiscutable peut tout à fait être exploité à des fins commerciales. Pour vos lecteurs intéressés par la technique d’osmose inverse, on peut souligner qu’il est très facile de distinguer un charlatan cherchant uniquement à vous soutirer votre fric, d’un professionnel compétent soucieux de vous fournir un appareil destiné à améliorer la qualité de votre eau de boisson et qui doit néanmoins gagner sa vie pour faire vivre son entreprise. Un vrai professionnel vous mettra tout de suite en garde contre les dangers inhérents à l’achat d’un appareil à osmose inverse : risque mortel associé à la rupture de la membrane (prolifération bactérienne) et risque de déséquilibre pour une personne en bonne santé de consommer chaque jour en abondance un eau peu minéralisée. Concernant le premier risque le prix de l’appareil doit impérativement inclure sans possibilité de dérogation un testeur "TDS" permettant de contrôler à tout moment et de manière indépendante du revendeur l’état de la membrane. Pour le deuxième risque le vendeur doit informer le client que pour une consommation régulière (sauf avis médical contraire) la teneur en minéraux dissous ne doit pas être inférieure à 10 mg.l-1 ni supérieure à 50 mg.l-1. Il est donc impératif de reminéraliser soi-même l’eau osmosée via l’ajout d’une minuscule pincée de sel (non raffiné) choisi pour sa teneur en nombreux oligo-éléments. Pour les "ultras", le vendeur peut aussi proposer un système dit de "dynamisation", mais celui-ci doit obligatoirement être en option et entièrement facultatif, le simple ajout de sel étant déjà une dynamisation en soi. Enfin le vendeur doit aussi vous informer que l’eau du robinet étant systématiquement chlorée, il est impératif de veiller à changer régulièrement le filtre à charbon actif qui doit être systématiquement placé AVANT la membrane de manière à empêcher son attaque par le chlore. Là encore, un vendeur sérieux peut vous proposer de vous fournir des filtres de rechange mais il doit aussi vous informer que ces filtres sont parfaitement standards et peuvent donc être achetés au meilleur prix dans n’importe quelle boutique proposant des systèmes de traitement d’eau.

A part cela, encore bravo pour votre site que je parcours toujours avec intérêt (je bénis chaque fois le courageux anonyme qui m’a mis sur votre liste de distribution) même si parfois je suis un peu largué par mon choix de ne pas regarder les journaux télévisés et toute la pub gravitant autour de ces nouveaux autels dédiés au dieux de la pratique consumériste frénétique et irraisonnée.

poste par Marc Henry - 2007-01-27@15:36 - repondre message
8 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Merci pour votre message qui témoigne d’une lecture aussi attentive que vigilante...

Parisien, je bois l’eau que me distribuent Eau de Paris (et Veolia !), ni particulièrement rassuré, ni affreusement inquiet, le parisien-type :-)

J’y insiste car vous avez particulièrement bien perçu l’un des aspects les plus notables de notre histoire : le hiatus colossal entre la perception des enjeux de l’eau à Paris, et dans les grandes métropoles, et celle que l’on peut se forger quand toutes les problématiques de l’eau irriguent le quotidien. Nous sommes devenus autistes, l’eau un service industriel, d’où ce que je dénonce (malignement) comme un barnum médiatique parisiano-centré, inévitable en la circonstance.

A ce titre j’ai été frappé par la tonalité des témoignages que j’ai pu recueillir ou consulter sur de nombreux sites, qui avaient le mérite de mettre en lumière que la qualité de l’eau du robinet, défendue de façon unanime par la coalition anti-Cristaline, n’était pas aussi évidente que cette mobilisation, fortement relayée médiatiquement pouvait laisser accroire.

Ajouter que 98% des parisiens n’ont aucune relation contractuelle avec un opérateur (public ou privé), car résidant en copropriété ou en habitat social, ne voient jamais une facture, ne passent pas dans le voisinage d’une STEP, n’assistent pas au conseil municipal, etc, etc.

Il me semble du coup que le débat "lancé à Paris" est immédiatement biaisé, d’autant plus que pour les raisons évoquées ci-dessus, toute notion de la réalité de la gestion de l’eau, dans ses multiples dimensions, nous échappe aussi. Ne demeurent donc que des catégorisations très réductrices : privé/public, bouteille/robinet, etc.

Quant à imaginer que la sphère médiatique puisse de quelques manière améliorer les choses :-)

Sur le fond j’ai été sidéré de voir partir en flèche un tsunami communicationnel, qui relayait des stratégies, tant marchandes que politiques, construites, verrouillées, qui n’allaient bien évidemment accorder aucune place à une approche, non pas objective, mais simplement honnète, au regard de ce dont il s’agissait.

