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Barrages : la France des villages engloutis
par Marc Laimé, 31 mars 2019

Dans un ouvrage à paraître à la fin du mois d’avril, "La France des villages engloutis", Gérard Guérit (*) conte la genèse et la réalisation des projets de barrages les plus emblématiques, le combat et la nouvelle vie des habitants des 44 vallées françaises, noyées sous des lacs de barrage entre 1920 et 1990.

« Depuis les débuts de l’ère industrielle, les hommes rêvent d’énergies propres et renouvelables. Le 21ème siècle couvre les paysages d’éoliennes et de panneaux solaires, mais le 20ème, porté par la quête de la "houille blanche", a noyé vallées et villages sous des lacs artificiels. Les victimes se sont battues pour défendre leur environnement et leur mode de vie. Elles ont perdu.

Quatre périodes

Segmenté en quatre périodes : avant-guerre, années 1950, années 1960 et derniers grands projets, ce livre exprime la détresse de ces femmes et de ces hommes qui n’ont d’abord pas cru que l’on puisse noyer leur vallée, celle de leurs ancêtres, de leurs parents, de leur enfance.

Il raconte les résignations, les expropriations, les jalousies, les combats parfois violents, face à des compagnies d’abord privées, puis nationalisées en 1946 sous la bannière d’EDF.

À l’heure où l’État vise à réduire la part du nucléaire, il ne s’agit pas de remettre en cause ces ouvrages de génie civil qui fournissent depuis des décennies la plus grande partie de l’électricité d’origine renouvelable. Mais la construction de ces barrages s’est traduite par la disparition de vallées, de villages, de châteaux, de routes, de voies ferrées, de canaux, de ports
fluviaux, de carrières, de mines, d’activités diverses...bref par la disparition de toute une vie.

De l’agriculture au tourisme

L’auteur est allé à la rencontre de nombreux témoins de ces événements, il a également profité des vidanges décennales pour descendre au fond de vallées noyées. Certaines communautés ont disparu, d’autres en changeant de vie ont d’une certaine façon survécu à l’ennoyage, souvent grâce au tourisme naissant.

Gérard Guérit aborde dans le détail le développement de ce tourisme qui permettra une reconversion souvent très positive, même si l’on ne passe pas facilement du métier d’agriculteur à celui de loueur de bateaux !

Il reste que ceux qui ont connu leur vallée "avant" peinent à s’associer à l’enthousiasme du touriste qui découvre un lac et ses joies nautiques. Eux y voient d’abord une surface lisse et morte, et surtout en transparence la vallée de leur enfance, les villages, les routes, les voies ferrées et les champs disparus sous des millions de m3 d’eau.

De la nostalgie à l’avenir

Ce sont toutes ces sensations, à la fois historiques, nostalgiques et positives, que l’auteur nous transmet au travers de l’histoire de ces 44 vallées englouties. Chaque chapitre est enrichi de nombreuses photos et de cartes avant/après, qui permettent de visualiser rapidement l’emplacement des villages, des routes, des gares, des voies ferrées, des canaux, des usines et
même parfois des abbayes…, qui ont implacablement disparu sous les eaux de la production d’électricité.

(…)

1946 - L’Aigle, barrage de la Résistance

Implanté sur la Dordogne, le barrage de l’Aigle est connu pour avoir été un fief de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale…

Une partie du personnel de chantier ne porte pas l’occupant dans son coeur : prisonniers évadés, ouvriers espagnols et italiens [..] qui fuient le régime de Franco et de Mussolini. Le Massif central, couvert de forêts, est favorable à l’installation de maquis...

C’est au milieu de la guerre qu’André Decelle fait de L’Aigle un élément important de la Résistance. Ingénieur au service des grands barrages, affecté en Dordogne, c’est un résistant qui oeuvre sous le pseudonyme de "Commandant Didier" […] Son bataillon participera ainsi activement à la libération du Massif central…

1952 - Tignes : Qu’elle était verte ma vallée

Dans un environnement au climat difficile, les Tignards ont su tirer parti de leur riante vallée protégée des vents où serpente l’Isère... Cette rivière qui est leur force causera aussi leur perte.

