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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
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Avenir du SEDIF : la foire d’empoigne
par Marc Laimé, 26 novembre 2008

On se croirait dans le dernier James Bond ! A l’approche du vote organisé le 11 décembre prochain, lors duquel les 142 délégués qui représentent autant de communes franciliennes au sein du plus important syndicat des eaux français et européen, régi par le leader mondial de l’eau, Veolia, depuis 1923, devraient se prononcer sur l’avenir de la gestion, publique ou privée, du syndicat, notre délirant feuilleton tourne à la véritable foire d’empoigne. Cette fois c’est Suez qui entre dans la danse et vient d’écrire aux 144 maires d’Ile-de-France concernés qu’elle se pose en challenger de Veolia ! * Pour couronner le tout, en bonne logique, le troisième larron, la Saur, déclarait à son tour à l’AFP être "potentiellement intéressé" par l’allottissement du marché de l’eau Ile-de-France. Les grands fauves ont soif, ça va saigner...

La situation était déjà des plus confuse. Résumons pour les aficionados de notre feuilleton.

M. Santini et la majorité du bureau du SEDIF vont proposer aux délégués le 11 décembre prochain de voter en faveur d’une « régie intéressée rénovée », qui pérenniserait à l’évidence la rente de situation colossale de Veolia, puisque même à l’issue d’un appel d’offres, le « sortant », qui est le seul à maîtriser parfaitement le dossier, l’emporterait à peu près à coup sur, quitte à consentir des « rabais » d’importance pour emporter le morceau.

La gauche minoritaire, de peu, prône une gestion publique du SEDIF, dans un contexte où nombre de collectivités françaises, dont Paris, ont, ou s’apprêtent à engager le mouvement de retour vers la gestion publique.

Le groupe PS a affirmé de manière catégorique qu’il refuserait la proposition d’une "régie intéressée rénovée", défendue par M. Santini et, par hypothèse, une partie de sa courte majorité.

Le groupe Communiste et partenaires, affirmant lui aussi son intention de rejeter la proposition de M. Santini, opte lui, pour l’heure, ça peut encore changer, pour une « régie avec marchés publics », cadre dans lequel les entreprises privées se voient confier des missions plus ou moins importantes. Par hypothèse, cette option pourrait conduire elle aussi à la pérennisation de la rente de situation de Veolia.

Noter que la « régie intéressée rénovée » défendue par M. André Santini est l’option qui a été la plus critiquée, y compris par le groupement d’études mandaté par la SEDIF pour préparer le choix du futur mode de gestion...

Et désormais, coup de tonnerre dans un ciel déjà orageux, Suez attaque !

Il est vrai que l’aggiornamento historique entre les deux grands groupes semble pouvoir être fragilisé par l’obligation qui leur est faire de « décroiser » un certain nombre de leurs filiales communes, précisément celles de Marseille, Lille, Saint-Etienne et Versailles, comme le relataient Les Echos du 25 novembre 2008.

Accessoirement on se demande d’ailleurs bien comment ce fameux "décroisement" va pouvoir s’effectuer compte tenu de l’épineuse question des "provisions pour renouvellement", qui ont été englouties, au détriment des collectivités et des usagers du service public de l’eau, par ces fameuses filiales, à l’image de leurs maisons-mères...

Donc, Suez attaque et clame urbi et orbi son intention d’œuvrer à un « allotissement » de l’énorme contrat du SEDIF.

Le marché serait donc découpé en plusieurs lots, qui feraient chacun l’objet d’appels d’offres distincts.

On peut imaginer deux types d’allotissement. Par fonction, en séparant production, distribution, facturation... Ou par répartition géographique, en répartissant l’actuel territoire du SEDIF en plusieurs sous-ensembles géographiques, solution que privilégie Suez, forte de ses bastions déjà détenus en lisière de l’actuel territoire sous la coupe de Veolia.

Une option que Suez n’a pas hésité à présenter aux millions de Franciliens concernés, par le biais d’un quatre pages payé par l’entreprise, diffusé à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires, sous forme d’encart dans le quotidien gratuit "Vingt minutes" du 26 novembre 2008...

Astucieux, car cette option, si elle a été rejetée par le groupement de bureaux d’étude qui a étudié les différentes options de mode de gestion futur du Syndicat, emporte l’assentiment, tant du Conseil de la concurrence que de l’UFC-Que Choisir...

Le bateau tangue donc sévèrement. Très sévèrement même puisque le bureau a du en catastrophe le 7 novembre dernier revoir les modalités de l’accord-cadre qui accordait une rémunération somptueuse au groupement de bureaux d’études mandaté par le SEDIF pour analyser son futur mode de gestion...

(...)