Sur ce registre croyez-bien que me suis considérablement modéré...

L’osmose inverse. Vos travaux ne m’étant pas totalement méconnus, je suis ravi que cette calamiteuse histoire puisse être l’occasion d’évoquer sereinement les points que vous abordez.

N’en ayant pas l’autorité je ne m’aventurerai évidemment pas à discuter tel ou tel aspect de votre argumentaire, qui a le mérite, lui, d’échapper au registre inquisitorial qui a prévalu dans la période...

Période qui m’inspire une inquiétude, celle du spectre de la balkanisation croissante d’un service public essentiel, qui... prend eau de toute part.

L’aspect infernal de cette affaire, mais je peux me tromper, résidant dans le fait que je ne pense pas que les embouteilleurs, du moins dans la catégorie ici visée, soient davantage affectés sur le long terme par le discrédit qui frappe en revanche, au vu de ce qui apparaît comme une bagarre de chiffonniers, la notion même de service public, auquel a droit tout citoyen.

Distributeurs et embouteilleurs ont ici, chacun à leur manière, marqué des points, défendu par tous moyens avouables ou non avouables, leur pré-carré.

Grand perdant le service public, si élément fondamental du "vivre ensemble". SP qui doit évidemment être rénové, démocratisé, etc, etc.

D’où ma critique du politique, des politiques, qui se sont fait embarquer dans cette histoire, voire l’ont accompagnée, lors même qu’ils n’en étaient pas... à la source.

(Bon, ça dépend de qui on parle...)

Il m’est donc apparu que ce méli-méleau méritait pour le moins qu’un certain nombre d’informations qui n’avaient pas été évoquées dans cette foire d’empoigne soient portées au débat, ce qui autorise dès lors une remise en perspective.

(Et du coup je me retrouve mal barré pour ironiser sur les débats participatifs, aïe, aïe, l’arroseur arrosé...)

Encore merci pour votre lecture attentive.

Cordialement.

poste par Marc Laimé - 2007-01-27@16:33 - repondre message
9 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

L’eau du réseau et notre santé

Bonjour Marc,

Analyser et commenter l’affaire « Cristaline » relève du funambulisme intellectuel et idéologique. Ton commentaire éclaire avec pertinence et indépendance les facettes économiques, politiques et consuméristes de la bataille de l’eau alimentaire mais me laisse quelque peu sur ma soif d’un point de vue sanitaire. Pourquoi ?

1)Dans cette guerre de l’eau alimentaire (locale, étatique, mondiale) qui ne fait que commencer, de nombreux acteurs entrent en jeu.
Outre les Verts, il ne faut pas oublier les associations environnementalistes (France Nature Environnement, Agir Pour l’Environnement, Eau et Rivières de Bretagne…) qui défendent désormais clairement la consommation de l’eau du réseau. Politiquement, ce positionnement est cohérent avec la défense du service public mais elles sortent clairement de leur domaine de compétences et d’actions qui est celui de la défense de la qualité des eaux brutes en promouvant d’un point de vue sanitaire l’eau du robinet.

Ce discours du « sanitairement correct » se retrouve dans les propos du Dr Danglot (cf l’affaire Cristaline (5)) : « l’eau du robinet reste rigoureusement contrôlée et conforme à la réglementation ». Certes, mais les critères de potabilité de l’eau en fait-il pour autant une eau bonne à boire ? A juste titre, le Dr Danglot parle de 2 définitions de l’eau potable : réglementaire et médicale. Concernant l’aspect médical, une eau est dite potable si elle ne rend pas malade même à long terme et le Dr Danglot ajoute « Dans cette optique médicale, ni l’eau du robinet ni les eaux minérales embouteillées ne sont potables, sauf exception. » Que veut-il dire ? La réponse se trouve sans doute quelques lignes plus loin : « Il n’est plus possible de boire de l’eau non polluée ».

En effet, les polluants « émergents » (résidus de médicaments à usage humain ou vétérinaire, molécules cosmétiques, certains pesticides) ne sont pour la plupart pas pris en compte dans les normes réglementaires de potabilité et certains d’entre eux ont des effets cancérigènes ou reprotoxiques (perturbateurs endocriniens) connus ou suspectés (http://www.actualites-news-environnement.com/20070124-substances dangereuses-eau.php). Cette grave omission en terme de santé publique est soulignée dans le rapport Lefeuvre (« La qualité de l’eau en France », voir : http://www.oieau.fr/nouveau/jour/MNHN.pdf) et dans ta « chronique d’un désastre annoncé ». N’oublions pas au passage, les méfaits connus de la chloration de l’eau (triplement des doses depuis le 11 septembre) notamment sur le système immunitaire. Cette réalité est systématiquement passée sous silence par les partisans de l’eau du réseau.