Jusqu’à la mise en service du barrage au printemps 1952, la tension entre les Tignards, l’administration, EDF et les forces de l’ordre s’accentue. Le summum de l’horreur
est atteint lorsqu’il faut déplacer le cimetière, exhumer les défunts, dynamiter l’église et les maisons…

En ce début d’année 1952, la France entière suit pratiquement au jour le jour l’agonie de Tignes, les journaux, radios et actualités cinématographiques, ayant dépêché sur place un nombre
impressionnant de journalistes et de photographes…

1974 - Sainte-Croix : Le renouveau finira par dépasser le désastre

Au début des années 1970, le projet de Sainte-Croix voit revenir des luttes et des drames que l’on croyait oubliés depuis Tignes. L’extraordinaire plan d’eau que l’on connaît aujourd’hui renferme des souffrances qui ne sont toujours pas apaisées…

Ici aussi, on mettra du temps à croire au barrage. La destruction du village des Salles se fait dans la douleur. Les arbres sont abattus, les maisons sont détruites au fur et à mesure du départ de leurs occupants, l’église est dynamitée. Il faut y ajouter l’épreuve du transfert du cimetière, le décor verdoyant qui se transforme petit à petit en désert parsemé de ruines informes, et enfin ce lac immobile, à la fois beau et angoissant, qui recouvre de son linceul turquoise la vallée à jamais disparue… »

 La France des villages engloutis

Gérard Guérit

240 pages

Editions Sutton 37000 Tours

Prix public : 25 euros

Parution fin avril 2019

Gérard Guérit est journaliste, spécialiste de l’urbanisme, de
l’architecture, des grands aménagements et de l’énergie.
Il collabore à plusieurs revues professionnelles et spécialisées.
Il a publié, en 2009, La France des grands chantiers.

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commentaires

1 Barrages : la France des villages engloutis

plus on continuera d’humilier les agriculteurs dans leurs efforts en ne les rémunérant pas pour l’environnement, plus cela arrivera..... vendre des forêts pour mettre des éoliennes, est une opération financière sous couvert d’écologie !!!!! avec le trou générationnel d’installation agricole qui arrive les banques, les rapaces de toutes sortes se frottent les mains pour profiter de la mise à mort des exploitants ....
que l’on ne vienne pas me dire que confier le sol français aux " nébuleuses financières" qui sous couvert de soit disant faciliter l’installation ou de l’économie sociale et solidaire n’attendent que l’effondrement du monde des exploitants pour racketter le foncier des petits propriétaires qui ont participé aux défis réclam2S par le contexte de l’après guerre et cela, sans quasiment se faire rémunérer tant les loyers sont bas, quand ils sont payer !!!! vous devez le savoir ça, vous les citadins que les petits propriétaires ont fortement contribués sans rechigner au développement économique. Ils faut les respecter, et L’accepter...
confier à des inconnus non identifiés, via des parts sociales comme à terre de liens, terrafine etc... qui via des fondations bénéficient de 80 % de subventions publiques , donc fiscalement épargné, l’intégralité des sols français est une forfaiture..... ces fondations, exigent le transfert de propriété évidemment et ne la rétrocédera jamais évidemment.... c’est fondations se garderont bien entendu de travailler les sols de peur de se faire accuser de pollutions mais diront à nouveau aux exploitants de le faire, ils sont là pour ça.....en cas de crise majeure, ces nébuleuse financières en feront quoi ,,,, vendre au plus offrant ???
Pour arriver à ce que je vous dis , tous les moyens sont bons, y compris chez les donneurs de leçons soit disant vertueux de l’écologie, le pouvoir messieurs et mesdames ça corrompt !!!!... ils se reconnaitront, .....

poste par annedebretagne - 2019-03-31@11:08 - repondre message
2 Barrages : la France des villages engloutis

si vous voulez de l’environnement, commencez par rémunérer les petits propriétaires, l’agriculture est "déjà d’utilité publique" tant les prix sont bas.... c’était le défi que vous aviez réclamé vous les citadins, vous nourrir à petits prix, ce défi n’est plus d’actualité, c’est donc que vous avez les moyens d’en réclamés d’autres défis, alors paye pour l’environnement les petits et moyens propriétaires qui vont ont assurer des paysages, des aoc, aop, des chemins de randonnées, PREFEREZ VOUS DONNEr aux INDUSTRIES CHIMIQUES, BANQUES, SOCIETES D’ASSURANCES ou bien à des fondations aux éthiques de façades qui donne bonne conscience CONFIER LE SOL FRANCAIS A DES SPECULATEURS ????
identifier un petit propriétaire vous savez le faire avec vos appli qui frise la délation, mais identifier le proprietaire d’une nébuleuse comment ferez vous ????
réfléchissez y rapidement

poste par annedebretagne - 2019-03-31@12:13 - repondre message
3 Barrages : la France des villages engloutis

