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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Economies d’eau potable : le double langage officiel
par Marc Laimé, 19 février 2015

L’injonction forcenée à "économiser l’eau", immédiatement suivie de "pour sauver la planète", s’est imposée à tous depuis quelques années, avec la large gamme de slogans imbéciles qui vont avec, annonnés à tout bout de champ, du genre "Fermez le robinet avec vos dents". Derrière cette propagande forcenée, un double langage dissimulant l’obsession de préserver une rente indue... Et une tactique à courte vue qui ne répond aucunement aux défis du proche avenir.

Le ministère de l’Ecologie et les grandes entreprises privées distributrices d’eau potable ont choisi de pénaliser autoritairement les collectivités qui ne réduiraient pas les fuites dans les réseaux, alors que ces fuites proviennent d’un manque de renouvellement imputable aux mêmes entreprises, qui ont détourné pendant des décennies des milliards d’euros de “provisions” constituées à cet effet dans le cadre de contrats de délégation de service public (DSP).

Des dispositions réglementaires nouvelles, fruit d’un lobbying intense, veulent ainsi contraindre les collectivités locales à engager des travaux pour améliorer le rendement de leurs réseaux, faute de quoi elles seront pénalisées financièrement, via les dotations des Agences de l’eau, décidément accommodées à toutes les sauces... L’affaire passe si mal que la ministre de l’Ecologie (ce qu’il en reste) a du rétropédaler en catastrophe et décaler d’un an la date à laquelle ces sanctions devaient s’appliquer.

Dans le même temps, il ne faut pas tuer la poule aux oeufs d’or, les mêmes freinent la généralisation de la pose de kits hydro-économes qui, pour un coût moyen de 50 euros par foyer, permettent de réduire le montant de la facture de 30% par an (eau + énergie), soit une économie annuelle de 220 euros, equivalant à 50% du coût moyen annuel de la facture d’eau.

En témoigne la récente réponse ministérielle à la question d’un parlementaire.

In fine, cette structuration du débat fait totalement l’impasse sur la notion de gestion durable des services d’eau et d’assainissement qui, établissant un lien étroit entre les deux, par exemple l’impact de la diminution structurelle des volumes d’AEP sur l’équilibre des services d’assainissement (Barraqué et alii), amène à s’interroger tout-à-fait différemment. Ce qui témoigne, à nouveau, si besoin était, que la "question de l’eau" est décidément abordée n’importe comment dans le débat public...

La question de Michel Terrot, député (UMP) du Rhône, publiée au JO de l’AN le 15 juillet 2014 page 5942 :

« M. Michel Terrot appelle l’attention de Mme la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie sur l’intérêt de généraliser à tous les foyers les dispositifs permettant de réduire la consommation d’eau.

Plusieurs études montrent qu’une famille de 4 personnes peut réduire de 30 % sa consommation d’eau (de 150 m3/an à 100 m3) soit 50 m3 d’économie d’eau par an, tout en gardant le même confort.

Ces matériels d’économie d’eau pourraient permettre au final une économie moyenne (eau et énergie) de 220 euros par an, ce qui représente presque la moitié du montant moyen annuel de la facture d’eau des ménages, estimé à 434 euros par l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA).

Un rapide calcul montre que si les 26,3 millions de foyers français étaient équipés de ces dispositifs simples et peu onéreux - de l’ordre de 50 euros -, l’économie globale réalisée pourrait atteindre environ 684 millions de m3 d’eau par an, soit plus de 12 % de notre consommation totale d’eau potable, estimée à 5,5 milliards de m3 par l’Agence de l’eau.

Un projet européen, baptisé MAC eau (maîtrise de la consommation d’eau) est actuellement en cours sur la Gironde. Il vise à distribuer gratuitement 80 000 kits d’économie d’eau sur l’ensemble de ce département entre septembre 2013 et décembre 2014.