Est-ce alors exagérément alarmiste de considérer que l’action scientifiquement avérée des faibles doses de polluants dont certains agissent en synergie fait en partie le lit des maladies dites de civilisation (cancers, maladies neurodégénératives –Alzheimer, Parkinson…) ? Certes, personne ne connaît l’impact sanitaire de la consommation au quotidien de microdoses de polluants à long terme. Dans le doute, appliquons alors le principe de précaution !

Notons également que la réalité chimique de l’eau est globale (présence de centaines de molécules et de leurs métabolites) et non analytique (effets des pesticides / nitrates / métaux lourds…pris séparément) !

2)Eclairons maintenant le rôle d’autres acteurs de la guerre commerciale de l’eau joué par les « purificateurs » (vendeurs de systèmes à osmose inverse, charbon actif…). Ils profitent indéniablement de la polémique eau du réseau –eaux en bouteille (cf l’affaire Cristaline (6) le bal des vampires) et une minorité de vendeurs gruge les consommateurs alarmés par la dégradation de la qualité de l’eau alimentaire par des tests digne de bonimenteurs de foire (électrolyse de l’eau). Cependant, évoquer seulement ces marchands du temple et margoulins m’apparaît un peu court. Sur le fond en effet, tenons compte de la triste réalité ; la dégradation alarmante et progressive de la qualité des eaux brutes (superficielles et souterraines) est un fait mondial et sans doute le sommet de l’iceberg. Or, la seule technique universelle efficace de dépollution de l’eau (réseau ou pluviale !) pour produire de l’eau alimentaire reste l’osmose inverse couplée au charbon actif. Au consommateur (à l’aide du commentaire de Marc Henry sur ce blog) de faire le tri entre les vendeurs d’osmoseur inverse compétents, honnêtes et les arnaqueurs.

Il est clair cependant que le problème collectif de la qualité de l’eau pour nous et nos descendants va écologiquement bien au-delà de la mise en place de systèmes individuels de traitement pour l’obtention d’une bonne qualité chimique et bactériologique de l’eau alimentaire. La cohérence du combat pour l’eau passe par nos actions individuelles (économies d’eau, prise de conscience et action sur notre empreinte polluante au quotidien, choix alimentaire pour réduire l’apport d’eau virtuelle…) mais aussi collectives (actions de vigilance et de défense contre les pollueurs divers…).

4)Une minorité informelle de scientifiques dont je fais partie prône le concept "d’Eau Biocompatible" considérant que d’un point de vue sanitaire, les critères légaux de la potabilité sont nécessaires mais très largement insuffisants pour garantir une eau bonne à boire. Ce terme "d’Eau Biocompatible" englobe 3 paramètres : une lecture critique de la potabilité (action des faibles doses de polluants, synergie…), la question de la pureté minérale de l’eau à boire et celle de la structure de l’eau (dynamisations). Ce concept d’eau biocompatible même s’il est aujourd’hui officieux et très embryonnaire pour l’opinion publique et les scientifiques pourrait s’avérer des plus pertinents dans le futur en matière d’enjeu de santé publique.

En définitive, défendre politiquement et économiquement l’eau du robinet au nom du service public est juste mais c’est omettre le débat étouffé (car dérangeant pour la science et la médecine orthodoxe) et scientifiquement fondé sur la question sanitaire.

Se positionner sur la polémique entre promoteurs de l’eau du robinet et embouteilleurs est délicat et casse-gueule car il est difficile de ne pas se faire instrumentaliser. Cependant, il me semble que l’une des conditions sine qua non pour ne pas rendre le débat sur la qualité de l’eau alimentaire, plus boueux qu’il n’est, consiste en ce que chaque acteur reste dans son domaine de compétence et d’action.

Marc, continue surtout à rester ce vigile politique essentiel des enjeux de l’eau

Bien à toi

Yann Olivaux

poste par yann Olivaux - 2007-01-29@14:30 - repondre message
10 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Merci Yann. A l’instar de Marc Henry ta contribution à la mérite de souligner l’inquiétante confusion dans laquelle ce débat se déroule dans l’espace public. Nous savons qu’il n’en va guère mieux dans le champ universitaire, même si d’encourageantes évolutions s’y font jour. La difficulté en abordant ce champ c’est qu’il ne me semble pas que l’on puisse faire l’économie d’en aborder les différentes facettes afin de tenter de contextualiser une crise, c’en est une, qui nous est donné à voir sous le seul angle des "bons" et des "méchants", avec des arguments simplistes assénés avec une inaltérable bonne foi... A contrario, si crise il y a, elle a le mérite de contraindre à s’interroger sur la véritable chaîne de causalités qui l’a fait émerger. Et force est de constater en la matière, du moins vu de Paris, que la séquence médiatique qu’elle a généré était carrément ubuesque. Non qu’il s’agisse d’une nouveauté, mais pour ma part du moins... la coupe était pleine. J’attends de voir si, et comment, cette affaire va "faire bouger les lignes", contexte électoral oblige je n’échappe pas aux tics de la période. Bon, il n’est pas interdit de rêver. Amitiés.

