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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Algues vertes : la justice ouvre une enquête préliminaire après la mort d’un nettoyeur de plage
par Marc Laimé, 8 septembre 2009

La crise des algues vertes, désormais cruellement symbolisée par la mort suspecte d’un salarié d’une entreprise de transport le 22 juillet dernier, un accident qui a suscité une très vive émotion en Bretagne, a conduit les pouvoirs publics et le gouvernement à réagir fortement au cours du week-end. Une enquête préliminaire pour rechercher les causes de cette mort a été confiée le lundi 7 septembre 2009 par le Procureur de la République de Saint-Brieuc à la gendarmerie. Par le biais de deux interviews accordées à la presse nationale dimanche 6 et lundi 7 septembre, Mme Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, a annoncé que « Sur les algues vertes, la politique de l’autruche c’est fini ». Sur place les associations attendent que ces déclarations se traduisent concrètement, et se mobilisent derechef pour la grande manifestation qu’elles organisent le dimanche 27 septembre 2009 sur la plage de Grandville à Hillion, dans la baie de Saint-Brieuc.

La position des pouvoirs publics a changé du tout au tout en moins de 24 heures.

L’AFP et Ouest-France révélaient le samedi 5 septembre 2009 la mort suspecte le 22 juillet dernier d’un salarié d’une entreprise de transport qui avait été au contact d’algues vertes qu’il acheminait au centre de traitement de Lantic-Launay dans les Côtes d’Armor.

Elus et associations montaient immédiatement au créneau. En baie de Saint-Brieuc, la suspicion se faisait jour immédiatement autour du décès du chauffeur de camion qui avait transporté, à trois reprises, le 22 juillet, des algues vertes en décomposition des plages de Binic au centre de traitement de Lantic-Launay. Le certificat de décès avait conclu au malaise cardiaque. Une explication jugée insuffisante par les associations écologistes et les élus concernés par les marées vertes.

Les regards se tournaient dès lors vers la justice. « Je n’ai été saisi de rien », répétait ce samedi 5 septembre M. Gérard Zaug, procureur de la République de Saint-Brieuc, annonçant aux quotidiens Ouest-France et au Télégramme qu’il n’ouvrirait pas d’enquête de sa propre initiative. La Caisse primaire d’assurance-maladie s’intéresse aussi à l’affaire. « Elle peut saisir le tribunal d’instance pour demander l’autopsie de la victime », soulignait le procureur.

Mais dès le lendemain, dimanche 6 septembre, Mme Chantal Jouanno, secrétaire d’État chargée de l’Écologie annonçait, par le biais d’une interview dans le Parisien-Dimanche, une expérimentation pour le printemps.

Pour contenir la prolifération des algues vertes sur le littoral breton, « les autorités allaient expérimenter, dès le printemps, des opérations de ramassage en mer. Car l’urgence est de ramasser, les algues n’étant pas dangereuses lorsqu’elles sont fraîches ».

« C’est une solution que nous proposons depuis longtemps, répondra dès le lundi M. André Ollivro, porte-parole de l’association Halte aux marées vertes, interrogé par le Télégramme. Mais une solution curative. Cela ne résout en rien le problème de fond, à savoir la nécessaire réduction du taux de nitrates dans les bassins versants. »

Sans doute n’était-ce pas suffisant ? Mme Jouanno accordait une autre interview au quotidien Libération, publiée dans son édition du lundi 7 septembre : "Sur les algues vertes, la politique de l’autruche c’est fini" : " (...) Quant aux mesures de réduction des nitrates, dès lors qu’il s’agit d’un risque sanitaire, l’Etat doit se donner les moyens. D’abord en évitant que le cheptel augmente dans les élevages. Mais il ne faut pas se mentir, ça ne se réglera pas en deux ans.

Mme Chantal Jouanno se déclarait par ailleurs "plutôt favorable au retrait de l’appel que l’Etat à intenté contre les associations qui l’avaient fait condamner sur ce dossier, "sous réserve que cela ne relance pas un contentieux européen. Il ne faut pas mettre en cause non plus les efforts réalisés en dix ans."

Visé par un recours de quatre associations bretonnes de protection de la nature en 2004, l’Etat avait été jugé coupable en octobre 2007 de laxisme en matière de protection de l’eau par le tribunal administratif de Rennes, et donc responsable de la prolifération des algues vertes polluantes. Condamné notamment à verser 2000 euros de dommages et intérêts à l’association Eau et rivières de Bretagne, le ministère de l’Ecologie avait fait appel en décembre 2007…

Ouverture d’une enquête préliminaire

On apprendra quelques heures plus tard, le même lundi 7 septembre, que le procureur de Saint-Brieuc, contredisant les propos qu’il a tenus moins de 48 heures plus tôt, a ouvert une enquête préliminaire après le décès suspect fin juillet du salarié qui transportait des algues vertes…

"Je demande à la gendarmerie d’ouvrir une enquête préliminaire en recherche des causes de la mort", indiquait M. Gérard Zaug. Il s’agit "de déterminer s’il y a un lien entre le décès et les algues vertes", ajoutait-il.