Préparée de longue date, la "Loi sur les Forces Motrices" (hydrauliques) date de 1919 !
Donc un an après 1914-1918, pour une seconde saignée de nos campagnes... et riants vallons...
Il fallait replacer la production d’énergie loin des frontières avec l’Allemagne, donc dans nos massifs montagneux (Alpes, Pyrénées, Massif Central) d’où l’essor des industries et ingénierie hydrauliques et hydro-électriques (Grenoble...)
La faute au "hareng de Bismarck" ?

poste par Jacques P. - 2019-04-3@15:04 - repondre message
4 Barrages : la France des villages engloutis

Dans la même veine (d’eau), il y a...

Armelle Faure et Adélaïde Maisonable, 2012. Bort-les-Orgues, les mots sous le lac. Récits et témoignages d’avant le barrage
aux éditions Privat.

https://journals.openedition.org/rga/1959

poste par Jacques P. - 2019-04-3@15:16 - repondre message
5 Barrages : la France des villages engloutis

Déjà présenté par Eaux Glacées : http://www.eauxglacees.com/spip.php?page=imprimer&id_article=1288

poste par Jacques P. - 2019-04-3@15:36 - repondre message
6 Barrages : la France des villages engloutis

Bravo à l’avance pour cette publication !
Je suis allée la commander chez mon libraire pour le lire dès sa sortie.
Il manquait un document d’ensemble sur toutes ces vallées englouties pendant le XX° siècle pour la Houille Blanche,
j’ai hâte de le lire
Armelle Faure, Anthropologue, spécialiste des populations déplacées par les grandes infrastructures, France, Afrique, Asie

poste par Armelle Faure - 2019-04-5@08:46 - repondre message
7 Barrages : la France des villages engloutis

Pour les témoignages directs autour des barrages du Sablier, du Chastang, de l’Aigle, de Marèges et de Bort-les-Orgues, vous trouverez :
« 100 témoignages oraux. La vallée de la Dordogne et ses 5 grands barrages »
Conception Armelle Faure, réalisation avec les Archives de la Corrèze et les Archives du Cantal, et EDF, novembre 2016.
Ce guide des sources présente les résultats d’une longue campagne d’archives orales menée sur 5 ans dans la Haute-Dordogne auprès des personnes déplacées (1ère génération) et leurs familles et voisins.
Témoignages directs de la seconde guerre mondiale, le barrage de Marèges occupé par la Wermacht, vu par Altero Betti fils d’une cantinière et résistant, la construction du barrage de l’Aigle par ceux qui y travaillaient, la résistance à deux pas des occupants autour de Decelle et de Coyne, l’engloutissement du village de Nauzenac, du monastère de St-Projet, qui existent toujours sous l’eau, par le lac du réservoir de l’Aigle, la construction du barrage de Bort-les-Orgues avec tous les villages engloutis et le chef-lieu de Port-Dieu. La description des difficultés de la vie des déplacés et de l’économie locale après la destruction du chemin de fer « le Parisien ». La construction du barrage du Chastang, avec la dizaine de villages engloutis. La survie du village de Spontour, aujourd’hui debout, vivant, le seul village qui demeure dans la Haute-Vallée de la Dordogne et qui ne veut pas disparaître. La construction du Sablier d’Argentat avec la destruction de l’auberge et de ses plages etc. Tous ces témoignages sont racontés par les habitants qui ont été « arrachés » à leurs terroirs de bord de Dordogne entre 1930 et 1957. Toutes les maisons sont nommées ainsi que leurs habitants de l’époque. La plupart, par attachement, sont restés à proximité, où ils n’ont pas tous prospéré, ceux qui ont été obligés de partir ont connu la désolation de la perte des liens familiaux et territoriaux. Tous témoignent avec émotion et sincèrement, la plupart pour la première fois. Elle ne sera pas oubliée leur vallée. Vous pouvez écouter (gratuitement) tous les témoignages aux archives de la Corrèze et aux Archives du Cantal. Plusieurs expositions sont en cours, ainsi que des pièces de théâtres, des romans et quelques articles. Amis journalistes, amis écrivains, voilà un matériau de première main en accès libre. Vous pouvez télécharger « 100 témoignages oraux… » sur le site des Archives de la Corrèze. Vous pouvez aussi me demander cette version numérique gratuitement par mail : Armelle.Faure@wanadoo.fr.

poste par Armelle Faure - 2019-04-5@08:50 - repondre message
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