poste par Marc Laimé - 2007-01-29@17:25 - repondre message
11 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Ben dis donc, ça fait causer... :)

Je rejoins un peu les commentaires de Papypeinard et de Marc Henry.
Étant provinciale et ne regardant pas le petit écran, je suis préservée de certaines pollutions. Mais de certaines seulement. J’ai habité quelques années en pleine cambrousse et j’ai utilisé un purificateur pour filtrer l’eau qui arrivait au robinet, celle du puits. La maison était construite entre un bois et un champs de maïs copieusement arrosé, chaque année, de pesticides et les talus de désherbants. L’agriculteur qui prenait tant soin de ses épis est mort d’un cancer à cinquante ans. Son épouse n’était pas en forme non plus lorsque j’ai quitté l’endroit.
Je suis revenue en ville et j’ai collé un filtre au robinet mais seulement pour l’eau que je bois au verre, ni pour le thé ou le café, ni pour la cuisine. Bon, ceci pour l’anecdote.

Ce qui me choque beaucoup, c’est que des entreprise privées s’approprient un bien commun, c’est-à-dire qui, par définition, appartient à tout le monde pour en tirer un maximum de profitsssss. Déjà là il y à un problème. On pourrait imaginer, par exemple, que les habitants de Vergèze s’oppose à l’exploitation de leur source par Nestlé Waters France mais je suppose que la menace de pertes d’emplois dans la région doit freiner les meilleurs intentions.

Et puis j’ai une question un peu naïve : l’eau de source qui nous arrive au robinet ne serait-elle pas mieux "traitée" et/ou mieux répartie (par le service public) si elle bénéficiait de l’apport des eaux subtilisées (frauduleusement) par les embouteilleurs ?

En tout cas, bon courage et longue vie :)

poste par agnès - 2007-01-29@15:51 - repondre message
12 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Merci de votre lecture et de votre témoignage. Celui-ci m’apparait révélateur de la situation dans laquelle nous nous trouvons et des difficultés dans lesquelles nous nous débattons. Nous dépendons toutes et tous, formellement, d’un service public dont les compétences en matière d’eau et d’assainissement sont exercées par les collectivités locales. Malheureusement cette mission de service public subit de plein fouet les conséquences de son affermage à des intérêts privés, dont l’affrontement en cours témoigne bien qu’ils ont fini par en dénaturer la conception même. La gestion privée de l’eau et de l’assainissement, mais aussi on l’oublie trop, le fait que ce sont ces même collectivités qui accordent des concessions aux embouteilleurs... Il me semble que si on y ajoute par ailleurs une dégradation croissante de la qualité des ressources en eau, qui renvoie elle même à des pollutions résultant de l’adoption de modèles économiques non soutenables à long terme, l’addition de ces phénomènes et de leurs conséquences rend impérative une remise à plat totale d’un systême à bout de souffle, qui ne remplit plus sa mission première : celle d’apporter un service de qualité à l’usager, qui le paie pourtant au prix fort... Bien à vous.

poste par Marc Laimé - 2007-01-29@17:07 - repondre message
13 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Bon le débat est lançé et c’est une bonne chose. Je suis heureux que Marc Laimé, Yann et Agnès soulèvent le problème de l’eau "bien public". Voilà beaucoup d’années que je me suis posée cette question et voici la position (non définitive) à laquelle je suis arrivée.

i) Pour des raisons scientifiquement argumentées, j’ai pris la décision après mes conférences sur l’eau, sa structure, ses molécules dissoutes, etc... de préconiser l’osmose inverse comme solution imparable à la pollution montante. Ce fut pour moi un choix extrêmement douloureux car étant plutôt de sensibilité écologique, je me retrouve régulièrement dans la position très inconfortable d’expliquer à mes auditeurs que cette solution qui est la meilleure pour leur santé et leur bien-être est aussi la pire qui soit pour l’avenir de la planète... De fait je confirme tout à fait que beaucoup de personnes refusent avec raison de recourir à l’osmose inverse car faire ce choix c’est tourner le dos de manière irréversible à la notion même de service public. J’ai en fait beaucoup d’admiration pour toutes ces personnes très courageuses qui font le choix politique de boire l’eau du robinet par civisme et luttent ainsi de manière très efficace contre la balkanisation du marché de l’eau. Je respecte donc cette position et ce choix car étant de par mon métier parfaitement au courant de tous les ravages que peuvent provoquer dans l’organisme les polluants de l’eau, je manque de courage et un peu lâchement et égoïstement je fais un usage intensif d’eau osmosée pour ma vie de tous les jours. Pour me consoler de cette attitude très égocentrique, je me dis qu’après tout il est important que je sois en bonne santé pour continuer à faire des conférences (non rémunérées puisque je suis fonctionnaire et donc déjà grassement payé via vos impôts) où j’alerte nos chers compatriotes sur les dangers extrêmement sournois tapis derrière une simple goutte d’eau.