Une décision prise « pour apaiser les inquiétudes de la population », justifiait dans la foulée M. Gérard Zaug.

L’enquête a été confiée à la gendarmerie de Saint-Brieuc.

Interrogé pour savoir si une autopsie judiciaire allait être ordonnée, le procureur répondait que « l’autopsie veut dire exhumation, c’est un acte grave. Il convient d’abord de demander à un expert si une autopsie pratiquée plus d’un mois après la mort peut apporter des réponses aux questions posées. »

Une éventuelle exhumation ne sera donc décidée que si des experts l’estimaient "médicalement utile".

Or la famille du défunt, qui n’a pas porté plainte, a fait savoir par voie de presse qu’elle s’opposerait à une autopsie.

Ceci lors même que, de son côté, la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) des Côtes d’Armor, qui a également diligenté une enquête au titre des accidents du travail, a remis à la compagne du défunt une demande d’autorisation d’autopsie pour permettre au service de Contrôle médical de se prononcer "sur le lien de cause à effet entre le décès et l’accident".


En attendant les résultats de l’enquête préliminaire, l’employeur du chauffeur a pour sa part préféré suspendre tout transport d’algues vertes, par mesure de précaution.

Halte aux marées vertes réclame la fermeture du centre de stockage des algues à Hillion

Les responsables de l’association ont pris la décision d’exiger cette mesure dès le vendredi 4 septembre dans la soirée, alors que venait de se révéler la suspicion d’un lien entre la mort subite du chauffeur de poids lourd à Binic et la nature de son chargement composé d’ulves en décomposition.

« Cette plate-forme de stockage donnait à peu près satisfaction en début de saison, parce que les algues étaient ensuite prises en charge par l’usine de traitement des Châtelets. Mais aujourd’hui, cette usine est saturée et la plate-forme dépasse sa capacité. Les bassins de rétention des eaux bouillonnent de fermentation. Les riverains se plaignent d’odeurs pestilentielles au point qu’ils n’ouvrent plus les fenêtres. L’un d’eux a même arrêté sa VMC, et un autre a raté la vente de sa maison à cause de la proximité des algues », assurait M. Michel Guillemot, président de l’association. 



« Halte aux marées vertes » demande aussi la démission de M. Dominique Duché, directeur du centre d’études et de valorisation des algues (Ceva) de Pleubian.

« Nous ne voulons pas que les algues vertes deviennent l’objet d’une nouvelle filière économique, mais qu’elles disparaissent », explique Michel Guillemot.

Les responsables de l’association vont écrire au préfet, au conseil général et à la mairie d’Hillion pour présenter leurs revendications.

« Il faut sans retard inscrire les algues vertes échouées et collectées dans la liste des déchets dangereux », proposait pour sa part l’association Robin des Bois dans un communiqué publié le 8 septembre 2009. L’association réclame notamment la création de filières fermées d’élimination, la protection de tous les acteurs de la filière depuis la collecte jusqu’au traitement, l’inventaire de tous les stockages non déclarés et non confinés ainsi que l’évaluation de l’impact pour la biodiversité, la pêche et le tourisme.

La région Bretagne revendique un droit à l’expérimentation sur la politique de l’eau

Face au fléau des algues vertes, la région Bretagne a de nouveau réclamé à la mi-août un droit à l’expérimentation sur la politique de l’eau, rappelait un communiqué du Conseil régional.

"Malgré les mesures mises en place par l’Etat, seule autorité compétente en la matière, la situation ne s’améliore pas".

Constatant que "la chaîne de décision ne fonctionne pas, que les maires concernés sont livrés à eux-mêmes", le conseil régional veut donc "innover" en jouant un "rôle de coordinateur sur son territoire".

Lire :

Les algues vertes, une pollution mortelle, encore sous estimée

Les eaux glacées du calcul égoïste, 24 août 2009.

Algues vertes : 300 bretons portent plainte

Les eaux glacées du calcul égoïste, 5 septembre 2009.

Algues vertes : mort d’un nettoyeur de plages

Les eaux glacées du calcul égoïste, 5 septembre 2009.

Algues vertes : la justice ouvre une enquête préliminaire après la mort d’un nettoyeur de plage

Les eaux glacées du calcul égoïste, 8 septembre 2009.

Algues vertes : des médecins bretons demandent à l’Etat de les aider à sensibiliser les populations exposées

Les eaux glacées du calcul égoïste, 9 septembre 2009.

Lire aussi :

Les algues vertes peuvent tuer

S-Eau-S, 5 octobre 2008.

Le dossier "Algues vertes" d’Eau et rivières de Bretagne

Le dossier du Télégramme

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