Pas mal comme cadeau d’arrivée à Jean-Louis Borloo et NKM. A peine sont-ils dans les murs que le Medad publie un avis alarmiste des Conseils généraux des Ponts et du Gref et de l’Inspection générale de l’environnement. Développant le diagnostic d’un précédent rapport du 3 novembre 2004, nos grands corps n’hésitent pas à pointer du doigt la glorieuse hydraulique française, qui témoignerait « d’insuffisance croissante et très préoccupante des compétences techniques et scientifiques des agents dans les services et organismes de l’Etat, y compris au niveau des postes de responsabilité ou d’expertise ».
D’un côté c’est bien joué, puisque le Medad se voit doté de folles ambitions, autant y aller gaiement, et tirer le signal d’alarme en espérant rafler la mise.
De l’autre c’est un peu fort de café d’incriminer les corps et les agents de l’Etat, qui fonctionnent en sous-effectifs depuis des années, sans parler des moyens, qui ne cessent de s’étioler. Et ça ne va pas s’arranger avec le non-remplacement d’un départ en retraite sur deux…
L’affaire a donc tout d’un premier bras de fer avec Jean-Louis Borloo et NKM, dont il sera intéressant de suivre les réponses qu’ils vont apporter à ce coup de semonce…
(Une fois NKM rassurée sur le fait de savoir que la cantine de Segur est mi-bio..., et après que le camarade Directeur de l’eau l’aît assurée, façon J6M, que le niveau des nappes phréatiques allait "mieux que bien"...).
Une affaire, donc, qui trouve sa source dans différentes inspections réalisées à la suite des inondations de grande ampleur survenues ces dernières années, qui auraient fait apparaître que "l’état des compétences techniques et scientifiques en hydraulique des services de l’Etat concernés était insuffisant et en régression continue".
Du coup Mme Bachelot, alors Ministre de l’Ecologie et du développement durable avait demandé aux Conseil général des Ponts et Chaussées (CGPC), Conseil général des Eaux et Forêts (CGGREF) et à l’Inspection générale de l’environnement (IGE) de diligenter une mission commune afin d’établir l’état de ces compétences et de travailler à une analyse prospective permettant d’atteindre à moyen terme un niveau de performance accrue.
Un premier rapport remis le 3 novembre 2004 avait confirmé « l’insuffisance croissante et très préoccupante des compétences techniques et scientifiques des agents dans les services et organismes de l’Etat, y compris au niveau des postes de responsabilité ou d’expertise, pour toutes les missions relatives à vos compétences en matière d’eau ».
Le rapport formulait déjà des propositions pour remettre à niveau la qualité du service et la compétence des agents.
Mais compte tenu de « l’importance interministérielle du sujet », le CGPC, le CGGREF et de l’IGE ont ensuite proposé qu’un avis délibéré soit élaboré pour développer et compléter ces propositions en précisant les moyens nécessaires.
Cet avis délibéré par les trois inspections générales , daté du 19 mars 2007, présente 5 types d’objectifs et des actions à engager rapidement simultanément et sur plusieurs années pour remettre à niveau, maintenir et valoriser la compétence dans les services de l’Etat.
Au moins si une grave inondation survient ils pourront toujours ouvrir le parapluie : on vous l’avait bien dit :-)
commentaires
Bonjour ! Il y a un bug dans le code de votre site. La colonne contenant le texte fait un centimètre de large sur mon navigateur Mozilla (epiphany sous Linux Gnome). C’est donc totalement illisible.
Il faudrait peut-être essayer de passer à des colonnes de taille variable.
J’espère que vous le ferez car votre site est vraiment très intéressant !
Possible de remettre à jour les liens de l’article ? La nomination de Borloo aurait-elle entraîné le bouleversement du site du MEDAD ?
C’est quand même amusant de voir que ce sont les mêmes (CGGREF et CGPC) qui regrettent la disparition des compétences techniques au sein de l’Etat et qui en même temps font tout pour qu’elles disparaissent :
– départs en retraite non remplacés, donc perte d’expérience technique pratique et de connaissance de terrain, ces deux aspects étant d’ailleurs fort peu valorisés dans la progression des carrières, les qualités "managériales" leur étant largement préférées : en gros il n’y a plus dans les services que des gens qui savent "faire faire" mais plus personne qui sait "faire",
– tarissement des recrutements en formation initiale,
– affectation en sortie de formation initiale dans des services régaliens (donc principalement administratifs et non pas techniques) qui avaient certes besoin de personnel,
– moyens dérisoires en ce qui concerne la formation continue ou l’acquisition de logiciels informatiques et de données,
– disparition programmée de l’ingénierie publique (assurée par les DDE et les DDAF) qui permettait de mettre en pratique et d’entretenir la compétence technique...
L’Etat devra donc à moyen terme faire appel à des compétences "extérieures" qu’on ira chercher dans le privé à grands frais...
Et encore c’est le meilleur des cas : dans certaines situation dites d’urgence (inondations, tempêtes, etc qui devraient malheureusement devenir de plus en plus fréquentes) c’est carrément le privé, seul présent sur le terrain, qui se substituera à l’Etat pour assurer la continuité des services (AEP, électricité...).
Ecoutez déjà les spots d’info diffusés à l’occasion de tel ou tel coup de vent ou orage ici ou là qui font la promotion de la promptitude d’intervention(réelle il est vrai) de LDE ou VEOLIA...