ii) Cette mise au point étant faite il faut maintenant s’attaquer au coeur du problème. Lorsque l’on analyse froidement et sereinement le concept "eau = bien public", on s’aperçoit qu’il y a dans cette équation quelque chose qui sonne faux. A gauche, on voit le mot eau et en temps qu’organisme vivant constitué à 70% d’eau, je ressent quelque chose de forcément très intime. Cette eau devant MOI, je vais la boire, elle va pénétrer MES cellules car sans elle MES muscles ne peuvent plus bouger, MON cerveau ne peut plus penser, MON sang ne poura plus circuler, etc... Au nom de quelle idéologie peut-on décréter que toute eau est bonne à boire pour tout le monde (membre gauche de l’équation). Comme on le sait bien, nous ne sommes pas égaux devant la maladie. Pour ceux d’entre nous qui sont malades, certains organismes ont besoin pour guérir de boire une eau ultra-pure alors que d’autres auront besoin au contraire d’une eau très chargée en sels minéraux. C’est sur cette corde extrêmement sensible que joue avec dextérité les embouteilleurs de tout poils qui multiplient les marques en espérant ainsi s’adapter au mieux aux besoins multiples car forcément individuels. Par sa définition même une eau du robinet ne peut pas jouer sur ce terrain et se trouve d’office éliminée du jeu... Pas si sûr, car les personnes attentives auront bien évidemment noté la précaution oratoire que j’ai utilisée avant d’asséner cet argument suprême " Pour ceux d’entre nous qui sont malades... ". Bien évidemment, lorsque l’on n’est pas malade, la question ne se pose plus et vive l’eau du robinet... Pas si sûr car alors se pose alors le problème du niveau de pollution (car au bout d’un certain temps on tombe malade et donc retour à la case départ) mais aussi comme le souligne Yann de la biocompatibilité de cette eau de boisson. En effet, même si vous êtes en bonne santé, toute votre machinerie cellulaire avide d’eau est un véritable bijou unique au monde et une eau de qualité constante n’aura donc pas du tout les mêmes effets sur Mr X ou Mme Y. On en vient ainsi tout doucement à la conclusion qu’imposer une eau de boisson unique à toute une population revient in fine à nier l’originalité de chaque être vivant, une position éthiquement intenable. Réciproquement, laisser à chacun le choix de son eau de boisson supposent que les personnes soient suffisamment éduquées pour savoir quelle eau boire, car il est très facile de s’empoisonner gravement en buvant de l’eau (même osmosée). Dans ces conditions, multiplier l’offre revient à agir à l’encontre de la santé publique, une autre position éthiquement intenable. Que faire alors ?

iii) Ceux qui m’auront suivi jusque là seront peut être un peu surpris de voir que derrière ce composé en apparence très banal se cache un véritable casse-tête scientifico-médico-politico-juridico-philosphico-éthique. Ce fait est inscrit dans la nature même de ce fluide vital et c’est précisément parce que nous sommes faits d’eau qu’il est aussi difficile de trouver une position raisonnable non contradictoire sur l’eau (les matheux verront ainsi dans l’eau une très belle illustration du célèbre théorème de Gödel). Pour ceux qui l’auraient oublié (ou qui n’en aurait pas conscience), les révolutionnaires de 1789 se sont trouvés exactement devant le même problème insoluble. Certains mettaient en avant le fait que la révolution était synonyme de liberté, tandis que d’autres prétendaient au contraire qu’elle était synonyme d’égalité. Or si l’on y réfléchit bien, liberté (eau intime) et égalité (eau publique) sont deux concepts antinomiques et inconciliables. Liberté signifie diversité, individualisme, fragmentation tandis qu’égalité signifie monotonie, collectivisme et unification. Les deux notions sont bien exclusives l’une de l’autre et l’on voit que l’eau est non seulement schizophrène par sa formule chimique H2O mais aussi schizophrène politiquement parlant. Or précisément, nos braves révolutionnaires nous ont soufflé la solution pour concilier ces deux aspects, puisque la devise qui fut finalement adoptée pour qualifier la très jeune république fut finalement ternaire (liberté, égalité ET fraternité) et non plus binaire. Cette recette nous incite à reconnaître qu’à côté de l’eau intime (liberté) et de l’eau publique (égalité) il faut absolument prévoir de la place dans le débat pour un pôle stabilisateur que l’on pourrait très bien appeller en hommage à nos pères fondateurs "eau fraternelle", c’est-à-dire eau qui se partage.