(Le bureau)

 a modifié́ la délibération n° 2008-29 du 15 février 2008, relative à la réévaluation de l’enveloppe budgétaire pour le choix d’un nouveau mode de gestion, afin de préciser à la demande du Trésorier Principal, que cette enveloppe budgétaire de 3 M€ H.T. est bien affectée à l’accord-cadre n° 2007-16 et à ses marchés subséquents ainsi que, le cas échéant, à d’autres marchés susceptibles d’être passés conformément aux procédures prévues par le Code des marchés publics, dans le cadre du projet de choix, puis de mise en oeuvre d’un nouveau mode de gestion"

Au vu des péripéties innombrables qui ont jalonné notre saga, il est désormais fortement à redouter que Suez, qui estime en "off" la rente de Veolia à 75 millions d’euros net d’impôts, se montre enclin à user de tous les recours imaginables pour défendre ses prétentions.

Le piège se referme sur le Syndicat, son président et Veolia.

En témoignent les propos de M. Santini, recueillis par les Echos dans l’article précité, déclarant qu’il se plierait si besoin était aux recommandations que pourrait formuler le Conseil de la concurrence...

Cerise sur le gâteau, et rebondissement prévisible à ce stade, Saur, le troisième larron, entre à son tour dans la danse !

En atteste une dépêche de l’AFP du vendredi 28 novembre 2008, annonçant que la Saur se déclare elle aussi « potentiellement intéressée par le marché de l’eau de l’Ile-de-France...

Troisième acteur du marché de l’eau en France, le groupe Saur dessert 6.700 communes, 5,5 millions de consommateurs et gère 3.600 stations d’épuration et d’eau potable. Il revendique une part de marché comprise entre 11% et 12% sur le marché de l’eau en France.

Ses plus gros contrats en France sont les villes de Nîmes (149 000 habitants), Royan (17 000 habitants) et Saumur (30 000 habitants).

Interrogé sur une éventuelle division du marché de l’Ile-de-France en plusieurs lots, comme le suggèrent le groupe Suez Environnement et l’association UFC Que Choisir, le porte-parole de la Saur a estimé que "multiplier les lots" était "quelque chose de sain pour l’ensemble du métier car les monopoles ne sont jamais très bons".

Le retour en gestion publique directe du Sedif apparaît donc bien comme l’unique formule à même de soustraire un service public vital aux appétits des grands fauves qui se déchaînent comme jamais.

* Outre les 142 communes membres du Syndicat, deux autres y sont liées par une convention spécifique, ce qui explique les chiffres de 142 et 144 communes qui reviennent régulièrement dans le débat.

Le prix du M3 d’eau dans les communes du SEDIF, applicable au 4ème trimestre 2008

SEDIF, le dossier d’Eaux glacées

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commentaires

1 Avenir du SEDIF : la foire d’empoigne

Là, c’est tout simplement énorme !

Déjà, avec Véolia, le conflit d’intérêt était patent avec un premier vice-président du SEDIF (Christian Cambon, Sénateur Maire de Saint Maurice - 94) qui accueille sur sa commune le siège de Véolia Water Eau et Technologie, et de filiales de Véolia (OTV...)
Dans un livre-enquête sur le sénat paru en septembre, il est rebaptisé le "sénateur de l’eau" de Saint Véolia...

Mais là avec Suez, on frôle la collusion : le troisième adjoint aux finances et à l’audit de Mr Cambon à Saint Maurice (pardon, Saint Véolia) est responsable des relations extérieures à Suez, et également vice-président de la FP2E (Fédération Professionnelle des Entreprises de l’Eau), sorte de lobby des eaux.

Il va être difficile de dire que le processus de décision engagé par Mr Santini est limpide comme de l’eau...
La précipitation pour faire voter les délégués du SEDIF sans étude préalable et sérieuse sur les différentes options possibles prend tout son sens sous ce nouvel éclairage...

poste par Le veilleur - 2008-11-26@15:30 - repondre message
2 Avenir du SEDIF : la foire d’empoigne

La Saur, 3eme société de l’eau et de l’assainissement avalée par une petite pme provinciale appartenant à Joel Séché grace à l’aide de la CDC.

poste par ottokar - 2008-11-29@19:58 - repondre message
3 Avenir du SEDIF : la foire d’empoigne

Et la CDC petit actionaire également de Suez et de Véolia.
Pour compliquer, la CDC est aussi propriétaire de Alteau et pour conclure la CDC vient de racheter Route et Eau, également petit distributeur.
Limpide comme fonctionnement.
Il ne faut pas passer en régie le Sédif mais la France entière : Nationalisation du marché de l’eau. Encore quelques Millards d’€ et la CDC serra majoritaire partout...

poste par X - 2008-11-30@18:57 - repondre message
4 Avenir du SEDIF : la foire d’empoigne

Bonsoir

La "caisse des dépots et consignations" (CDC) est la dernière institution financière publique significative, elle sert beaucoup de "bras armé de l’Etat" dans le monde financier.

