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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Belgique : Veolia rallume la guerre entre Flamands et Wallons !
par Marc Laimé, 15 décembre 2009

L’affaire fait la Une de tous les medias Outre-Quiévrain, et y déclenche un énorme barouf : la gigantesque station d’épuration de Bruxelles Nord, construite et gérée dans le cadre d’un contrat de concession jusqu’en 2028 par une filiale de Veolia, Aquiris, est fermée depuis le 8 décembre 2009, à l’initiative unilatérale de Veolia, qui accuse le réseau d’égouts publics bruxellois de charrier des tonnes de gravats qui obstruent l’entrée de la STEP, l’empêcheraient de fonctionner et menaceraient la sécurité des personnels. Résultat, plus de la moitié des eaux usées de la région de Bruxelles sont directement rejetées, sans avoir été épurées, dans trois rivières flamandes la Schelde, la Senne et le Rupel.

Les dégâts écologiques sont déjà considérables et les groupes écologistes flamands sont sur les dents.

La Flandre s’apprête d’ailleurs à porter plainte contre la Région bruxelloise, annonce qui a déclenché un tir de barrage en forme d’accusations croisées…

En l’état, si le problème n’est pas résolu rapidement, la remise en route de la STEP pourrait se faire attendre durant plusieurs semaines, avec des conséquences environnementales dramatiques sur l’Escaut et la mer du Nord, et des conséquences politiques encore incalculables.

Car la station fonctionne à l’aide de bactéries qui, sans alimentation en eau polluée, pourraient disparaître d’ici quelques jours. Il faudrait alors reconstituer ce stock de bactéries, ce qui demanderait plusieurs semaines…

L’énorme station d’épuration des eaux usées de Bruxelles-Nord, située à Haren, est donc toujours à l’arrêt depuis le 8 décembre dernier, après la fermeture d’un collecteur intervenue dès le 25 novembre.

Pour M. Charles Lénès, administrateur d’Aquiris, filiale de Veolia, cet arrêt était nécessaire pour des raisons de sécurité. La station est équipée d’une chambre de sécurité pourvue de capteurs. Elle permet d’isoler la STEP en cas de présence de gaz, d’hydrocarbures et de toute autre substance à risques pour la sécurité des installations et du personnel.



Selon M. Lénès, il a été constaté que les vannes de cette chambre ne pouvaient plus être fermées en raison de la présence de plusieurs tonnes de gravats.

Un reportage réalisé par RTL TVI permet en effet de vérifier la présence de ces gravats à 18 mètres sous terre : des dizaines de m³ de briques, de parpaings, de câbles et de déchets en tout genre s’accumulent aux portes du collecteur de la station.

Des déchets qui proviennent du « réseau d’égouttage » (les égouts) bruxellois.

« La chambre de sécurité ne fait plus sa fonction de sécurité, et à ce moment-là nous sommes en contravention avec les règles du permis de l’environnement et nous devons prendre des dispositions pour assurer la sécurité des personnes d’abord, et la sauvegarde des équipements », s’est donc défendu M. Lénès sur RTL-TVI.

Se déclarant "scandalisé" par l’impact de cette situation sur l’environnement, M. Lénès déclare que le fonctionnement de la station n’est nullement en cause. Et renvoie donc la balle dans le camp de la Région bruxelloise. D’après Aquiris, la filiale de Veolia, la Région a été avertie à plusieurs reprises de ce problème d’afflux de gravats, mais le "concédant met du temps à réagir".

Pénalités

Les pénalités par jour de non-fonctionnement de la station sont très élevées pour l’exploitant (entre 100 000 et 130 000 euros). Aquiris en est déjà à 600 000 euros minimum. Mais il faut qu’Aquiris soit bien le responsable pour qu’ils aient à payer cette somme.