iv) Ce concept "eau fraternelle" est-il viable sur le plan politique ? La réponse est évidemment "oui" puisque ce système a fait ses preuves durant des millénaires. Le fait qu’il soit rarement mentionné ou identifié aujourd’hui est à l’origine du délire qui s’empare de tout être humain dès que l’on parle d’eau. En effet, partager l’eau n’implique pas qu’elle soit la même pour tous et n’implique pas plus qu’on la garde jalousement pour soi. Le programme politique qui se dessine derrière cette idée est de renoncer à la notion même de robinet. On revient ainsi au modèle ancestral qu’a connu l’être humain depuis qu’il existe sous la forme de la source ou du puits. En effet avant les miracles de l’eau potable c’est l’homme qui allait à l’eau et non pas l’inverse puisque de nos jours c’est bien l’eau qui vient à l’homme. Le coût de cette révolution technologique (le robinet) et de cette inversion fatale des rôles a été la mise en veilleuse du côté fraternel de l’eau ne laissant sur le terrain que les deux pôles antagonistes qui luttent sans merci pour la domination du marché : "eau en bouteille" (côté liberté) et "eau du robinet" (côté égalité). On peut donc très bien sortir de cette dichotomie sanglante à bien des égards et calmer ainsi un peu le débat en informant l’être humain qu’il a un devoir vis-à-vis de cette substance pas comme les autres : l’eau. Devoir de la préserver de toute pollution évidemment puisqu’elle est destinée à être partagée par tous mais aussi devoir de ne pas lui imposer des trajets trops longs. En gros il faut absolument faire une partie du chemin et aller à la rencontre de l’eau.

v) Je vois d’ici les réactions du citoyen lambda : "retourner au puits, jamais..." et l’on pourrait de fait croire que je prône un formidable retour en arrière quand l’homme n’était qu’une bête aux abois obligé de courir de points d’eau en points d’eau pour assurer sa survie. Il n’en est rien, car le retour à la source dont je parle n’a rien de physique mais est purement moral. L’humanité a en effet progressé sur le chemin de la connaissance technologique et il est hors de question de revenir en arrière. Non, nous sommes arrivés à une telle technicité dans le traitement physico-chimique de l’eau qu’il faut maintenant pour progresser encore et ré-introduire dans l’eau ce qu’avant on pouvait trouver en abondance à la source ou au puits et qui a été extrêmement malmené, c’est-à-dire la biocompatibilité. L’eau pure est un mythe et seuls ceux qui ne veulent pas savoir peuvent croire que l’eau qu’ils boivent quotidiennement a pour formule H2O. L’eau que l’on doit boire est plus que cela, c’est un mélange très subtil de sels minéraux, de gaz dissous, de colloïdes voire parfois de micro-organismes (tous ne sont pas pathogènes). Dans ce cadre "aller vers l’eau" signifie qu’une fois qu’on l’a purifiée de toutes ses souillures liées au pompage, transport et transvasements, on lui redonne toutes les vertus qu’elle avait au moment de son jaillissement. Cette manière de voir les choses modifie considérablement le débat et élimine d’office les deux tricheurs de l’histoire. Tout d’abord exit ceux qui vendent l’eau en bouteille. Ces gens là n’ont visiblement rien compris à la nature de l’eau puisqu’ils multiplient les marques et font croire que l’eau qu’ils procure a les mêmes vertus que l’eau tirée au griffon. Ces gens là ont tout faux puisque non seulement ils mentent, mais en plus ils amènent l’eau à l’être humain via des moyens de transports les plus polluants que l’on connaisse (transport routier) et via des contenants (bouteilles en plastique) qui sont destinés à finir à la poubelle. Bref le cauchemar écologique a l’état pur avec en prime un zeste d’escroquerie intellectuelle. L’autre acteur, le distributeur d’eau, est a priori en meilleure posture. En effet le moyen de transport de l’eau est ici écologiquement acceptable, mais lui aussi trompe son monde en vouloir faire croire qu’il est possible via la potabilisation et la chloration de fournir une eau "standard" excellente pour tout le monde.