Compte tenu des économies très importantes que la généralisation de ces dispositifs permettraient de réaliser, tant au niveau des ménages qu’au niveau collectif, puisque cette eau non consommée n’aurait plus besoin d’être retraitée, il lui demande de bien vouloir lui préciser quelles mesures envisage le Gouvernement pour accélérer la généralisation à tous les foyers de ces systèmes de réduction de la consommation d’eau. »

La réponse du ministère de l’Ecologie,publiée au JO de l’AN le 23 décembre 2014, page 10710 :

« L’enjeu de la quantité de la ressource en eau est essentiel dans la politique de l’eau actuelle. Ainsi, afin de réduire les pertes en réseaux dues à la dégradation des canalisations, impliquant un accroissement des prélèvements d’eau dans le milieu, des mesures législatives ont été prises récemment pour engager les services publics de l’eau et de l’assainissement dans une démarche de gestion durable de leur patrimoine.

La loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 (loi « Grenelle II ») a introduit deux dispositions : l’obligation tant pour les services d’eau que d’assainissement d’établir pour fin 2013 un descriptif détaillé de leurs réseaux ; l’obligation pour les services de distribution d’eau de définir un plan d’actions dans les deux ans lorsque les pertes d’eau en réseaux sont supérieures au seuil fixé par le décret n° 2012-97 du 27 janvier 2012.

Une meilleure connaissance des réseaux devrait notamment aboutir à une meilleure anticipation des fuites à venir, et donc à une rationalisation des coûts y afférant.

D’après les données de l’observatoire sur le prix et la qualité des services d’eau et d’assainissement (SISPEA), la consommation domestique moyenne était, en 2011, de 54 m3. Cette valeur est stable par rapport à l’année 2010, malgré la multiplication des dispositifs de réduction de consommation.

Le ministère soutient très fortement l’utilisation de technologies économes en eau, notamment celles d’économiseurs d’eau et de chasses d’eau plus performantes. Les innovations dans ce domaine sont ainsi fortement encouragées et font l’objet de communications régulières sur le site internet du ministère.

Par ailleurs, les agences de l’eau prévoient des aides à destination des collectivités lorsqu’elles souhaitent réaliser des économies d’eau, notamment via l’installation de technologies économes en eau.

L’initiative lancée en Gironde dans le cadre d’un projet d’intérêt européen, afin d’apporter un nouvel éclairage sur les usages de l’eau, est intéressante. Un des volets de ce projet réside en la distribution, aux abonnés volontaires sur les territoires retenus, de kits hydro-économes. Si le projet retient l’attention de la ministre, il convient d’attendre que cette expérience soit plus aboutie avant d’en tirer des conclusions et de promouvoir la généralisation de ces dispositifs. Ce projet, débuté le 16 juillet 2012, se terminera le 31 décembre 2016. »

Et pendant ce temps-là une foule de petits malins s’engouffre dans la brèche...

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commentaires

1 Economies d’eau potable : le double langage officiel

l’eau potable... ça fait mal, très mal au porte-feuille, dans ma commune Louargat dans les côtes d’armor, ma facture a augmenté de 200%, oui vous avez bien lu : 200%.
parce que la commune n’a jamais fait l’investissement nécessaire pour mettre au norme l’assainissement et comme les subventions ont diminué, dos au mur, la commune a choisi de mettre à contribution les foyers raccordés pour financer les intérêts du prêts , propriétaire ou locataire : même tarif. Du coup, même si nous n’étions pas du genre gaspilleurs (à 4 on consommait 120m cube annuels), nous avons diminué notre consommation de 10% pour passer à 108m cube, tout comme d’autres foyers et comme il y a forcément moins de rentrée d’argent via la facture d’eau, la commune augmente les tarifs... elle est pas belle la vie ? Enfin, elle a tout de même créé des tranches tarifaires, tarif faible de 0 à 50m cube, modéré de 50 à 100 m cube et plein pot pour 100 à 200 m cube, qqsoit le nb de personne au foyer, cherchez la logique.
Ce qui au final donne un tarif (eau+ assainissement ) de 7€ par m cube, ça doit faire des envieux.

poste par rackam - 2015-02-19@17:18 - repondre message
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