Bruxelles met en cause la responsabilité d’Aquiris

Cette fermeture est incompréhensible, rétorque-t-on à la Région bruxelloise. Aquiris doit entretenir sa station car c’est prévu dans le contrat de gestion. « Je pense qu’il est tout à fait normal que dans une ville d’un million d’habitants, il y ait un réseau d’égouts extrêmement important. Ce genre de gravats n’a rien d’anormal, d’ailleurs c’est prévu puisque toute centrale d’épuration a une fosse qui récolte en entrée de station ce type de débris. », a expliqué au micro de RTL Philippe Debry, le président de la Société Bruxelloise de Gestion de l’Environnement.



Evelyne Huytebroeck, la ministre bruxelloise de l’Environnement (Ecolo), va même plus loin et parle à demi-mot de mauvaise foi : « Leur argument qui est de dire que l’eau bruxelloise qui vient des égouts serait trop sablonneuse et amènerait trop de gravats, nous sommes désolés mais en tout cas elle n’est pas différente d’il y a quelques années quand ils ont construit cette station d’épuration. Donc ils le savaient. »

Le communiqué de la ministre bruxelloise de l’Environnement - 14 décembre 2009.

Evelyne Huytebroeck et Philippe Debry ont donc rejeté toute responsabilité de la Région dans l’arrêt de la station. Ils affirment que la présence de gravats est confinée sur une longueur de 25 mètres, et que rien n’empêchait donc Aquiris de les retirer comme ils auraient dû le faire. Mais ils se demandent si cet arrêt n’est pas plutôt lié à un ensablement mal anticipé de la partie de la station réservée au traitement bactérien, ce qui serait alors une responsabilité directe de l’exploitant.

Ouverture d’une information judiciaire





Le parquet de Bruxelles a fait ouvrir une information judiciaire pour déterminer les responsabilités dans ce dossier. Il a chargé la police fédérale de Bruxelles de l’enquête, en collaboration avec l’IBGE. Plusieurs auditions ont déjà eu lieu et d’autres sont prévues dans les jours à venir.
Le parquet dit aussi envisager de faire usage de sa compétence de saisir le président du tribunal de première instance, comme en référé, pour "faire cesser au plus vite le dommage grave causé à l’environnement par l’arrêt de la station".

La Flandre intente une action en référé… contre Bruxelles !





La ministre flamande de l’Environnement Joke Schauvliege (CD&V) annonçait pour sa part qu’elle intenterait le mardi 15 décembre une action en référé contre la Région bruxelloise et la Société Bruxelloise de Gestion des Eaux (SBGE) si la station d’épuration nord de Bruxelles n’est pas remise en service d’ici-là, a fait savoir la ministre.



La ministre flamande a précisé qu’elle avait adressé vendredi dernier une mise en demeure à la Région bruxelloise et à la SBGE. C’est en constatant ce lundi le différend entre Bruxelles et Aquiris, développe ci-dessus, que Joke Schauvliege a affirmé que selon ses informations, l’installation était en état de fonctionner.


La piste de l’accident industriel

On ne sait pas encore si la justice belge s’y intéressera, mais cette gigantesque STEP, dont l’attribution avait donné lieu à une guerre au couteau entre Veolia et Suez au début des années 2000, présente la particularité de mettre en œuvre un procédé « révolutionnaire » d’élimination des boues d’épuration. Si « révolutionnaire » qu’il n’avait auparavant été expérimenté que sous forme de prototype, dont la mise au point fut calamiteuse, à Toulouse… La gigantesque STEP bruxelloise signait donc le passage direct à l’exploitation industrielle en vraie grandeur du procédé miracle. Espérons que l’oxydation par voie humide n’est pas tombée en rade, sinon la sécession de la Belgique n’est pas loin…

Nouveau rebondissement le 17 décembre avec l’annonce par Aquiris de la "réactivation" de la station, au-delà des engagements contractuels de l’exploitant.

Trop aimable, Veolia...

Reste que des usagers demandent la republicisation de la STEP...

impression

commentaires

1 Belgique : Veolia rallume la guerre entre Flamands et Wallons !

Voilà ce qu’on appelle la preuve par l’exemple des dangers de la délégation de service public :-)

poste par Sueolia - 2009-12-15@18:43 - repondre message
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