Dans le cas de la SAUR, elle est (avec Axa) le principal "chevalier blanc" de SECHE ENVIRONNEMENT pour éviter le rachat d’une des "3 soeurs" par la banque australienne MACQUARIE ou un autre fond étranger. SECHE est une très grosse pme spécialisée dans les déchets.

Dans le cas d’ALTEAU, il s’agit bien d’une filiale à 51% agissant sur les départements 63, 01 et 42 avec une cinquantaine de salariés en propre. Dans le 63, Alteau est associé à la SEMERAP. Cette société d’économie mixte (d’environ 100 salariés) a pour actionnaires privés : la CDC (15%), la caisse d’épargne locale (2%) et le personnel (4,5%). Le reste de l’actionnariat étant public (communes...).

Dans le cas de ROUTE ET EAUX (pme de Yerville agissant sur les département 76 et 27), la CDC n’est pas majoritaire. R&E a été repris par la STGS (pme d’Avranches (50) active sur tout le nord-ouest du territoire) qui ne dépend ni des trois soeurs, ni de la CDC.

La CDC est certes impliquée dans la majorité des "sociétés d’économies mixtes" des eaux, mais aussi dans un encore plus grand nombre d’entreprises (extérieures au secteur des eaux). la CDC ne cherche pas à monopoliser l’eau (ou alors avec tout le reste des entreprises francaises).

La Saur fait acte de candidature pour le contrat du SEDIF, nous verrons si d’autres candidats (étrangers) attaquent aussi. Ca deviendra alors interressant pour la bataille et pour le consommateur (si la régie n’est pas retenue).

poste par Un pro-régie réaliste travaillant dans les eaux - 2008-12-1@20:17 - repondre message
5 Avenir du SEDIF : la foire d’empoigne

M’ouais. Rappelons quand même (pour ne prendre que quelques exemples) que la caisse des dépôts a permis à un pool bancaire (français) de faire une plus value énorme à ceux qui avaient repris Saur à Bouygue (lui pour financer ses velléités téléphonicomobiles), ce deux ans plus tôt. Elle a permis aussi à Lagardère d’avoir gagné beaucoup sur la vente de ses actions EADS juste avant que le cours de l’action ne s’effondre etc... Tout ça avec le fric du SMICARD qui met trois francs six sous à la caisse d’épargne. La caisse des dépôts, bras armé de l’état dans le monde financier ? Sa vocation, c’est le le financement du logement social normalement, mais c’est vrai qu’il n’y a plus de besoins chez nous et qu’il est normal que le smicard contribue à la stratégie spéculative des champions du capitalisme. Joël Séché en a profité, de mémoire la caisse lui avait cédé auparavant Tredi ? Bref "petites collusions entre amis"...
On voit où tout ça nous mène !

Le bras armé ? Nicolas dépêche toi de sortir les chars !

Alain

poste par X - 2008-12-2@15:44 - repondre message
6 Avenir du SEDIF : la foire d’empoigne

La cdc a plusieurs vocations assurées par plusieurs filiales du groupe cdc. La gestion de l’épargne des particuliers sert avant tout au logement social, sauf si l’Etat actionnaire en décide autrement.

La Saur était aux mains d’un fond de pension américain. Le personnel a subi une gestion purement financière et aujourd’hui ressent un actionnariat plus industriel et plus respectueux.

Je ne me fait pas d’illusions sur le fait que la cdc et des industriels font de grasses affaires sur le dos des salariés. Mais je crois encore moins à la probité de l’Etat-UMP actionnaire.

poste par Alteau/CDC - 2008-12-2@17:29 - repondre message
7 Avenir du SEDIF : la foire d’empoigne

Fond de pension, oui. Américain ? Je ne crois pas mais ça ne change pas grand chose. Ça reste à fond perdu... sauf pour quelques rares privilégiés.
Un actionnariat plus industriel et plus respectueux de quoi ?... du cours de l’action. Respectueux... Là je pourrais vous en faire des pages sur les méthodes "respectueuses" de ceux là.... Je sais de quoi je parle mais bon ça devient tellement banal... que ça finirait par intéresser personne.

Alain

poste par X - 2008-12-2@20:51 - repondre message
8 Avenir du SEDIF : la foire d’empoigne

Effectivement PAI Partners est une filiale de Paribas (banque d’affaire francaise gérant beaucoup de "fonds").

Pour le "respect"
Si Alteau/CDC sous-entend que le patron ne traite pas son personnel comme une simple charge financière et un tas d’esclaves, alors le mot de "respect" peut malheureusement être évoqué (vu le niveau actuel de dégradation des conditions et des relations de travail).

poste par pro-régie réaliste - 2008-12-8@17:01 - repondre message
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