vi) Pour avancer, on pourrait imaginer que l’on garde le système de distribution classique mais que l’on se contente de fournir une eau moyennement potable et surtout non chlorée (idéal pour minimiser les coûts et éviter les problèmes de corrosion conduisant aux fuites). On satisfait ainsi au critère "d’eau publique". Cette eau serait évidemment interdite de boisson et serait réservée aux usages domestiques. Pour toutes les habitations fourniture d’un deuxième robinet destiné à dispenser l’eau de boisson via un système de traitement collectif (immeuble) ou privé (pavillon). L’eau quitte ainsi son statut "public" pour devenir "privée". Enfin à charge de chaque consommateur d’aller lui-même vers l’eau en la rendant "biocompatible" c’est-à-dire apte à entretenir la bonne santé via toute une panoplie de techniques allant de la moins chère (ajout de sel) jusqu’à la plus onéreuse (eau ultra-colloidale). On satisfait ainsi au critère "eau fraternelle", la fraternisation s’appliquant au minimum avec l’eau elle-même (eau intime) ou au choix avec un ensemble d’individus vivant sous le même toit, dans le même immeuble ou dans le même quartier...

Je suis parfaitement conscient que tout cela semblera bien utopiste à beaucoup d’entre vous et qu’il ne sera pas très difficile de soulever de multiples objections pratiques toutes plus valables les unes que les autres qui feront qu’in fine tout continuera comme avant. Il se peut aussi très bien que via la magie d’internet, une prise de conscience collective ait lieu et que l’on change très vite de paradigme car la situation devient extrêmement critique. Dans ce dernier cas de figure ces quelques lignes écrites à la va-vite n’auront pas été du temps perdu mais au contraire du temps gagné vers la recherche de nouvelles solutions. Le temps est peut être venu de partager non seulement l’eau mais aussi nos idées sur l’eau...

poste par Marc Henry - 2007-01-30@12:55 - repondre message
14 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Vous ouvrez, et vous nous offrez un champ de réflexion considérable, avec des remises en perspective qui bousculent effectivement les cadres d’appréhension préétablis. je n’aurai pas l’outrecuidance d’engager le débat point par point, mais réfléchis aux développements que nous pouvons imaginer. En tout cas merci de ces observations qui ont l’immenser mérite de nous aider à nous extraire d’un affrontement décidément, et vous le confirmez si besoin était, bien mal engagé. A très bientôt. Cordialement.

poste par Marc Laimé - 2007-01-30@18:56 - repondre message
15 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

J’ai trouvé l’intrigue passionnante (et bien écrite).

Je ne saurais malheureusement pas vraiment argumenter sur ce qui s’est dit dans les commentaires.

Juste la phrase dans le dernier commentaire de Marc Henry : "Je vois d’ici les réactions du citoyen lambda : "retourner au puits, jamais..."

Mais n’est-ce pas pourtant ce qu’il fait, ce citoyen, en se rendant dans son épicerie/supermarché, souvent distant(e), et se trimballant son pack de 6*1.5 litres jusqu’à chez lui ?
C’est ce que je trouve fou dans l’eau embouteillée : ce retour à Cosette qui va chercher l’eau au puit. Tout en prétendant qu’il s’agit là d’un progrès.

Merci, en tout cas, pour votre travail.

poste par X - 2007-01-30@23:27 - repondre message
16 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Bonjour,

Merci pour votre lecture. Vous pointez bien l’absurdité d’un "progrès" habilement marketé. Une autre image qui me vient toujours à l’esprit quand je vois des personnes ployer sous le poids des fameux packs : celle des estampes qui nous montrent les porteurs d’eau au pied des immeubles à Paris au début du XiXème siècle. N’empêche, on voit bien que quelque chose ne tourne pas rond quand, d’une part, les arguments à l’emporte-pièce des deux camps qui s’affrontent dans une guerre commerciale ne résistent pas à l’examen critique, et que de l’autre cette guerre commerciale outrancière surgit dans un champ que la puissance publique est investie de la mission de réguler. Bien cordialement.

poste par Marc Laimé - 2007-01-31@07:06 - repondre message
17 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Bien le bonsoir...

Je souhaitais juste rebondir un peu, un tout petit peu et partiellement car je ne suis pas scientifique, sur les propos de Marc Henry... La vrai utopie, je crois (le vrai progrès ) serait, en premier lieu, d’adopter un mode d’agriculture sain et bocager : replanter les haies, reconstituer les talus et les fossés qui ont un rôle filtrant pour les eaux de pluie, et d’utiliser d’autres méthodes, il en existe, pour lutter contre les maladies et les insectes que ceux qui condamnent le biotope eaux-plantes-animaux-humains... Côté industriel, on sait que les entreprises, grandes consommatrices d’eau et les plus polluantes, paient l’eau beaucoup moins cher que le particulier. C’est pourtant le particulier qui paye la facture de l’épuration de ces eaux polluées. Je pense que là aussi il y a des batailles à mener, à gagner, pour que les pollueurs adoptent des systèmes de production plus respectueuses de la nature (et de l’humain aussi). Et puis pour chacun de nous, au quotidien, il y a des gestes à faire, à ne pas faire. Dans notre consommation, faire le choix entre l’utile et le futile, se faire plaisir mais à quel prix, au prix de quelle vie, de quelles vies, etc...

