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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Irrigation : Nicolas Hulot au milieu du gué
par Marc Laimé, 8 août 2017

Le ministre de l’Ecologie doit annoncer le mercredi 9 août 2017 en conseil des ministres un ensemble de mesures concernant l’irrigation et le stockage de l’eau. Il est fortement à redouter que l’icône écolo ne mange son chapeau, et ne cède tout au lobby agricole, qui a soigneusement préparé son coup de force depuis des années. Si c’est le cas, l’illusion Nicolas Hulot n’aura duré que le temps d’un été…

Le ministre de la Transition écologique doit présenter le 9 août en Conseil des ministres un "plan" sur la gestion de la ressource en eau.

Il l’a dit récemment devant une commission du Sénat : « Les variations climatiques ne vont pas arranger » la situation de stress hydrique qui tend à se répéter et à s’intensifier en France.

Comme l’illustre cet été 2017 où l’on ne compte plus à ce jour que dix départements encore indemnes de toute consigne préfectorale sur la consommation d’eau. Hors ces « oasis », partout ailleurs les « arrêtés sécheresse » n’ont cessé de s’accumuler ces derniers mois.

Ceux-ci vont du simple appel à la vigilance à la mise en alerte, où la ressource est contingentée, jusqu’à l’état de crise. Ce dernier scénario est le pire car il interdit de prélever de l’eau sauf besoin prioritaire (santé, sécurité civile, eau potable).

Aujourd’hui, une vingtaine de départements en sont à ce stade ultime sur tout ou une partie de leur territoire. Le rouge vif est mis sur la majeure partie de l’ouest de la France, de la Seine-Maritime aux Pyrénées-Orientales.

Le grand quart sud-est de l’Hexagone, lui, reste surtout soumis à des restrictions d’usage et les arrêtés d’interdiction y sont très rares. Dans les Alpes-Maritimes, théâtre d’impressionnants incendies de forêts, seule la vigilance est de mise.

Cette situation découle en partie de la différence de régime pluviométrique des territoires. Jusqu’au printemps, la région Paca et la Corse ont été plutôt bien arrosées, ce qui a permis de recharger les nappes souterraines. Mais depuis mai, c’est le sec absolu et, pics de chaleur aidant, les sols sont devenus très inflammables. Le contraire de ce qu’a connu l’ouest du pays, où la pluie ne s’est guère montrée depuis les averses diluviennes de juin 2016 et où le niveau des nappes est très bas.

Cet état de « sécheresse hydrologique », distinct de celui de « sécheresse météorologique » observé sur le pourtour méditerranéen, va-t-il encore s’étendre ? « La situation devrait être stationnaire sur les deux prochaines semaines », estime Jean-Michel Soubeyroux, directeur adjoint de la climatologie et des services climatiques à Météo-France. Un facteur particulier devrait jouer, les récoltes dont l’heure approche et, avec elles, la baisse de l’irrigation.

En tout état de cause, le risque de sécheresse ne va pas faiblir à moyen terme. Car l’élévation des températures en France accélère l’évaporation. « On assiste bien à une augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses des sols depuis 1980 », indique Michel Soubeyroux. Quant aux précipitations, elles « tombent au mauvais moment et d’une manière trop intensive », a souligné Nicolas Hulot, imputant ce désordre au changement climatique.

Le plan de gestion de crise de l’eau sur lequel travaille le ministre de la Transition écologique va impliquer tous les acteurs concernés. A savoir ceux du monde agricole, de l’industrie, des collectivités locales et du milieu associatif, lequel est prompt à dénoncer un certain laxisme de l’Etat.

La fédération France Nature Environnement (FNE) vient de demander qu’il soit mis fin aux dérogations que les préfets accordent à leurs propres mesures de restriction.

Un lobbying effréné de la FNSEA

Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, a rencontré Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire le lundi 10 juillet 2017, pour "faire le point sur différent sujets d’actualité".

L’eau, les néonicotinoïdes, les états généraux de l’alimentation et les attaques de prédateurs étaient, entre autres, au menu de cet entretien.

À la sortie de l’échange, Christiane Lambert s’était montrée plutôt satisfaite : "On a senti [le ministre] très à l’écoute. C’est un homme de dialogue. Il a la volonté de travailler avec nous."

Elle s’était également félicitée que Nicolas Hulot ait mesuré que sur la question du climat, l’agriculture est "victime, responsable et solution".

Ils s’étaient engagés à se revoir régulièrement, sur une base trimestrielle, ponctuée par des rendez-vous mensuels avec les responsables de dossier.

La présidente de la FNSEA avait fait état de l’impact du changement climatique sur le monde de l’agriculture, qui "affecte [les] exploitations". "Nos entreprises n’ont pas de toit : la pluie, la canicule, tout arrive sur nos cultures."

Et avait proposé la mise en place d’un "package agriculture et changement climatique", avec deux volets : un premier de prévention, pour notamment "trouver des solutions contre le gel", en "réchauffant de quelques degrés les vignes et les vergers" et "[en stockant] l’eau, abondante en hiver" pour faire de l’aspersion contre le gel et lutter contre les sécheresses.

Ce premier volet serait accompagné d’un second de réparation, pour "assurer [les] cultures et mieux accompagner financièrement les agriculteurs".

"Depuis 2006, nous n’arrivons plus à construire de réserves d’eau à cause de différents blocages. Le changement climatique impose de raisonner autrement. Nicolas Hulot s’est montré attentif et nous avons promis de nous revoir pour mesurer les freins techniques, politiques et les besoins financiers", avait déclaré Christiane Lambert en évoquant le "sujet tabou" de l’irrigation, tabou dont "il faut sortir". "Les Espagnols stockent 21% de l’eau de pluie, la France, 5% : nous voulons nous adapter plus vite et mieux au changement climatique."

L’irrigation étant un sujet de discorde habituel entre la FNSEA et les précédents ministères chargés de l’environnement, Christiane Lambert avait appelé à modifier l’image de l’irrigation "dans un contexte de changement climatique où l’eau se fait plus rare".

La FNSEA a fait 54 propositions au gouvernement de simplification administrative sur de nombreux sujets.

"Le vrai frein au stockage de l’eau est administratif, a expliqué Éric Thirouin, élu de l’Eure-et-Loir en charge du dossier. C’est une machine qui empêche d’avancer, en décalage complet avec la loi sur l’eau." La fédération attend ainsi avec impatience le projet de loi sur le droit à l’erreur, en espérant que celui-ci s’applique aux sujets environnementaux.

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