A propos de l’appartenance... Êtes-vous certain monsieur Henry de vous appartenir vraiment. Votre eau, votre cerveau, vos muscles, etc...? Moi je n’en suis pas si convaincue. Nous sommes vous et moi extrêmement dépendants, et tributaires, de notre environnement, naturel, familial, culturel, social, politique, économique... Qu’il nous appartienne de rire, d’aimer, de penser, de partager, c’est déjà très beau :)

Un grand merci à vous Marc Laimé

poste par agnès - 2007-01-31@21:03 - repondre message
18 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Merci Agnès pour votre commentaire. Je puis vous rassurer tout de suite, car vous avez tout-à-fait raison : on ne s’appartient pas. Quand on prend un peu de recul par rapport à sa modeste personne, on s’aperçoit de fait que ce qui compte réellement ce ne sont pas les personnes elles-même mais les relations que ces personnes nouent entre elles. C’est dans ce vaste réseau de relations humaines que se trouve la vraie "réalité" des choses et non pas dans ces pauvres marionnettes faites de chair et de sang qui sont prises dans le tourbillon de ces relations souvent conflictuelles et génératrices de conflits. Tous nos problèmes viennent de fait de cette difficulté que nous avons à voir une réalité dans les choses alors que ces choses ne sont que le résultat visible, la matérialisation, des multiples interactions invisibles que nous entretenons avec la nature, les autres êtres humains, les animaux, les plantes, les bactéries et même les cailloux !!! Croire que l’on est isolé et autonome dans un monde extérieur fait pour satisfaire nos désirs est clairement une impasse vers laquelle nous pousse irrémédiablement la société de consommation actuelle au sein de laquelle nous essayons de survivre. Si telle n’était pas ma conviction profonde, je ne perdrais pas mon temps sur le blog de Marc Laimé qui si j’analyse bien ce qu’il écrit se bat pour que les gens prennent enfin conscience que le réseau prime sur les composants ou les noeuds de réticulation. Je tenais à préciser ainsi clairement ma position, car je m’aperçois que mon analyse avec ses MA, MON et MES pourrait être mal interprétée. En effet, en faisant cela je ne faisais que refléter l’état d’âme de bon nombre de personnes qui se posent la question d’acquérir un osmoseur pour leur eau de boisson. Il faut savoir que beaucoup de personnes raisonnent de la sorte et dans un souci de faire progresser le débat il est bon que ce type de raisonnement qui sous-tend l’acte d’acheter un osmoseur soit enfin mis au grand jour par quelqu’un, même si cela amène inévitablement à faire croire que cette personne adhère à ce qu’elle écrit. Qu’il soit donc bien clair que j’ai écrit mon dernier message pour argumenter et amorcer un dialogue et non pour asséner des vérités destinées à être lues sans esprit critique, car je suis tout ce que voulez sauf un homme politique. Je ne cherche en particulier à convaincre personne de me suivre ni de voter pour moi mais simplement à agiter un peu la toile dont je parlais au début de ce texte.

Je souhaite aussi remercier le quidam "X" qui m’a fait prendre conscience d’un fait qui m’avait bel et bien échappé. Là aussi je partage tout-à-fait son analyse que finalement aller acheter son pack d’eau de 6x1,5 litres au supermarché nous ramène à l’époque de Cosette et donc que grâce aux embouteilleurs beaucoup de consommateurs ont bel et bien accepté sans sourciller de revenir à l’âge de pierre. Merci donc pour cette observation très pertinente que je ne manquerais pas d’inclure dans ma liste des bonnes raisons pour ne pas boire l’eau en bouteille.

poste par Marc Henry - 2007-02-1@09:25 - repondre message
19 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Nestlé France a annoncé à son comité d’entreprise, vendredi 26 janvier 2006, la suppression de 350 emplois, d’ici à la fin de l’année 2008, à son siège de Noisiel, dans le Val-de-Marne.

NON NON NON , Noisiel c’est dans le 77 !

poste par X - 2007-02-13@11:54 - repondre message
20 L’Affaire Cristaline (6) : Paysage après la bataille...

Merci pour votre vigilance. Je rectifie.
Cordialement.

poste par Marc Laimé - 2007-02-13@12:01 - repondre message
vous aussi, reagissez!